Stanislas Baudry, fils d’un officier de santé, nait à Vieillevigne (Loire-Atlantique), en 1780. Il entame des études de médecine qu’il délaisse bientôt pour s’engager dans la « Légion nantaise ». Bien qu’il n’ait pas fait des études médicales très poussées, son dossier militaire le donne comme chirurgien de 3° classe. Il participe à la défense de Compiègne.
Le 10 avril 1814, il écrit au nouveau ministre de la guerre, le comte Pierre Antoine Dupont de l’Etang, pour l’assurer de son adhésion aux actes du gouvernement provisoire. Il commande à ce moment le 1er bataillon de la garde nationale de la Loire Inférieure. Pendant les Cent-Jours, il reçoit la légion d’honneur qui le roi lui retire à son retour.
Pendant la Restauration, il se retrouve colonel en demi solde à Nantes. Il achète alors une minoterie dans le quartier de Richebourg. Il y utilise la première machine à vapeur de la région. Cette machine produisant un grand volume d’eau chaude, il a l’idée d’ouvrir un établissement de bains tout à côté. Malheureusement, ces bains ne rencontrent pas le succès escompté. Serait-ce dû à l’éloignement du centre-ville ?
Qu’à cela ne tienne, Baudry crée le 10 août 1826 un service de voitures publiques reliant le centre de Nantes à Richebourg. Ces voitures prennent très rapidement le nom d’omnibus. Permettant le transport de seize passagers, elles sont toujours pleines mais les bains, eux, demeurent désespérément vides. Il ne faudra pas longtemps à Baudry pour changer son fusil d’épaule. Il ferme minoteries et bains pour se consacrer tout entier aux transports en commun.
Le 30 janvier 1828, le préfet de police Louis Marie Debelleyme (1787-1862) donne l’autorisation à Baudry d’ouvrir plusieurs lignes d’omnibus à Paris. Il en avait sollicité l’autorisation quelques mois plus tôt. Mais les prédécesseurs de Debelleyme l’avait rejetée car ceux ci craignaient que les lourdes voitures (tirées par trois chevaux de front) n’encombrent les rues étroites de la capitale.
Le 11 avril 1828, l’Entreprise Générale de l’Omnibus de Baudry met en service dix lignes à travers Paris. Le succès est immédiat pour d’évidentes raisons économiques. Car le prix de la course étant fixé à 25c, quel que soit la longueur du trajet. D’autres compagnies telles que les Dames Blanches, les Favorites ou les Citadines les imitent bientôt.
Les classes aisées aiment à s’encanailler en prenant l’omnibus. Mais ce moyen de transports est d’abord destiné aux classes laborieuses comme l’a bien précisé Baudry dans sa demande de concession. L’omnibus fera bientôt des émules à travers le monde, en commençant par Londres et New York. Malheureusement, victime de la concurrence (en 1830, 10 compagnies administrent 40 lignes à Paris), d’une gestion pas toujours heureuse et du terrible hiver 1829 qui fait grimper le prix du fourrage et tue les chevaux, Baudry se retrouve brutalement ruiné.
Quelques jours avant de se suicider, il rédige son testament, pour ses associés :
« Une fatalité épouvantable s’est attachée à cette malheureuse affaire, et j’ai le chagrin, l’indicible tourment après m’être ruiné d’avoir compromis la fortune de plusieurs de mes amis. Je leur en demande pardon, mille fois pardon et je les prie même de croire que je ne pensais jamais faire une chose hasardeuse. »
En février 1830, Stanislas Baudry se tire une balle dans la tête avant de basculer dans le canal Saint-Martin. Le drame a lieu quai de Jemmapes, devant les Écuries de l’Entreprise Générale de l’Omnibus, compagnie dont il est le directeur. Triste fin pour l’inventeur du premier réseau urbain de transports en commun.
D’où vient le nom omnibus ?
A Nantes, les voitures de Baudry partent de la place du Port-au-Vin (actuelle place du Commerce) devant la boutique d’un chapelier nommé Omnes dont le slogan est « Omnes Omnibus » (soit Omnes pour tous, jeu de mot en latin, Omnes signifiant « tous »). Les usagers prennent rapidement l’habitude d’appeler les voitures du nom de cet arrêt et le terme est officiellement adopté par Baudry en 1827.
Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (2 mai 1815).
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2005-08-30.