Bien décidés à barrer la route au socialisme révolutionnaire montant représenté par Jules Guesde, les cercles catholiques d’ouvriers, sous la houlette de Mme de Maillé, et avec la participation d’une illuminée Mademoiselle Couedon, organisent une collecte auprès des milieux aristocratiques de la capitale.
Dans l’après-midi du 4 mai 1897, c’est une foule élégante qui se presse à la vente de bienfaisance organisée par le Bazar de la Charité. Tous les grands noms de l’aristocratie parisienne sont présents. C’est dans un vaste hangar en bois situé rue Jean Gougeon, qu’on a aménagé dans un décor rococo, fait de décors en carton-pâte et papier, une rue médiévale reconstituée.
C’est une grande première pour un nouveau procédé : le cinéma. Le projectionniste, lors d’un changement de bobine, est gêné par la semi obscurité qui règne. Eloigné de toute source électrique, il décide de tenter de faire fonctionner le projecteur à l’aide d’une lampe à éther, il gratte une allumette, mais, sans faire attention à la présence du bidon tout proche.
L’incendie se propage immédiatement à très grande vitesse. En quelques instants, tout le hangar flambe. La panique qui s’en suit est indescriptible. Tous ces beaux messieurs frappent à coup de canne et piétinent allégrement les femmes et enfants qui tentent de sortir de ce piège.
La presse du temps stigmatise la lâcheté et la veulerie de bien des hommes du « monde ». Elle les qualifie de « chevaliers de la pétoche » et de « marquis d’Escampette » (sic). Cette même presse met en avant l’héroïsme des sauveteurs. La foule est rendue folle par la peur.
Les sauveteurs, de l’extérieur, assistent impuissants à la catastrophe. Les corps calcinés s’empilent les uns sur les autres. Le lendemain, on retire des décombres brûlés entre cent vingt et cent cinquante corps carbonisé. Parmi ceux ci se trouve la duchesse d’Alençon, sœur de l’impératrice d’Autriche, Elisabeth (Sissi).
Cet incendie frappe les esprits et jette un discrédit sur le cinématographe, freinant sa popularité naissante. Cette tragédie a eu pour effet des améliorations techniques très importantes, parmi lesquelles, la mise en place d’une seconde bobine enrouleuse.
Le duc d’Aumale, fils de Louis Philippe, meurt d’une crise cardiaque, le 7 mai 1897. Il vient d’achever une vingtaine de lettres de condoléances pour les familles des victimes. Il y a beaucoup de sépultures au Père-Lachaise qui renferment des victimes de l’incendie.
Sources : L’Illustration ; Le Petit Journal. Date de création : 2018-12-25.