(Jean-Baptiste) Paul Beau voit le jour le 26 janvier 1857, à Bordeaux (Gironde). C’est le fils d’un capitaine de marine. Avec une licence de droit, il entre, en mai 1880, au cabinet du ministre des affaires étrangères, Charles de Freycinet. Puis il reste au ministère jusqu’en décembre 1888, sous différents ministres.
On l’envoie comme secrétaire de 3e classe à Rome (Italie), le 28 décembre 1888. Il rentre à Paris, en avril 1891, pour rejoindre le cabinet d’Alexandre Ribot, ministre des affaires étrangères. Il passe, en novembre 1892, chef de bureau du personnel du ministère.
A l’arrivée de Gabriel Hanotaux, le 31 mai 1894, il devient l’adjoint du chef de cabinet du ministre. Par ailleurs, depuis 1893, il fait partie de la « commission permanente du stage ». L’objet de celle ci est de valider les candidats à la diplomatie après leur réussite au concours. Il fait évoluer le profil des candidats : aux riches aristocrates conservateurs succèdent des professionnels méritants et républicains, comme lui même.
Nommé en juillet 1898 chef de cabinet du personnel, à l’arrivée de Théophile Delcassé aux affaires étrangères, Paul Beau renoue avec la diplomatie de terrain en mars 1901. On l’envoie alors en Chine comme ministre plénipotentiaire. Il y signe l’accord du 7 septembre 1901 qui prévoit officiellement la reprise des relations amicales entre les états occidentaux et la Chine, après le soulèvement des boxers.
Puis il devient, en octobre 1902, gouverneur général de l’Indochine. Conformément aux directive de Doumer, il administre directement l’Indochine et concède aux européens de territoires toujours plus étendus. Ce choix, qui favorise le développement économique, profite peu aux autochtones.
Paul Beau, soutenu par Delcassé puis Étienne Clémentel, ministre des Colonies à partir de 1905, cherche au contraire une politique d’association. Il tente de lutter contre les abus du système colonial et développe un réseau scolaire et sanitaire local, tout en recrutant des fonctionnaires autochtones.
Ainsi, en 1906, il crée une « mission permanente indochinoise » qui envoie quarante indochinois en France pour se former aux méthodes administratives. Ces innovations, modestes, soulèvent l’ire des élus locaux et des colons européens qui obtiennent son renvoi, en septembre 1908.
De retour en France, on l’envoie à Bruxelles (Belgique) pour y représenter la France. Là, son profil, laïc et célibataire, lui ferme la haute société bruxelloise, plutôt conservatrice et catholique. Puis on l’envoie à Berne (Suisse), en juillet 1911.
Lors de la première guerre mondiale, il intervient beaucoup dans la presse locale pour contrer la propagande allemande. Avec habilité, il a de bonnes relations avec les présidents successifs en garantissant à la Suisse un approvisionnement malgré le blocage des échanges du fait de la guerre.
En décembre 1915, Paul Beau joue de l' »affaire des colonels » pour, renforcer durablement la neutralité de la Confédération. En effet, prévenus tôt par le service de renseignement de l’ambassade, les français découvrent que deux colonels germanophones de l’état-major suisse apportent régulièrement aux attachés militaires autrichien et allemand des renseignements sur les troupes alliées, notamment russes. Le scandale qui éclate, bien exploité par les Français, éloigne définitivement tout risque d’alliance entre la Suisse et les empires centraux.
Après l’armistice, il siège, de 1921 à 1925, à la Société des Nations nouvellement créée. Par ailleurs, en même temps, Paul Beau est conseiller général du canton de Saujon (Charente-Maritime). Il meurt le 16 février 1926, à Paris.
Publications :
- Situation de l’Indo-Chine de 1902 à 1907, M. Rey, Saigon (1908).
Distinctions : chevalier (31 juillet 1894), officier (17 juillet 1900), commandeur (20 octobre 1909), grand-officier (21 février 1910) de la Légion d’honneur ; officier d’académie (juillet 1889).
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2023-04-07.