Pierre Georges, dit Colonel Fabien, dit Frédo, voit le jour le 21 janvier 1919 à Paris. Son père est boulanger, sa mère est morte en 1928. Il commence à travailler très jeune : il devient apprenti boulanger. Puis il est poseur de rivets sur les chantiers de chemin de fer et enfin ajusteur.
Il adhère au Parti à l’âge de quatorze ans et s’engage dans les brigades internationales à dix-sept ans, en 1936. Envoyé à l’école d’officiers de la base d’Albacete, il en sort en janvier 1938 avec un grade équivalent à sous-lieutenant. Blessé à trois reprises, il est aussi victime d’une pneumonie.
Rentré en France en juin 1938, il fait une école pour métallurgiste et redevient ouvrier aux établissements Bréguet. Il se fait élire au comité central des Jeunesses Communistes (JC). De son mariage avec Andrée Coudrier, il a une petite fille en 1940. Interné comme communiste en décembre 1939, après la signature du Pacte germano-soviétique, il s’évade en juin 1940 lors d’un transfert en train.
Il reprend contact avec le PC à Marseille où il se livre à des activités clandestines sous le pseudonyme de Frédo. Monté à Paris pour participer à la direction des JC, le Parti le charge de monter le premier groupe armé.
En 1941, il devient l’adjoint du colonel Albert Ouzoulias, chef des « Bataillons de la Jeunesse », membres des Francs-Tireurs et Partisans (FTP). Il réalise lui-même ce qu’on considère comme le premier attentat meurtrier contre les troupes d’occupation. Il tue d’une balle dans le dos, le 21 août 1941, un officier de la Kriegsmarine, l’aspirant Moser, au métro Barbès Rochechouart.
Cet attentat et ceux qui suivirent causent la mort de nombreux otages, dont celle d’Honoré d’Estienne d’Orves, exécutés en représailles par les troupes d’occupations allemandes commandées par Otto von Stülpnagel.
Le 8 mars 1942, il part en Franche-Comté. Il y met sur pied un des premiers maquis FTP sous le nom de guerre de « colonel Fabien ». Il est grièvement blessé à la tête le 25 octobre 1942. La police française l’arrête à Paris le 30 novembre 1942, et le livre aux Allemands.
On l’interroge et on le torture, passe trois mois à Fresnes, puis on le transfère à la prison de Dijon (Côte-d’Or). Il s’évade finalement du fort de Romainville (Seine-Saint-Denis) vers mai 1943. Il participe ensuite à l’organisation de maquis dans les Vosges, en Haute-Saône et dans le Centre Nord.
En août 1944, il participe à la libération de Paris. Il se trouve à la tête d’un groupe de FFI pour prendre le palais du Luxembourg. Il y reçoit l’appui des chars l’avant-garde de la 2e DB. Le colonel Fabien rassemble un groupe de cinq cents hommes, principalement originaires de Suresnes, pour continuer la lutte contre l’armée allemande avec les forces françaises et alliées : la « Brigade de Paris ».
Cette brigade est rattachée, dans un premier temps, à la division Patton. Puis, elle devient le 151e Régiment d’Infanterie dans l’armée de De Lattre de Tassigny. Ainsi, il combat dans l’est de la France puis en Allemagne.
Le 27 décembre 1944, il est tué par l’explosion d’une mine qu’il est en train d’examiner, à Habsheim près de Mulhouse (Alsace). Les circonstances exactes de sa mort restent mal établies. Son agent de liaison, Gilberte Lavaire, le lieutenant-colonel Dax (Marcel Pimpaud 1912-1944), deux capitaines et un lieutenant périssent avec lui.
Il repose dans le monument dédié à la brigade Fabien, avec deux autres combattants de la brigade Fabien, «celui qui croyait en Dieu, et celui qui n’y croyait pas» (selon Aragon). Par ailleurs, les nazis fusilleront le père et le beau-père de Pierre Georges.
Hommages : Une place porte son nom à Paris (19ème) rue ainsi qu’une rue à Habesheim (Haut-Rhin). A Paris, la place a donné son nom à la station de métro proche.
Sources : Ouzoulias (André) La Vie héroïque du Colonel Fabien, Editions sociales, préface de Charles Tillon. 1945, Paris. Date de création : 2008-11-14.