KAHNWEILER Henri (1884-1979)
Allemagne

Promoteur du mouvement cubiste dans les années 1910 et 1920

(Daniel) Henri Kahnweiler voit le jour le 25 juin 1884, à Mannheim (Allemagne). Fils de bourgeois aisés, il grandit à Stuttgart (Allemagne), où son grand-oncle, Joseph Goldscheider, l’initie à la musique et à la peinture, l’incitant à fréquenter les musées européens. Il y découvre Boucher, Chardin, Rembrandt et surtout Cranach.

En 1902, il vient vivre à Paris et fréquente le musée du Louvre et le musée du Luxembourg. Il découvre alors la peinture impressionniste et en particulier Cézanne, où il voit les prémices d’une nouvelle peinture. Très vite il acquiert la conviction qu’il veut être marchand d’art, « non un créateur, mais plutôt […] un intermédiaire dans un sens relativement noble » : Ambroise Vollard et Paul Durand-Ruel seront des guides, « ses maîtres ».

En 1904, il fait la connaissance de sa future épouse, Lucie Godon (1882-1945). Ils vivent en union libre, sa famille s’opposant au mariage. Non seulement Lucie a deux ans de plus, mais elle est en outre mère d’une petite fille de deux ans, Louise, élevée par sa grand-mère à Sancerre, qui la fait passer pour la sœur cadette de sa mère.

En février 1907, il ouvre une galerie rue Vignon, à Paris. Quelques mois plus tard, il rencontre Pablo Picasso. Suivent Max Jacob, Georges Braque, Juan Gris, Fernand Léger, Guillaume Apollinaire. En 1909, il devient l’éditeur de ce dernier pour L’Enchanteur pourrissant, illustré de gravures d’André Derain.

Il devient ainsi le marchand d’art et le promoteur des quatre mousquetaires du cubisme : Picasso, Braque, Gris et Derain. En 1913, Derain réalise le portrait de Lucie dit Portrait de Madame Kahnweiler. C’est le premier, avec Wilhelm Uhde, à percevoir la rupture et la force des Demoiselles d’Avignon de Picasso, toile fondatrice du cubisme qu’il voit en juillet 1907 dans l’atelier du Bateau-Lavoir.

Lors de la déclaration de guerre du 3 août 1914, il se trouve en Italie (à Rome) durant ses vacances, qu’il prolonge, désobéissant à son ordre de mobilisation dans l’armée allemande. Il refuse de combattre son pays d’adoption, et, déclaré déserteur, fuit en Suisse avec sa compagne à l’été 1914.

Sa galerie parisienne est séquestrée en tant que biens appartenant à l’ennemi. Refusant de prendre position entre français et allemands, on le considère comme un ennemi de la France. Les œuvres de sa galerie sont alors saisies le 12 décembre 1914. La guerre terminée, et malgré l’hostilité de sa famille, il se marie à Berne (Suisse), le 2 juillet 1919 avec Lucie Godon. Ses biens et sa galerie étant sous séquestre, il s’associe avec André Simon et le 1er septembre 1920, il ouvre sous le nom de ce dernier, au no 29 bis rue d’Astorg (Paris 8ème), la galerie Simon.

Au début du mois de mars 1921, le couple s’installe avec Louise à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) où il anime un salon mondain dominical. Ce dernier est fréquenté par le critique d’art Maurice Raynal, la peintre Suzanne Roger, le sculpteur Jacques Lipchitz, le compositeur Erik Satie, le dramaturge Armand Salacrou, les écrivains et poètes Antonin Artaud, Max Jacob, le peintre André Masson, l’architecte Le Corbusier, le cinéaste Roland Tual…

Entretemps, le gouvernement français met en vente, aux enchères, les tableaux saisis pendant la guerre, les 13 et 14 juin 1921 puis, les 7 et 8 mai 1923. Pui il vend également ses biens propres qui avaient été aussi saisis.

En 1922, Max Jacob lui présente André Malraux et sa femme Clara. Il engage celui-ci comme éditeur à la galerie Simon. En avril, le peintre Juan Gris et sa femme Josette s’installent à Boulogne-sur-Seine et se joignent au salon. À la fin de la même année, André Masson lui présente Michel Leiris. Ce dernier est d’autant plus assidu du salon dominical qu’il courtise Louise, présentée comme la belle-sœur de Kahnweiler. À son tour, Michel Leiris y introduit Tristan Tzara, puis suivra Robert Desnos.

Par ailleurs, il publie les jeunes auteurs : André Malraux, illustré par Fernand Léger, Raymond Radiguet illustré par Henri Laurens, puis Juan Gris, Antonin Artaud, illustré par Élie Lascaux, Armand Salacrou et Tristan Tzara illustré par Juan Gris, Georges Limbour, Michel Leiris, Robert Desnos et Georges Bataille, illustré par André Masson.

Après le premier trimestre 1926, le salon ne reçoit plus qu’André Masson, Elie Lascaux, qui a épousé en 1925 la seconde sœur de Lucie, Berthe, et Michel Leiris, qui a épousé Louise. Ces jeunes époux seront hébergés dans une chambre de la maison de Boulogne-Billancourt jusqu’en septembre 1930. Après la mort de Juan Gris, le 11 mai 1927, le salon ne reçoit plus personne.

En 1937, il bénéficie de la politique de naturalisation du gouvernement de Léon Blum et devient citoyen français. Dès le 12 juin 1940, les Kahnweiler, qui depuis 1933 ne se faisaient aucune illusion sur les projets d’Hitler, quittent Paris pour Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne). Il y restent jusqu’en 1943, en recevant le cercle de leurs amis. C’est là qu’il écrit Juan Gris, sa seule création véritablement littéraire.

Après l’invasion allemande, les décrets des 16 et 22 juillet 1940 lui ôte sa nationalité française. Son gendre, Michel Leiris, vient habiter sa maison à Boulogne-Billancourt pour éviter l’expropriation. À la suite du décret du 2 juin 1941 imposant l’« aryanisation des biens juifs », il vend le 1er juillet sa galerie à Louise pour éviter un second séquestre.

Au printemps 1943, il revient à Paris. Il se cache chez les Leiris, au 53 bis quai des Grands Augustins (6ème). À la suite d’une dénonciation, la Gestapo perquisitionne sa maison à Saint-Léonard-de-Noblat. Elle recherche des armes. La maison est pillée, mais les tableaux sont épargnés. Retirés à Lagupie chez des amis de Leiris, les Kahnweiler reviennent à Paris, quai des Grands Augustins, en octobre 1944.

Lucie meurt le 14 mai 1945 d’un cancer. Il prend alors ses distances avec ses affaires de marchand d’art. Mais il écrit sur l’art, sur la sculpture de Picasso, sur Paul Klee, et sur l’art moderne. En mars 1957, la Galerie Louise Leiris change de locaux pour emménager au 47 rue de Monceau.

Il habite chez les Leiris jusqu’à sa mort,  le 11 janvier 1979, à Paris. Il repose avec l’homme de lettres et ethnologue Michel Leiris (1901-1990) qui a épousé la fille de sa femme, Louise Godon.

Publications :

  • Entretiens avec Francis Crémieux, collection « Mes galeries et mes peintres », Gallimard, Paris (1961).
  • Huit entretiens avec Picasso, L’Échoppe, Paris (1988) ;
  • Entretiens avec Picasso au sujet des « Femmes d’Alger », L’Échoppe, Paris (1991) ;
  • Six entretiens avec Picasso, L’Échoppe, Paris (1995).

Sources : Wikipedia. Date de création : 2024-07-20.

Photos

Monument

La dalle est signée par l’entrepreneur Lerendu.

Inscriptions :

Lucie KAHNWEILER, née GODON, 1882-1945.
Jeanne GODON, 1886-1973.
Henri KAHNWEILER, 1884-1979.
Louise LEIRIS, née GODON, 1902-1988.
Michel LEIRIS, 1901-1990.

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Date de la dernière mise à jour : 23 août 2024