Très jeune, c’est en dilettante qu’elle tire les cartes pour ses collègues et amies, mais, très vite, sa réputation va croître jusqu’à atteindre les plus importantes instances de son époque. C’est ainsi que la célèbre cartomancienne déclamera ses oracles à la défaveur de Saint Just et Robespierre à qui elle prédit l’échafaud.
Dans son officine, la pythie sans pitié recevra l’homme politique Paul Barras, le peintre Jacques Louis David, le politicien Jean Lambert Tallien, l’acteur François Joseph Talma, mais surtout Joséphine de Beauharnais. L’indélicate devineresse publiera même un ouvrage révélant les secrets de l’infertile impératrice. Tantôt vénérée, tantôt déconsidérée, Melle Lenormand a traversé tous les régimes, de Louis XVI à Louis-Philippe, et quelques passages en prison.
Elle meurt le 25 juin 1843. Ses obsèques sont grandioses, nefs tendues de blanc, char à quatre chevaux caparaçonnés, cent pleureuses défilèrent avec un cierge à la main. Melle Lenormand a marqué à tel point son époque qu’on la retrouve dans les Comédiens sans le savoir d’Honoré de Balzac :
« «Une tireuse de cartes», dit Bixiou qui ne peut s’empêcher d’interpréter comme une interrogation l’air du Méridional, «Madame Fontaine, passe, parmi ceux qui cherchent à connaître l’avenir, pour être plus savante que ne l’est feue Melle Lenormand» ».
Hommages : Un jeu de cartes à l’apocryphe pouvoir divinatoire porte le nom de Melle Lenormand. Son usage appartient à la panoplie d’attrape-nigaud que les voyantes contemporaines exhibent encore aujourd’hui, pour accentuer la lourdeur de leurs prestations.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2005-09-03.