Amélie Gabrielle Stéphanie Louise de Bourbon-Conti est la fille adultérine du prince Louis François de Bourbon-Conti (1717-1776) et de Louise Jeanne de Durfort (1735-1781), duchesse de Mazarin. Elle voit le jour le 26 décembre 1762, à Paris. Elle reçoit le titre et le nom de comtesse de Mont-Cairzain, anagramme de Conti et Mazarin.
Jean-Jacques Rousseau est son instituteur. Il lui enseigne entre autres tous les exercices militaires, le dessin, les mathématiques, la musique, le grec, le latin et l’italien. Entre 1766 et 1772, elle compose de la musique. Elle maitrise le violon, la harpe, la flûte, la clarinette, le cor, le flageolet et le piano.
Son père la mène souvent au Temple où il retrouve de nombreux intellectuels. En mai 1770, Stéphanie assiste au mariage du dauphin et de Marie-Antoinette. Elle y croise Louis XV, Madame Du Barry, le duc d’Orléans, le duc de Chartres et le prince de Soubise.
En 1773, son père veut la faire légitimer. Sa mère, la duchesse de Mazarin, craint que cet éclat ne dévoile le secret de sa faiblesse. Elle conçoit alors le projet de sacrifier sa fille en l’arrachant encore jeune à la tendresse de son père et au luxe de son enfance.
Alors qu’on doit la présenter au roi Louis XV, le 6 juin 1773, on lui fait savoir que sa mère veut lui procurer une partie de plaisir à la campagne. Elle part avec madame Delorme, son institutrice, pour un long voyage. L’institutrice la fait passer pour sa fille en la faisant appeler Anne-Louise Françoise Delorme et l’enferme dans le couvent Sainte-Marie de Châlons-en-Champagne (Marne).
Puis on fait parvenir au prince de Conti un faux extrait mortuaire de sa fille précisant qu’elle s’est tuée à la chasse en tombant de cheval. Ensuite, madame Delorme organise son mariage avec l’un de ses parents, Antoine Billet, futur procureur de Lons-le-Saunier (Jura). Comme Stéphanie n’a que 11 ans, on la marrie de force, après l’avoir droguée, le 18 janvier 1774, à Viroflay (Yvelines).
Son mari lui fait subir, pendant 12 ans, des tourments inouïs et la fait vivre dans une grande misère affective. Madame Delorme révèle à la princesse la machination ourdie par sa mère pour sa disparition puis meurt à l’automne 1780.
On la séquestre dix-huit mois dans une abbaye à Gray (Haute-Saône), sur l’ordre de son mari. Puis elle se réfugie pendant 15 mois à l’abbaye royale de Meaux (Seine-et-Marne). Là, elle parvient enfin à se placer sous la protection du comte de Provence dans un cloître près de Montmartre. Elle finit par obtenir de Louis XVI qu’il la reconnaisse comme sa parente et lui donne une pension de 37 000 livres.
Ses frères sont moins complaisants que le roi à son égard. Elle perd tous les procès qui l’opposent à eux pour faire reconnaître son hérédité. Stéphanie est aux côtés du roi, le 20 juin puis le 10 août 1792 lorsqu’on assiège les Tuileries. La révolution vient détruire toute sa fortune.
Pour subvenir à ses besoins, elle ne rechigne devant aucun travail. Elle va à Lons-le-Saunier (Jura), en 1793, pour y régler les formalités de son divorce. Mais Antoine Billet ne lui octroie quasiment rien.
Elle ne voit plus de salut qu’en servant les enfants du roi. Elle cherche donc à se faire enfermer au Temple avec eux. En août 1795, elle parvient à obtenir l’autorisation de rendre visite, chaque jour, à la prison du Temple à sa cousine, Marie-Thérèse, fille de Louis XVI et Marie-Antoinette.
Fouquier-Tinville ne la prend pas au sérieux, fort des verdicts des procès qu’elle a intenté à ses frères. C’est une chance pour elle puisqu’elle échappe ainsi à la guillotine. Mais le comité met fin à ces entrevues qui deviennent suspectes. On fait croire à Madame Royale que Stéphanie est frappée de folie.
En 1798, elle écrit Mémoires historiques de Stéphanie-Louise de Bourbon-Conti.
En mai 1799, elle grave sur une pierre du monument qu’elle a élevé dans sa maison aux mânes de son père l’inscription suivante :
« O mon père! Longtemps ma mort supposée empoisonna tes jours : vivante, tu pleuras sur ma tombe et je gémissais dans les fers. Hélas ! Depuis l’heure fatale où tu restituas à la terre ta dépouille mortelle, tu n’as pas cessé de vivre dans mon cœur. Que la nuit qui doit nous réunir est lente dans sa marche; l’univers abandonne ta fille ! Prisonnière et délaissée par sa patrie, tes mânes sont tout pour elle; ses larmes alimentent sa douleur et sa vie ; chaque jour elles baignent ce monument, taillé de ses propres mains, qu’elle consacre à ta mémoire. »
Sous l’empire, elle vit à Orléans (Loiret) où elle est parvenue à acquérir un bureau de tabac. Elle fait bâtir, entre le 2 août et le 29 septembre 1822, son propre monument funéraire et y fait graver l’épitaphe qu’on peut encore y lire.
Jamais Madame Royale, devenue duchesse d’Angoulême, ne cherche pas à la réhabiliter. Elle a pourtant tenté de faire appel à son soutien pendant la Restauration. Elle meurt le 21 mars 1825.
Extrait (de Vie privée du prince de Conti) :
«Avions nous tort, nous qui savons de source sûre qu’en 1761, la duchesse de Mazarin est en relations avec Conty et qu’elle prenait la poste pour l’aller voir à l’Isle-Adam, de dire, que les prétentions nobiliaires de Montcairzain ne sont pas dénuées de toute vraisemblance ?
Sources : Vie privée du Prince de Conti ; Geneanet. Date de création : 2007-11-27.