Hippolyte Bernheim, voit le jour à Mulhouse (Haut-Rhin), le 17 avril 1840. Il fait ses études à l’université de Strasbourg. Il soutient sa thèse de doctorat en médecine, intitulée De la myocardite aiguë, en 1867. La même année, il devient maître de conférences, toujours à l’université de Strasbourg, et s’établit comme médecin dans la ville.
Lors de l’annexion de Strasbourg par l’Allemagne en 1871, Bernheim opte pour la France et quitte l’université de Strasbourg pour l’université de Nancy, au sein de laquelle il devient professeur titulaire de médecine interne en 1879.
En 1882, il assiste aux travaux d’hypnose du docteur Ambroise-Auguste Liébeault, caractérisés par des suggestions autoritaires, et commence à les introduire dans son service d’hôpital universitaire. En 1883, Bernheim effectue des expériences sur les suggestions criminelles avec le juriste Jules Liégeois et le médecin Henri Beaunis.
Avec Liébeault, Liégeois et Beaunis, Bernheim forme ce que l’on a appelé l’École de Nancy, ou École de la suggestion, par opposition à l’École de la Salpêtrière de Jean Martin Charcot.
Extrait (de J. Carroy, Hypnose, suggestion et psychologie, PUF, 1991, p. 162) :
« En publiant en 1884 De la suggestion dans l’état hypnotique et dans l’état de veille, Bernheim popularise des contre-expériences qui ruinent les démonstrations de Charcot. »
Hippolyte Bernheim définit l’hypnose comme un simple sommeil produit par la suggestion et susceptible d’applications thérapeutiques. Il s’oppose donc à la définition de Charcot, qui voit en l’hypnose un état pathologique propre aux hystériques.
En 1884, il définit la suggestion comme « l’influence provoquée par une idée suggérée et acceptée par le cerveau », puis en 1886 comme une « idée conçue par l’opérateur, saisie par l’hypnotisé et acceptée par son cerveau ».
En 1903, il considère que l’on ne peut pas distinguer l’hypnose de la suggestibilité. Il déclare :
« la suggestion nait de l’ancien hypnotisme comme la chimie nait de l’alchimie ».
Il abandonne progressivement l’hypnose, soutenant que ses effets peuvent tout aussi bien être obtenus à l’état de veille que par la suggestion, selon une méthode qu’il désigne du nom de psychothérapie.
En 1907, dans Le docteur Liébeault et la doctrine de la suggestion, il propose le concept d’idéodynamisme, selon lequel « toute idée suggérée tend à se faire acte ». Bernheim met en lumière la notion d’effet placébo au cours de ses recherches sur la suggestion, dont le placebo constitue, avec l’hypnose, une des figures majeures (De la suggestion et de ses applications thérapeutiques, Bernheim H., 1886).
Hippolyte Bernheim et Liébeault reçoivent la visite d’Émile Coué en 1885, d’Auguste Forel en 1887, de Joseph Delbœuf en 1888 et de Sigmund Freud en 1889. Ce dernier traduit en allemand De la suggestion et de ses applications thérapeutiques, en 1888.
Dans les années 1890, l’influence internationale de l’École de Nancy est très importante, notamment en Allemagne (Albert Moll, Leopold Löwenfeld et Albert von Schrenck-Notzing), en Autriche (Richard von Krafft-Ebing), en Russie (Vladimir Bechterew), aux États-Unis (James Baldwin, Boris Sidis et Morton Prince), en Suède (Otto Wetterstrand) et en Hollande (Frederik Van Eeden).
Vers 1900, Hippolyte Bernheim est considéré comme le plus grand psychothérapeute d’Europe, mais, dix ans après, il est presque totalement oublié. Il devient sociétaire de la Société des sciences de Nancy le 5 mai 1873. Il décède à Paris, le 2 février 1919.
Publications :
- Des Fièvres typhiques en général, Strasbourg (1868) ;
- Leçon d’ouverture de clinique médicale, in Annales médicales de l’Est (1874, p. 175-185) ;
- Leçons de clinique médicale, Paris (1877) ;
- De la suggestion dans l’état hypnotique et dans l’état de veille, Paris, 1884, rééditions L’Harmattan (2004) ;
- De la Suggestion et de ses applications à la thérapeutique, Paris, 1886, rééditions L’Harmattan (2005) ;
- Recueil de faits cliniques, 1883-1886 (1890) ;
- Hypnotisme, suggestion, psychothérapie, études nouvelles, 1891, rééditions Fayard (1995) ;
- L’Hypnotisme et la suggestion dans leurs rapports avec la médecine légale (1897) ;
- Doctrine de l’aphasie, conception nouvelle, dans Revue médicale de l’Est (1906, 38, p. 657-72, 694-704) ;
- Le Docteur Liébeault et la doctrine de la suggestion (1907) ;
- De la suggestion, Paris, Albin Michel, 1916, rééditions L’Harmattan, coll. « Encyclopédie psychologique » (2007) ;
- Automatisme et suggestion (1917) ;
- L’Hystérie : Définition et conception, pathogénie, traitement, Encyclopédie scientifique, O. Doin et fils (1913).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2016-04-24.