Charles Urbain Bricogne voit le jour à Paris, le 17 mars 1816. C’est le fils du négociant Alexandre Joseph Bricogne et de Jeanne Elisabeth Rosalie Lebel. C’est le petit-fils d’Athanase Jean Bricogne (1744-1820), maire du 6ème arrondissement de Paris, doyen des maires de Paris sous l’empire.
Il intègre l’École centrale de Paris et en sort en 1837 avec le diplôme d’ingénieur civil. Puis il commence par étudier et construire des roues hydrauliques. Il entre, en 1842, comme ingénieur du matériel à la Compagnie du chemin de fer Rive gauche. Celle ci exploite la ligne de Paris à Versailles rive gauche. Il passe en 1845 à la Compagnie des chemins de fer du Nord, avant même sa fondation officielle. Jules Petiet le nomme ingénieur, inspecteur principal du matériel.
Bricogne accompagne la croissance de la Compagnie du Nord. Celle ci n’a comme matériel roulant ni locomotive ni wagon en propre en 1846, mais en a 3 130 en 1848 et 62 000 en 1898. Bricogne est l’inventeur de plusieurs systèmes et permet de « grandes améliorations dans le service du matériel des chemins de fer ». Il crée notamment des dispositifs de freinage, de stabilité, de confort et de sécurité.
Il épouse, à Paris en 1853, Marie Thérèse Caroline Sarchi, fille de l’agent de change Philippe Benoit Sarchi et d’Adèle Victoire Pinta. Ils auront deux enfants : Alexandre Prosper Victor (1856-1945), centralien, inspecteur de la Traction aux Chemins de fer du Nord, et Adèle Julie Eugénie, qui épousera Marie André Petiet, centralien, inspecteur principal aux Chemins de fer du Nord.
Sa principale invention est un puissant type de frein, inventé vers 1852 et breveté en 1855, et auquel son nom reste attaché. Ce frein est basé sur le système Exter de frein à transmission, mais est amélioré. C’est le « frein Bricogne à contrepoids », ou « système Bricogne ». Ce frein est réputé pour sa puissance et sa rapidité.
La principale innovation technique est l’utilisation du contrepoids. Celui ci permet une pleine efficacité. Le frein étant armé en permanence, dans la locomotive, il est mis à la portée immédiate du mécanicien qui est le premier à voir le danger. Son déclenchement se fait en appuyant sur un appareil à déclic, qui libère le contrepoids agissant sur le levier d’un frein classique à sabot.
Perdonnet juge que ce dispositif est efficace et puissant, mais plus cher et plus encombrant que les freins existants. Par son action immédiate, il évite les multiples tours de manivelle et permet un fort gain de temps. Le frein Bricogne offre une sécurité qui autorise les grandes vitesses. C’est grâce à ce frein qu’on autorise les machines Crampton de la Compagnie du Nord, dès 1853, à rouler à 120 km/h.
Sur trois mille freins inventés à l’époque, le frein Bricogne est l’un des six à avoir eu un réel succès. Pour cette invention, lors de l’Exposition universelle de 1855, il reçoit la Légion d’honneur, pour s’être « particulièrement distingués dans le grand concours international ». Puis il met en place un mécanisme de double suspension et la rend plus confortable en isolant la caisse du châssis.
Il veille aussi de près à l’équilibrage des roues montées sur le même essieu. Bricogne crée un système d’échange de dépêches postales en gare sans arrêt du train. Il participe au développement d’un système de lubrification des essieux, la boîte Pomme de Mirimonde et Bricogne. À l’instigation d’Eugène Rouher, il installe dans les wagons un système de signal d’alarme.
Il invente aussi un mécanisme de sûreté pour les portières des wagons. Il se préoccupe également de l’hygiène et de la sécurité de ses employés. Pour mettre les ouvriers à l’abri de la poussière, il crée un système pneumatique d’enlèvement des poussières et de la sciure.
Il invente aussi une machine à battre les tapis. Puis il fait mettre au point un masque contre les poussières nocives et il en généralise l’emploi. Pour les fils de ses ouvriers, il met en place des ateliers d’apprentis et des cours du soir. Pendant le siège de Paris en 1870, il dirige la construction des carrosseries de guerre, comprenant notamment les affûts, les caissons et les forges nécessaires.
Il préside une des commissions du Génie militaire. C’est aussi un des fondateurs de la Société des ingénieurs civils de France. Par ailleurs, il est un des fondateurs, et vice-président puis président de l’Association des industriels contre les accidents du travail. C’est un des fondateurs et contributeurs de la revue le Génie civil. Il en devient administrateur en 1887, puis vice-président en 1893, et président du conseil d’administration de cette revue en 1896.
Il meurt en février 1898. Ses obsèques sont célébrées le 22 février en l’église Saint-François-de-Sales à Paris. Il repose avec Athanase Jean Bricogne (1744-1829), doyen des maires de Paris, Marie Prosper Bricogne (1790-1881), receveur des finances, Jules Bricogne (1825-1902), inspecteur général des Haras, Adolphe Bricogne (1825-1906), conservateur des Eaux et Forêts, Alexandre Prosper Victor Bricogne (1856-1945), ingénieur au Chemin de Fer du Nord, et son petit-fils, Charles Marie René Bricogne (1887-1917), avocat puis soldat mort pour la France.
Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (14 novembre 1855).
Sources : Moiroux (Jules) Guide illustré du cimetière du Père Lachaise, Paris, 1922 ; Geneanet ; Wikimonde ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2015-06-12.