Jacques Belhomme voit le jour le 17 juin 1737, à Mesnil-Conteville (Oise). Jacques Belhomme devient menuisier, mais vers 1765 il comprend qu’il est plus rentable de tenir une maison de repos que de faire des meubles. Il est le propriétaire de « la pension Belhomme », où il a fait bon s’abriter de la guillotine pendant la terreur révolutionnaire de 1793-94, et où nait la psychiatrie moderne avec la première expérience d’aliéniste de Philippe Pinel.
Extrait (de quoi ?) :
« Âpre au gain et opportuniste, il accueille contre rémunération un jeune handicapé mental qu’une famille aristocratique souhaite dissimuler. Réalisant le profit à tirer de cette activité, il achète en 1768, rue de Charonne, l’hôtel de Ventadour, célèbre pour ses bals du temps d’Anne-Marie Louise d’Orléans, « La Grande Mademoiselle » (1627-1693), duchesse de Montpensier.
Il y aménage des appartements et fait construire d’autres bâtiments, certains avec des barreaux aux fenêtres, sur un terrain de deux hectares dans un corps de logis au fond de la cours, on renfermait les aliénés dont l’état exigeait une surveillance sévère, les plus tranquilles occupaient des chambres sur le devant de la maison.
Une assez vaste cour, séparée en deux par une grille, servait de promenoir aux uns et aux autres. Sorte de succursales de la prison de La Bastille sous la royauté, ces « pensions bourgeoises », assez nombreuses à Paris, enferment sous prétexte de folie, d’authentiques malades comme des fils de famille trop dépensiers ou trop galants qu’on veut éloigner d’une vie licencieuse.
Des accouchements de grossesses non désirées y ont été aussi dissimulés. Le registre des entrées de la Maison Belhomme, obligatoire à partir de 1791, est le seul à ne pas avoir brûlé lors de l’incendie des archives pendant la Commune en 1871. Cette exception explique que l’on sache qu’en 1791, Belhomme hébergeait quarante-sept pensionnaires dont vingt-sept « fous », sept « imbéciles », quatre vieillards et des « hôtes de bonne volonté » c’est à dire « ayant eu ci-devant l’esprit aliéné mais jouissant présentement de la raison ».
Dix-sept sont des femmes dont plusieurs religieuses à l’esprit perturbé par la Révolution. Pendant les troubles révolutionnaires, ayant un statut laïc, les pensions comme celle de Belhomme, renommées opportunément « maisons de santé », sont autorisées à poursuivre leur activité.
Devenu le capitaine Belhomme de la compagnie Popincourt « au civisme exubérant », celui-ci propose d’accueillir dans son établissement, et compte-tenu de l’augmentation très rapide du nombre des prisonniers, les détenus « malades » des différentes prisons parisiennes et « des agités » de l’Hôtel Dieu.
A cette fin, il loue en 1793 l’hôtel de Colbert-Chabanais, contigu, pour s’agrandir et accueillir d’abord vingt pensionnaires supplémentaires puis plus d’une cinquantaine. La transformation de la maison de santé en prison, par arrêté du 6 août 1793 (19 thermidor An I), va entraîner une surveillance accrue des pratiques de Belhomme.
Car le seul critère de sélection qu’il emploie demeure la capacité de ses hôtes à payer une pension extrêmement élevée « le propriétaire de l’établissement, assez bon au fond, ne s’occupait pas plus de médecine que de politique. Sa sollicitude pour ses hôtes va plus loin : il s’appliquait à leur rendre la vie douce et les protégeait au dehors, tant qu’ils avaient le pouvoir et la volonté de lui donner beaucoup d’argent ».
Considérés comme des aliénés, bon nombre vont pouvoir échapper au Tribunal révolutionnaire et à la guillotine durant La Terreur. En réalité, ceux qui ne peuvent plus payer sont refoulés vers La Conciergerie, brève étape avant l’échafaud. Dénoncé pour ces pratiques le 22 décembre 1793 (2 Nivôse an II), il reste six mois seulement à la prison de Sainte-Pélagie.
Dès sa libération, favorisée par la chute de Maximilien de Robespierre (1758-1794) qui clôt La Terreur le 9 thermidor, il renoue aussitôt avec l’accueil de pensionnaires. En février 1795 (8 nivôse an III), la maison Belhomme libère le citoyen Desnos, dernier détenu du fait de la Révolution. Cette maison, « qui aux heures sombres avait été l’unique asile des plaisirs et des tendres aventures » redevient véritablement une maison de santé.
Le 17 juillet 1803 (28 messidor an XI) la préfecture de police désigne la maison Belhomme pour y placer les enfants vicieux des deux sexes à retenir pour correction paternelle. Devenu veuf, Belhomme épouse en 1798, à 61 ans, Agathe Chaniot (1782-1864), 16 ans, avec laquelle il aura quatre enfants, la dernière-née en 1812 alors qu’il fête ses 75 ans !
Il meurt le 16 septembre 1824, à 87 ans. Sa jeune épouse jouera un rôle important dans la diffusion de l’histoire romancée de la maison Belhomme, telle que son mari lui a contée, afin d’auréoler son comportement pendant la Révolution. ».
Sources : -. Date de création : 2016-02-22.