Augustin Daniel Belliard nait à Fontenay-le-Comte (Vendée), le 25 mars 1769. Issu d’une famille obscure, Belliard fait ses études dans une petite ville du Poitou, lorsqu’éclatent les événements qui vont changer les destinées de la France.
Engagé volontaire en 1791, il sert comme aide-de-camp de Dumouriez à Grand-Pré, Sainte-Menehould, Jemmapes et Nerwinde.
Placé, à Jemmapes, à la tête des hussards de Bercheny, il enlève successivement plusieurs redoutes ennemies. Il conquiert sur le champ de bataille le grade d’adjudant-général. Mais ce début faillit être fatal à sa fortune militaire. Compromis par la défection de Dumouriez, Belliard est arrêté après le départ de ce général, transféré à Paris et cassé.
Sans doute, les sévérités révolutionnaires ne se seraient pas bornées à une destitution, si le jeune adjudant général n’avait immédiatement demandé à servir son pays comme volontaire. Il entre, en effet, dans le 3e régiment de chasseurs, et fait tout une campagne comme simple soldat. Cet acte d’abnégation patriotique le réhabilite dans l’estime du pouvoir ombrageux qui l’a frappé pour un crime qui n’est pas le sien.
On le réintègre dans son grade et le place sous les ordres de Hoche, qui le compte bientôt au nombre de ses plus braves et plus habiles officiers. Ensuite, sous la République comme sous l’Empire, la vie de Belliard n’est qu’une succession continuelle de faits d’armes. Par une faveur providentielle de sa destinée, il prend part à toutes les grandes guerres, combat sur tous les champs de bataille et partage tous les revers et tous les triomphes de la France.
En 1776, il fait sous Bonaparte la campagne d’Italie. Il se couvre de gloire à Castiglione, à Vérone, à Caldiero, à Arcole, à Saint-Georges, au passage du Larvis, à New-Marck, à Brixen et à Tramen. A Arcole, il a deux chevaux tués sous lui et est nommé général de brigade. A Tramen, il met en pleine déroute le corps autrichien de Landon. Partout il déploie une intrépidité et une intelligence qui lui méritent les applaudissements de l’armée et les suffrages de Bonaparte.
En 1798, il contribue, sous Championnet, à la conquête de Naples, de la Sicile et des États de l’Église. Ici commence la carrière diplomatique de Belliard. Envoyé extraordinaire près du gouvernement napolitain, il sait, par l’autorité de son nom, maintenir les conquêtes de son épée. Lors de la révolte de Rome contre les troupes françaises, il empêche Ferdinand de franchir la frontière pour appuyer l’insurrection.
Il accompagne Bonaparte en Egypte, contribue, en passant, à la prise de Malte. Il décide celle d’Alexandrie et combat héroïquement aux Pyramides, où, à la tête d’un carré d’infanterie, il reçoit la première charge des Mamelucks. A Banou, où, avec cinq cents hommes il détruit cinq mille Mecquais, Mamelucks ou Arabes.
A Sapht-Rachin, avec deux bataillons seulement, il défait plusieurs milliers de révoltés, et contraint Mourad-Bey à demander la paix. Le premier, il pénètre en Abyssinie et porte la gloire de nos armes jusqu’à Calafché. Il remporte avec Desaix la victoire d’Héliopolis, et marche avec douze cents hommes contre l’armée ottomane qu’il chasse de Damiette.
Assiégé dans le Caire par les forces combinées des Anglais, des Turcs et des Mamelucks, assailli par terre et par mer, il est aux prises avec une population nombreuse. Il obtient, par son énergie, une capitulation honorable, et ramène en France les troupes placées sous ses ordres. Rentré en Europe, il commande en Belgique où il laisse une grande réputation de justice et de loyauté.
En 1805 et 1806, il prend part aux campagnes d’Allemagne et de Prusse, en qualité de chef d’état-major de Joachim Murat. Il contribue à la victoire d’Ulm, et s’immortalise à Austerlitz, à Iéna, à Erfurth, à Lubeck, à Heiberg, à Hoff, à Ëylau et à Friedland. Employé ensuite à l’armée d’Espagne, il est nommé gouverneur de Madrid. Après la désastreuse bataille de Talavera, il apaise l’insurrection en se jetant seul au milieu de la population soulevée.
Belliard a le courage de suspendre, malgré les ordres réitérés de Napoléon, l’exécution du marquis de Saint-Simon. Il laisse à la piété de sa fille le temps d’obtenir la grâce de son père. Devenu major général du roi Joseph, il dirige toutes les opérations de l’armée péninsulaire et commande ensuite l’armée du centre. En 1812, il fait la mémorable campagne de Russie, et combat à Witepsk, à Smolensk, à Mojaïsk, avec sa valeur accoutumée.
C’est lui, qui, après la retraite de Moscou, rallie et réorganise, en Russie, la cavalerie française. Dangereusement blessé à Leipzig, il continue la lutte. Mais il a deux chevaux tués sous lui à Hanau et rentre à Mayence avec les glorieux débris de l’armée. Tour à tour major-général de l’armée, commandant en chef de la cavalerie, il dispute pied à pied le terrain aux alliés. Il reste jusqu’au dernier moment fidèle à l’empereur : il ne quitte Fontainebleau qu’après le départ de Napoléon pour l’île d’Elbe.
La renommée de Belliard est trop éclatante et la Restauration veut la rattacher à sa cause. Après le débarquement de l’île d’Elbe, il devient major général de l’armée que le duc de Berry doit opposer à Napoléon. Fidèle à ses nouveaux devoirs, Belliard accompagne, la famille royale jusqu’à Beauvais. Il ne rentre à Paris que sur l’ordre exprès de Louis XVIII. Affranchi de ses engagements, il accepte de Napoléon une mission auprès de Joachim Murat.
Mais quand il arrive à Naples, la ruine de ce prince est consommée. Rentré à Paris, il prend le commandement de l’armée de la Moselle. Après la seconde abdication de Napoléon, on lui retire son titre de Pair de France. Il languit alors six mois dans un cachot, sans pouvoir obtenir de juges. Cependant, en 1822, cet homme dont le sang a coulé dans cent combats est réintégré dans ses dignités.
Après la révolution de Juillet, le nouveau gouvernement le charge d’aller notifier à Vienne l’avènement de Louis Philippe. Il devient ensuite ambassadeur de France en Belgique et son intervention personnelle sauve Anvers prêt à succomber sous le canon des Hollandais. Le 28 janvier 1832, il tombe frappé d’une attaque d’apoplexie foudroyante, au moment où il sort du palais de Léopold.
Bon, intègre, juste et affable, la mort de Belliard n’est pas moins un sujet de deuil pour la Belgique que pour la France. On transporte sa dépouille mortelle à Paris et on la dépose au cimetière le 14 mars 1832.
Titres : pair de France (1814). Distinctions : chevalier de Saint-Louis (1814).
Hommages : Son nom est gravé sur l’Arc de Triomphe, côté sud.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2007-01-02.