(Guillaume) Louis Bocquillon, dit Wilhem, nait à Paris, en 1781. Son père exerce la profession de négociant en parfumerie. Nous sommes à la veille de la tourmente révolutionnaire. La famille, non contente d’être un témoin des évènements, les précèdent et en devient une actrice.
Agé d’à peine dix ans, en 1791, il rejoint son père François Bocquillon, devenu chef de bataillon au sein de l’armée du Nord. Le jeune Bocquillon s’enrégimente en qualité de sapeur parmi les volontaires tous plus inexpérimentés qu’enthousiastes.
Mais son père le rend aux études plus appropriées aux ambitions qu’il a pour son fils. Il l’envoie donc à l’Ecole nationale de Liancourt. En juillet 1795, portant encore sur lui les marques de son engagement militaire, arborant les haches de sapeur sur ses manches, le jeune garçon entre au château de Liancourt. L’école vient juste d’être installée dans l’ancienne propriété du duc de Larochefoucault, et accueille une centaine de fils d’officiers défenseurs de la patrie.
La discipline est très sévère, les élèves ne mangent pas toujours à leur faim, seul la solidarité et la fraternisation entre les jeunes gens leur permet de résister. Le directeur de l’école distingue Wilhem et le considère parmi les plus recommandables. Parmi ses études, son goût pour la musique et ses talents pour la composition laisse présager de sa vocation pour cet art. Ses jeunes talents sont reconnus et encouragés par ses pairs, les célèbres Etienne Méhul, François Joseph Gossec, et Luigi Cherubini. Lors du retour d’exil du duc de Larochefoucault en 1799, on transfère l’école à Compiègne (Oise) et celle-ci devient une composante du prytanée français.
De cette mutation militaire, le jeune Wilhem y gagne les galons de capitaine. En 1801, suite aux recommandations du directeur, Crouzet, il rentre au conservatoire national de musique. Son père est hostile à ses velléités musicales et l’oblige à poursuivre son apprentissage à Compiègne pendant encore une année. En 1802, Wilhem suit Crouzet, nommé directeur du Prytanée de Saint-Cyr, il exercera là, la fonction de répétiteur en mathématiques. A la faveur d’une visite de Roederer, conseiller d’état, Wilhem fait exécuter un hymne de Gossec par quelques élèves, surpris du talent du jeune homme, la hiérarchie le charge officiellement de donner des leçons sur l’art musical.
Il quitte le prytanée de Saint-Cyr, en 1807, et rentre à celui de La Flèche (Sarthe). Wilhem y gagne un nouvel emploi dépendant du ministère de l’intérieur. Il en profite pour donner des leçons de chant et de musique. Il compose aussi des airs restés longtemps populaires : Brennus, La Vivandière, La Bonne vieille, les Adieux de Charles VII, etc. Puis, c’est la rencontre déterminante en la personne de Pierre-Jean de Béranger, l’illustre chansonnier. Beaucoup de paroles de ses chansons seront accompagnées par des airs de Wilhem.
Les deux hommes deviennent de grands amis, leur amitié ne sera rompue que par la mort. En 1810, Wilhem devient professeur de musique au Lycée Napoléon. Quelques années plus tard, il expérimente une nouvelle méthode d’enseignement mutuel appliquée à la musique. Les premiers résultats sont très encourageants. Il les étend à l’ensemble des élèves d’une école de la capitale. Ses efforts sont récompensés en 1820 par sa nomination au poste de professeur de chant pour la Ville de Paris.
Sa renommée dépassera bientôt les frontières de la capitale. En 1835, il devient Directeur inspecteur du chant. Wilhem, inspiré par ce qui se fait en Suisse et en Allemagne, veut constituer une société de choristes. Il fonde ainsi la Société de l’Orphéon en 1833.
C’est un immense succès. Tandis que sa méthode d’enseignement se développe à l’étranger, Wilhem est atteint d’une fluxion de la poitrine. Il décède le 26 avril 1842, accompagné du chagrin de tous ses élèves. Ceux ci lui font de magnifiques funérailles : c’est une foule immense qui l’accompagne jusqu’au cimetière.
Prix : médaille d’argent et d’or en 1821 et 1828 de la Société pour l’instruction élémentaire.
Sources : -. Date de création : 2006-07-08.