Charles Louis Gaston marquis d’Audiffret nait à Paris le 10 octobre 1787. C’est le fils de Louis Guillaume Joseph François, chevalier, marquis d’Audiffret, seigneurs de Layet, Passins, Tours (où la famille possède des châteaux) et Artas, colonel de cavalerie.
Il appartient à une famille de la vieille noblesse militaire dauphinoise et provençale. La Révolution ruine sa famille mais ses parents survivent. Son père quitte cependant le domicile familial parisien en 1798 pour le Dauphiné où il achève sa ruine. Le crédit obtenu plus tard par son fils lui évitera néanmoins la prison pour dettes.
Les relations de sa famille permettent cependant à Charles (et à son frère Florimond) d’effectuer une carrière de fonctionnaire qu’il va mener, par sa force de travail, aux sommets. Cette carrière leur permet de subvenir aux besoins de la famille et de soutenir leur mère.
Ces grandes difficultés financières du début de sa vie expliquent selon Michel Bruguière la grande rigueur financière dont il fait montre tout au long de sa carrière (Bruguière, 1984, repris en 2002, p. 5). Sous la protection de Mollien, Audiffret devient commis-surnuméraire à la Caisse d’Amortissement à 800 francs par an en 1805.
Le marquis d’Audiffret passe ensuite au ministère du Trésor en 1806 où par ses qualités, il gravit tous les échelons, devenant en une année sous-chef (1er décembre 1810) puis chef de bureau (12 décembre 1811). Il devient auditeur au Conseil d’Etat le 11 avril 1813. Il le quitte dès 1814, devient maître des requêtes en 1817, conseiller d’Etat en 1828 puis conseiller d’Etat en service extraordinaire de 1830 à 1848.
En 1814, en effet, le baron Louis devient ministre des Finances de la première Restauration. On reconnait les grandes compétences d’Audiffret et il accède au rang de directeur des écritures de la comptabilité publique (12 juin) puis de directeur de la comptabilité générale des finances (4 mars 1815).
Royaliste, il fait partie des très rares électeurs à s’opposer au plébiscite des Cent-Jours sur l’Acte additionnel aux Constitutions de l’empire (5. 700 « non » seulement inscrits sur le registre nominatif contre 1. 555. 000 « oui » et six millions d’abstentions). Il conserve cependant son poste pendant l’intermède.
Villèle fait de lui le « Premier commis des finances », c’est-à-dire le Directeur général du Trésor et de la comptabilité publique. Il s’appuie sur ses propositions pour rédiger l’ordonnance codifiant la comptabilité publique du 14 septembre 1822 ainsi que pour l’instruction sur le service et la comptabilité des comptables du Trésor du 15 décembre 1826.
Lorsque Charles X lui propose d’entrer à la Cour des comptes, il accepte. Il est nommé le 28 octobre 1829, s’assurant ainsi un poste de magistrat inamovible qu’il conserve trente ans. Il préside, en 1835, la commission chargée de réformer la comptabilité publique. Ainsi, il dirige la rédaction de l’ordonnance du 31 mai 1838, synthèse de toutes les réformes auxquelles il a contribué depuis 1814.
En 1840, il publie son Système financier de la France, réédité en 1854 et 1864, augmenté jusqu’à six volumes. C’est l’ouvrage qui lui vaut de rentrer à l’Institut en 1855, à l’Académie des Sciences morales et politiques, dans la section Politique, Administration et Finances que Napoléon III crée la même année.
Il est méfiant à l’égard d’une carrière plus politique qu’on lui propose car il craint de perdre son indépendance.
Puis, en 1837, il accepte d’entrer à la Chambre des pairs, car sa nomination est comprise dans une fournée où tous les dirigeants de la Cour des comptes sont concernés. Il devient sénateur sous le second empire en 1852 mais refuse les propositions ministérielles de Napoléon III.
Le marquis d’Audiffret est très souvent désigné comme rapporteur des lois de finances et des lois financières. Il peut ainsi surveiller l’application des réformes qu’il a inspirées au sein de l’administration des Finances et depuis son poste à la Cour des comptes. En 1858, il préside à nouveau la commission instituée par décret ministériel du 19 novembre 1858. Il produit ainsi un nouveau règlement général de la comptabilité publique qui devient le décret du 31 mai 1862.
Les trois ans et demi nécessaire pour cette simple révision s’expliquent par les autres charges occupées par Audiffret. Il refuse cependant de laisser à d’autres la charge de couronner l’œuvre de sa vie. Le décret de 1862 complète notamment le règlement de 1838 par des dispositions générales qui subsistent aujourd’hui encore.
En 1859, il quitte la fonction publique pour occuper la présidence du Crédit Industriel et Commercial qu’il contribue à fonder. Il s’y montre régionaliste, avec la création d’un réseau régional de filiales et non pas d’agences. C’est à l’opposé de l’hypercentralisation qui est défendue en matière de finances publiques.
Il meurt le 19 avril 1878, sans avoir présidé, du fait de son grand âge (90 ans) la nouvelle commission ministérielle instituée le 31 janvier. Celle-ci n’aboutira pas. Le règlement de 1862 survivra à Audiffret jusqu’à la réforme de 1962. Il repose avec Pierre Marie Gustave, marquis d’Audiffret (1827-1884), trésorier payeur.
Publications :
- Système financier de la France, 1863-1870 ;
- Souvenirs de ma famille et de ma carrière dédiés à mes enfants, 1787-1878, édition critique, Cheff, 2002.
Titres : pair de France. Distinctions : chevalier (1815), grand-officier (1847), grand-croix de la Légion d’honneur (1869).
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur) Date de création : 2006-02-26.