ALBONI Maria Anna Marzia, dite Marietta, Mme ZIEGER (1823-1894)
Italie

portrait par Alexis Joseph Pérignon, 1870 - Musée Carnavalet, Paris
Une des plus grandes contraltos de l’histoire de l’Opéra

Maria Anna Marzia, plus connue sous le nom de Marietta, Alboni, voit le jour le 6 mars 1823, à Citta-di-Castello (Ombrie, Italie). Elle fait ses études avec Bertinotti. Elle travaille personnellement avec Gioacchino Rossini pour apprendre ses rôles de contralto. Marietta Alboni débute à Bologne, Italie, dans le rôle de Climene, dans Saffo de Pacini.

On la considère comme le premier contralto au Covent Garden de Londres. C’est alors la rivale directe d’Ane Lind. Meyerbeer écrit pour elle la page de l’aria de ses Huguenots. Alboni chante le rôle de baryton de «Carlos» dans Ernani.

Elle épouse, en 1854, le comte Achille Pepoli, tout en conservant son nom de jeune fille pour la scène. En 1863 elle doit brusquement interrompre sa carrière musicale pour la première fois à cause de la grave maladie mentale de son mari. Ce dernier meurt en 1867.

A l’enterrement de Gioacchino Rossini (1868), elle chante avec Adelina Patti (1843-1919). Tamburini et Roncini, quant à eux, lui réservent certaines critiques. Marietta Alboni voyage aux Etats-Unis de 1852 à 1853. C’est l’une des plus grandes artistes de son temps. La presse française la considère comme irremplaçable. Du trio, composé de la Malibran, de Viardot et d’Alboni, cette dernière est sans contestation, la plus marquante.

Marietta Alboni, sait se retirer à temps, avant que l’âge et l’usure du temps ne lassent ses auditeurs. Quand sa voix s’estompe, elle quitte la scène et se retire définitivement. Elle vit dans l’aisance et l’opulence, possédant son propre manoir et une maison de campagne à Ville d’Avray (Hauts-de-Seine).

En 1877, elle épouse, en secondes noces, en l’église Saint-Pierre-de-Chaillot, à Paris, Charles Denis Zieger, capitaine de la Garde Républicaine.

Marietta Alboni décède le 23 juin 1894.

Sources : -. Date de création : 2006-07-10.

Photos

Monument

Inscriptions :

Achille Francesco Luigi Carlo, Conte PEPOLI, nato in Bologna il 17 Febrajo 1824, morto in Parigi il 10 Ottobre 1867.
Maria Anna Marzia, ALBONI-ZIEGER, née à Citta di castello (Italie), le 6 mars 1826, décédée à la ville cenerentola, à Ville d’Avray le 23 juin 1894.
Charles Denis ZIEGER, chevalier de la légion d’honneur, né à Paris le 3 octobre 1834, décédé à Paris le 15 septembre 1915.

(Sur une plaque de bronze) Discours prononcé par M. Poubelle préfet de la Seine, sur la tombe de Mme Alboni-Zieger, le 26 juin 1894.
Mesdames, Messieurs, Le préfet de la Seine ne vient point rappeler devant la tombe de Marieta Alboni le souvenir encore vivant des triomphes de la célèbre cantatrice sur les scènes lyriques de Paris.
C’est au nom de nos écoles, au nom des pauvres de nos hospices, que j’apporte ici l’expression d’une profonde gratitude envers la femme généreuse qui touchée des applaudissements de Paris, son pays de prédilection a eu la fière ambition, après l’avoir longtemps séduit par la beauté de sa voix, de se l’attacher pour toujours par la bonté de son cœur.
En se montrant libérale envers nous, Mme Alboni a pensé n’être que reconnaissance. Une âme noble et aimante croit volontiers s’acquitter quand elle donne.

J’ai, dit l’Alboni dans son testament, j’ai établi ma résidence en France, à Paris, en 1847, et dans toutes ces circonstances, j’ai trouvé dans cet adorable pays l’accueil le plus sympathique et la plus parfaite courtoisie. En un mot, comme femme et comme artiste, les français m’ont toujours traité avec les plus grands égards. Je veux donc leur en témoigner toute ma reconnaissance. A cet effet, je lègue à la ville de Paris  (Ce qu’elle lègue, c’est d’abord 100 000 francs, à l’assistance publique pour la fondation à perpétuité dans un hospice de Paris de lits réservés à ses compatriotes italiens.) (C’est ensuite 10 000 francs de rente 3% en pleine propriété à la ville de Paris destinés à être donnés chaque année sous forme de livrets de caisse d’épargne de 250 francs aux meilleurs élèves, garçons et filles des écoles primaires).

Mme Alboni a choisi à bon escient cette formule de libéralité. Elle nous y avait déjà habitués. De son vivant, j’avais eu la bonne fortune d’entrer en relation avec elle lors de l’inauguration de l’asile Rossini. Elle avait été très touchée de l’hommage rendu à son maitre, à son Dieu, et depuis lors elle m’adressait chaque année un souvenir de 2000 francs pour les répartir par livret de 50 francs entre les écoliers des 20 arrondissements de Paris.
C’est encore à la même destination que sont affectées les autres dispositions considérables que contient son testament.
Aux 10 000 francs de rente légués en pleine propriété, Mme Alboni ajoute la nue-propriété de 52 000 de rentes dont sa famille et son mari conservent l’usufruit.

La somme totale de 62 000 francs de rente en 3% français formant un capital de plus de deux millions sera ainsi employée à constituer 248 livrets de caisse d’épargne de 250 francs attribués aux meilleurs élèves dans chaque arrondissement.
Il est facile de pénétrer les sentiments de Mme Alboni : ils sont caractéristiques et tout à son honneur.
Elle n’a point entendue faire une aumône, c’est au titre de récompense, non pas au plus pauvre, mais au plus digne qu’elle a réservé sa libéralité.
En même temps qu’un stimulant à l’étude, le livret Alboni est un encouragement à l’épargne et comme la première amorce d’une petite fortune que l’assiduité au travail et l’économie viendront à bout d’édifier.
Mme Alboni, qui s’était faite elle-même, qui n’avait trouvé les moyens de cultiver ses dons naturels qu’à force de résolution et de persévérance, croyait à la toute-puissance de la volonté. Elle eut pris volontiers pour devise : aides toi et le ciel t’aidera. C’est aux vaillants comme elle que s’adressent ses sympathies et son généreux concours.

Ces jeunes gens, ces jeunes filles, pour entrer dans la vie sous le patronage et selon ses intentions sous le vocable d’Alboni n’auront à se réclamer de telle religion, de telle patrie, la seule preuve exigée est celle de leur ardeur laborieuse et de leur bonne volonté.
C’est à cette condition qu’Alboni, comme un génie tutélaire étend vers eux la main et leur montre la route.
L’Alboni a complété ses touchantes dispositions en léguant son portrait au musée Carnavalet. Mr Ziegler, son mari, mettra à nous le conserver quelque chose des soins affectueux dont l’a entouré les dernières années de celle que nous pleurons avec lui.

Le collège d’admirateurs et d’amis fidèles était bien dû à la noble et grande artiste, à la femme vaillante et généreuse que l’Italie féconde a produite, que la France hospitalière a accueillie et consacrée. Alboni en retour de notre admiration nous a donné tout son cœur et ses dernières paroles nous font entendre comme un écho des inspirations qui l’ont animé. C’est, nous dit-elle, en chantant et en pratiquant set art suprême consolateur entre tous que j’ai acquis toute la fortune que je possède et je quitterai la vie avec cette douce pensée d’en avoir disposé pour encourager et pour consoler.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 19 novembre 2024