Marie Rosalie, dite Rosa, Bonheur voit le jour à Saint-Seurin (désormais inclus dans Bordeaux, Gironde), le 16 mars 1822. Elle est l’aînée de Raymond Bonheur et de Sophie Marquis. Son père est peintre. Elle passe une enfance heureuse entre Bordeaux et Quinsac (au château de Grimont, chez son grand-père adoptif). Sa mère enseigne la musique, son père, le dessin.
Elle exprime très tôt la virilité de son caractère, en vrai garçon manqué. La famille déménage à Paris en 1830. Son père, idéaliste socialiste, étant rentré chez les Saint-Simoniens, c’est sa mère qui prend en charge la famille. Mais celle ci décède en 1833. Rosa, contre l’avis de son père, va se consacrer à l’art, et tout particulièrement à la représentation des animaux, sa véritable passion.
Son père accepte finalement de lui donner ses premières leçons de dessin, de peinture et de sculpture. Il sera d’ailleurs, son seul professeur. Il lui fait lire de nombreux ouvrages, dont ceux de Lamennais, qui croit en l’existence d’une âme chez les animaux. Cela se traduira dans toutes les futures œuvres de Rosa par une attention extrême portée au regard des animaux.
En 1837, M. Micas lui commande un portrait de sa fille Nathalie, de santé précaire. C’est une rencontre magique pour les deux fillettes. Elles ne seront séparées que par la mort de Nathalie en 1889. Transgressant les interdits et les mœurs de son époque, elle mène une existence à contrecourant des conventions sans jamais faire scandale.
En 1841, elle expose pour la première fois au Salon deux tableaux animaliers : Deux lapins, et Chèvres. Après un séjour dans le Cantal en 1846, elle présente au Salon de 1847 Boeufs dans le Cantal. Celle ci lui vaut un grand succès et le marchand d’art Benjamin Tedesco lui propose de la représenter. Lors de son triomphe au Salon de 1849, elle reçoit une commande de l’état, Labourage nivernais, le sombrage.
Elle fait construire une étable rue d’Assas et y installe ses modèles, des animaux domestiques. Au Salon de 1853, le Marché aux chevaux lui vaut beaucoup d’éloges. Il est acquis par le marchand d’art londonien Ernest Gambard qui va la représenter à Londres et à New York.
Lors de l’exposition universelle de 1855, elle gagne la médaille d’or avec La fenaison en Auvergne, commande de l’état grâce au duc de Morny. En 1856, Ernest Gambart l’invite en Angleterre et la présente à la reine Victoria. En 1859, elle achète la propriété de By (Seine-et-Marne) où elle dispose d’un grand espace pour y installer de nombreux animaux.
Son immense talent lui fit pardonner sa vie personnelle. En privé ou à la campagne, elle s’habille en homme, ayant obtenu l’autorisation officielle de se « travestir » (soit disant pour raison de santé). Cette autorisation est assez rare et renouvelable tous les six mois. Nathalie Micas en a également une.
Mais si son comportement est certes celui d’un homme pour l’époque (elle fume des Havanes et monte à cheval comme un garçon), elle ne va pas choquer et lors de ses sorties dans le monde ou sur ses portraits « officiels », elle porte toujours une robe.
En 1860, abandonnant la vie parisienne, elle s’installe avec Nathalie Micas et sa mère, à By (Thomery), près de Fontainebleau. Elle vit dans cette grande propriété, entourée de toutes sortes d’animaux, dont des fauves. C’est là que l’impératrice Eugénie lui rend visite à en 1864 et l’invite à déjeuner au château de Fontainebleau avec l’empereur Napoléon III.
En 1889, peu après la mort de Nathalie Micas, le colonel Cody, le légendaire Buffalo Bill, vient diriger à Paris un spectacle à l’occasion de l’Exposition Universelle (West Wild Show). Le 15 octobre 1889, Anna Klumpke, une jeune américaine peintre, sert d’interprète entre Buffalo Bill et Rosa. Rosa fait ensuite le portrait à cheval de Buffalo Bill.
Anna et Rosa sont en contact pendant neuf années. Puis Anna Klumpke vient vivre avec Rosa, de 1898 jusqu’à la mort de cette dernière, le 25 mai 1899.
Anna Klumpke est la légataire universelle de Rosa et fait paraître ses mémoires en 1908. Rosa Bonheur est membre de la SPA fondée en 1845, par le docteur Etienne Paris. Les œuvres de Rosa Bonheur, conservées château de Fontainebleau dans deux salles dédiées jusqu’en 2014, sont désormais présentées dans le fumoir Napoléon III du château. L’atelier-château de By est resté en l’état.
Voici le jugement de Victor Hugo sur son œuvre :
« La hardiesse de ses conceptions est sublime. En tant qu’artiste créatrice, je l place au premier rang des femmes, vivantes ou mortes. Et si vous me demandez pourquoi elle domine ses semblables, par la majesté de son travail faisant taire tout détracteur, je dirai que c’est parce qu’elle écoute Dieu, et non l’homme. Elle est fidèle à elle-même. »
Rosa Bonheur repose dans la sépulture de la famille Micas, avec sa compagne, Nathalie Micas (1824-1889), et les parents de cette dernière, ainsi qu’avec Anna Klumpke (1856-1942), dont les cendres furent rapportées des Etats-Unis en 1948. Une grande exposition de l’œuvre de Rosa Bonheur a lieu en 2022, à Paris.
Œuvres :
- Le labourage nivernais (1849; musée d’Orsay), sa première œuvre importante et commande de l’état ;
- L marché aux chevaux (1853; musée de New-York) ;
- La fenaison en Auvergne (1855; château de Fontainebleau) ;
- L’immense foulaison du blé en Camargue (quasi achevée en 1899; musée des Beaux-Arts de Bordeaux)…
Merci à Mathilde Huet (Service des musées de France) pour son aide dans la rédaction de cette notice.
Distinctions : chevalier (11 juin 1865, décorée par l’impératrice et première femme artiste à recevoir cette distinction), officier (3 avril 1894) de la Légion d’honneur.
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2005-11-05.