Voici une des premières jeunes victimes étudiantes ou ouvrières de la répression policière, dans le cimetière. Il y en aura d’autres : Pierre Overney (1972), Malik Oussékine (1986) … qui toutes suscitent de fortes réactions … mais finissent par sombrer dans l’oubli. (Didier Muller)
Nicolas Lallemand voit le jour le 12 janvier 1787. C’est le fils d’un marchand de grains aisé de Paris. Il devient étudiant en médecine.
La discussion à l’assemblée de la loi du « double vote » (les plus imposés votent deux fois) entraine des désordres spontanés dès le 9 juin. Nicolas Lallemand se fait tué par un garde royal lors d’une manifestation, le 3 juin 1820.
A l’occasion de ses obsèques, la manifestation, partie sur les Boulevards à Paris, se grossit de nombreux ouvriers du faubourg Saint-Antoine. Plus de quatre mille jeunes gens suivent son cortège. L’émeute se poursuit plusieurs jours, surtout dans les quartiers ouvriers.
En juin 1831, la nouvelle de l’acquittement de son assassin est très mal ressentie dans les milieux étudiants. Sa mémoire reste très vive et l’anniversaire sera longtemps célébré.
Extrait (de « Paris ou le livre des Cent-et-Un, le Père Lachaise » par Eugène Roch, 1832) :
« Je fus ramené auprès d’un monument modeste devant lequel c’est un devoir pour moi de m’arrêter; j’y lus avec émotion les lignes suivantes : A Lallemant, mort le 13 juin 1820, l’Ecole de droit, l’Ecole de médecine, le Commerce, et l’Ecole des Beaux-arts. C’est en effet le 12 juin 1820, que je relevai ce malheureux jeune homme, atteint par derrière de la balle d’un garde royal, et que nous le reconduisîmes, dix ou douze, à sa mère qui ne l’attendait pas sitôt …
Cette époque et ce nom me rappellent des jours de captivité; ma plume est cependant restée bien au-dessous de mon indignation: je lui avais dit, du moins : Toi, dont la cendre ici repose, Dors en paix Lallemant, dors dans le doux espoir Qu’un jour, ceints de lauriers, les soutiens de ta cause Sur ta tombe viendront s’asseoir! Et ils sont venus… trois jouées de juillet ont justifié ce vers que j’adressais à la Liberté : Des chaînes aujourd’hui !… des couronnes demain ! Son tombeau est élevé par l’Ecole des Beaux-Arts, l’Ecole de Médecine, l’Ecole de Droit et de Commerce. »
Sources : LALLEMAND Nicolas – Maitron. Date de création : 2009-07-11.