Jeanne (Louise) Beaudon nait en 1868. Elle est placée très jeune en pensionnat, elle est, à proprement, dit partie de rien. Sa mère, ombrageuse et acariâtre, la maltraite. Elle finit par contracter une maladie nerveuse qui la fait admettre à l’hôpital de la Salpetrière, parmi les patientes plus ou moins hystériques du célèbre Docteur Charcot. C’est une femme sensible et réservée. Mais, après une cruelle déception sentimentale, elle fait une crise suicidaire.
Entre deux états, elle se met à fréquenter le monde trouble et interlope de la faune de ces femmes mi-danseuses, mi-prostituées, entretenues au vu et au su de tous. Ces amazones levant haut la jambe, font trembler les hauts lieux de la nuit tels que le Furet, le Vachette, le Bal Bullier, le Chat Noir, etc. Amoureuse de la danse, elle n’a pas vingt ans quand elle découvre sa véritable vocation. A l’entrée de la fameuse rue du Caire, lors de l’Exposition Universelle de 1889, elle occupe le poste de caissière.
Selon ces dires, à l’époque, elle ne fréquente le Moulin Rouge que pour son agrément et son plaisir. C’est au Divan Japonais qu’elle joue ses premiers rôles. Elle est immédiatement remarquée et fait preuve d’un talent prometteur. Mais, un petit homme difforme, un soir, lui dessine sa première affiche en 1893, cela suffit pour qu’elle occupe pendant près de trente ans le haut des planches. Elle fait partie du « Quadrille Naturaliste » du Moulin Rouge.
Elle est le modèle préféré d’Henri de Toulouse-Lautrec. Contrairement à la Goulue et aux autres filles de la Belle Epoque, c’est une femme tout en finesse et en éducation, douée d’intelligence, c’est d’ailleurs elle-même qui commande ses propres affiches à Toulouse-Lautrec qu’elle admire beaucoup. Elle vit plusieurs années avec Alphonse Allais, elle manque même de l’épouser. Maurice Barrès lui-même lui voue une admiration sans borne.
Elle fait partie du patrimoine parisien et Montmartrois, indissociable de l’image du Moulin Rouge et de la Belle-Epoque. Sur le tard, elle écrit ses Mémoires, récit haut en couleurs qui parait la première fois dans le journal Paris-Midi, en feuilleton en 1933.
Jane Avril s’éteint en 1943. Elle repose avec son mari, l’affichiste et illustrateur Maurice Biais (1872-1926).
Sources : Ramiro (Erastène), Ramseyer (Denis) Mes Mémoires, de Jane Avril, ed. Phoebus, 2005 ; Caradec (François) Jane Avril au Moulin rouge avec Toulouse Lautrec, Ed. Fayard ; Wikipedia Date de création : 2006-02-18.