Louise-Angélique Bertin voit le jour le 15 janvier 1805, au château des Roches (hameau près de Bièvres, Essonne). C’est la fille de Louis François Bertin, dit l’Ainé, directeur du Journal des débats, et de Geneviève Boutard, son épouse. Avec l’arrêt momentané de son activité de journaliste par la suppression de la presse indépendante en 1811 et de l’infirmité de Louise, atteinte de poliomyélite, son père s’occupe personnellement de l’éducation de l’enfant.
Sa mère, pianiste, lui enseigne sans doute l’instrument. Elle grandit dans un milieu artistique et littéraire. Son énergie est canalisée dans la peinture et la poésie ainsi que la musique. D’après une lettre envoyée par son frère, elle possède une certaine maîtrise de la musique à l’âge de quatorze ans.
Elle se forme en privé auprès de François Joseph Fétis pour le chant, ainsi qu’à la tradition des compositions de style italien. Pour le contrepoint, elle se tourne vers Antoine Reicha, qui est aussi le professeur de Berlioz et de Liszt. L’influence d’Antoine Reicha est probablement la plus prégnante, cette dernière portant par exemple sur l’emploi de carrures irrégulières, des modulations inattendues ou bien d’un usage important des instruments à vents.
Lors d’une représentation privée au château des Roches, en 1825, elle fait jouer son opéra Guy Mannering, inspiré du roman éponyme de Walter Scott. Cependant l’œuvre est considérée comme un travail d’apprentie compositrice, puisqu’elle n’a alors que vingt ans et n’a pas fini ses études musicales.
Ses œuvres principales sont un opéra-comique (Le Loup-garou) et deux opéras, Fausto (1831) et La Esmeralda (1836). En 1836, l’Opéra de Paris donne La Esmeralda, avec Marie Cornélie Falcon dans le rôle-titre. L’oeuvre n’est jouée que six fois. Les représentations sont houleuses à cause des querelles politiques dirigées contre le Journal des débats fondé par son père. De lus, le livret écrit par Victor Hugo à partir de son drame Notre-Dame de Paris est également sous le coup de la censure (d’où le changement de titre). Franz Liszt réalisera une réduction chant et piano de l’œuvre.
Néanmoins, elle ne jouit pas de la reconnaissance due à la qualité de ses compositions. C’est surtout en raison aussi de la condescendance des critiques envers une femme handicapée (à la suite d’une poliomyélite, elle se déplace avec des béquilles) qui voient dans ses compositions des « consolations à ses infirmités physiques » (journal Le Siècle). Mais Hector Berlioz, qui dirige les répétitions à l’Opéra, atteste dans sa correspondance des qualités musicales et des nouveautés harmoniques d’une œuvre qu’il qualifie de « virile, forte et neuve ». Si « l’opéra survole largement les productions lyriques de l’époque », l’échec de La Esmeralda détourne la compositrice de la scène.
On lui doit également, dans le domaine de la poésie, deux recueils de vers. La Gazette des femmes la cite comme femme de lettres et musicienne, citant ses trois principaux opéras, ses recueils de poèmes ainsi que quelques œuvres de musique de chambre et des mélodies.
Elle meurt le 26 avril 1877, à Paris. Elle repose avec son père, Louis François Bertin, dit l’Ainé (1766-1841), fondateur du Journal des débats, et son arrière petit-neveu par alliance, Charles Philippe Georges Patinot (1884-1945), avocat puis directeur du Journal des Débats.
Œuvres :
Opéras :
- Guy Mannering, opéra-comique en trois actes, livret de la compositrice d’après l’ouvrage éponyme de Walter Scott (créé à Bièvres, 1825) ;
- Le Loup-garou, opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Édouard-Joseph-Ennemond Mazères (créé à l’Opéra Comique, 1827) ;
- Fausto, opéra semi-seria en quatre actes, livret de la compositrice d’après Faust de Goethe (créé au Théâtre italien de Paris, 1831) ;
- La Esmeralda, opéra en quatre actes, livret de Victor Hugo d’après son roman Notre-Dame de Paris (crée à l’Opéra de Paris, 1836).
Autres œuvres musicales :
- Trio avec piano, op. 10 (éd. Schoenenberger, 1875) ;
- Six Ballades pour piano (1842) ;
- douze cantates ;
- cinq symphonies de chambres (inédites) ;
- L’Hirondelle (rêverie), mélodie sur des paroles d’Alphonse de Lamartine (1877) ;
- Reviens ! fantaisie pour piano sur une romance de M. L. M. (1878).
Poésies :
- Les Glanes, A. René (1842) – couronné par l’Académie française ;
- Nouvelles Glanes, Charpentier (1876).
Œuvres mises en musique :
- Si la mort est le but, pour contralto, par Charles Gounod (1866) ;
- Si la mort est le but, pour contralto, par Maurice Desrez (1921).
Hommages : Hector Berlioz lui a dédié la première version, pour chant et piano, de son cycle de mélodies Les Nuits d’été, op. 7, en 1841.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2024-07-10.