André Mécili voit le jour en 1940 de parents kabyles établis à Koléa (Algérie, alors française). Son père est garde-champêtre et sa mère postière. Ils ont pris, par naturalisation, la nationalité française : lui-même la reçoit de naissance, par filiation.
Ses études le conduisent au lycée de Ben Aknoun, où il rejoint la cellule du FLN. La petite ferme acquise par ses parents à Chaïba est un refuge pour les maquisards et il est rapidement impliqué dans des tâches de liaison. Pour ses camarades, il choisit de se prénommer Ali.
À Alger, avec ses camarades lycéens ils participent au service d’ordre et assurent les relations avec la presse française. A ses vingt ans, l’état l’appelle sous les drapeaux pour faire ses classes. Il fuit alors le territoire pour rejoindre, via Marseille et l’Italie, les troupes algériennes basées en Tunisie.
On l’incorpore et on l’envoie vers la Base Didouche, dans les environs de Tripoli. Quelques semaines plus tard, il devient lieutenant chargé des activités d’espionnage à l’étranger.
À l’été 1962, l’indépendance acquise, la Tunisie envoie les troupes algériennes sur Alger pour y soutenir l’alliance formée par le Bureau politique et le groupe de Tlemcen contre celui de Tizi Ouzou. À proximité d’Orléansville (aujourd’hui Chlef), il s’échappe du convoi. Il prend contact avec les officiers de sa région, la wilaya IV, qu’il avertit des risques de transformation de ces troupes en police politique.
Autour d’Alger, des étudiants, des syndicalistes, des femmes et des jeunes s’organisent pour tenter de maintenir la paix civile face à l’affrontement des alliances politico-militaires rivales. Avec eux, il s’investit dans les manifestations de masse qui proclament aux chefs du FLN : « Sept ans, ça suffit ! » À l’automne 1962, il prend contact avec Hocine Aït Ahmed qui, de la tribune de l’Assemblée constituante, cherche à préserver les possibilités d’un débat politique pacifique et ouvert.
En septembre 1963, les deux hommes se retrouvent pour la création du Front des Forces Socialistes (FFS). Il prend en charge l’impression et la diffusion de la propagande du nouveau parti. Très proche des milieux étudiants, il y impulse la constitution d’un courant favorable à la démocratie et à l’autonomie syndicale, face à la direction FLN de l’Union Nationale des Etudiants Algériens (UNEA).
Parallèlement, il réintègre les services secrets, devenus la Sécurité militaire (SM). Ses fonctions officielles le conduisent à La Havane, pour le cinquième anniversaire de la révolution cubaine. C’est pour lui l’occasion de discuter avec Fidel Castro et Che Guevara. Il apprécie la fraternité du peuple cubain et relève les efforts faits par les dirigeants en faveur des paysans.
Le 17 octobre 1964, un an après le début de l’insurrection du FFS, Aït Ahmed et Mécili sont arrêtés ensemble en Kabylie, au cours d’une de leurs rencontres clandestines. Ensuite, la volonté de négociation d’Ahmed Ben Bella le sauve de l’exécution. Transféré à la prison militaire d’Oran, on le libère le 1er novembre 1965, peu après le coup d’État de Houari Boumédiène.
Début 1966, c’est l’exil en France où le FFS cherche à se réorganiser autour de l’émigration. Puis il prend alors ses distances face au militantisme qu’il estime inadapté face à l’absence de débouchés politiques en Algérie. En 1969, à vingt-neuf ans, il entreprend des études de droit et de sciences politiques à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
En 1973, ses examens obtenus et son stage d’avocat effectué, il s’installe à Paris. Son cabinet devient un lieu d’accueil non seulement pour les travailleurs immigrés d’Algérie, mais aussi pour les exilés de toute appartenance nationale ou politique.
À partir de 1975, il reprend une activité politique. Il mobilise les opposants algériens autour des problèmes de droits de l’homme. Il lie à ceux ci le droit à l’existence de la langue et de la culture berbères. En 1978, il fonde à Paris, avec le soutien financier du FFS, une coopérative, Tiwizi, pour éditer et la diffuser des publications en langue berbère.
La formation politique est une autre de ses priorités. En 1978 et 1979, il anime plusieurs stages pour de jeunes militants venus principalement de Kabylie. Le séminaire qu’il encadre en mars 1979 aboutit à la publication d’un « avant-projet de plate-forme politique ». Beaucoup des participants de ces sessions se retrouveront en 1980 parmi les animateurs du printemps berbère.
De plus, il utilise les contacts tissés au fil des ans pour rapprocher les différents courants de l’opposition algérienne. C’est le principal artisan de l’accord de Londres, conclu le 19 décembre 1985 entre le Mouvement pour la Démocratie en Algérie (MDA) d’Ahmed Ben Bella et le FFS d’Hocine Aït Ahmed. C’est encore lui qui, en août 1986, lance le journal Libre Algérie, auquel collaboreront des militants des deux partis.
En octobre, comme avocat, il alerte l’opinion publique de la tentative d’expulsion de treize militants benbellistes. Il tente également d’obtenir, au nom de la liberté de la presse, le report des mesures d’interdiction prises en décembre 1986 et mars 1987 contre les revues successives du MDA.
Sur le terrorisme, il s’oppose, là aussi, au pouvoir algérien. Lui-même a mis, depuis fin 1985, ses relations et ses talents de médiateur au service de la libération des otages français du Liban. Il ne cesse de dénoncer l’ambiguïté du rôle de l’Algérie vis-à-vis des mouvements terroristes. Ainsi, il déclare sur FR3, le 26 mars 1987 :
« Quand on est terroriste à l’égard de son peuple, il n’y a qu’un pas à franchir pour l’être aussi sur le plan international […]. »
Quelques années auparavant, se sachant personnellement menacé, il a écrit dans un texte qui sera trouvé après sa mort :
« Lorsqu’on ouvrira cette lettre, se sera accomplie une destinée qui, depuis ma plus tendre enfance, n’aura jamais cessé de hanter mon esprit. […] Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l’Algérie. […] Je meurs seul, dans un pays d’indifférence et de racisme. […] Je meurs pour avoir vu mourir l’Algérie au lendemain même de sa naissance et pour avoir vu bâillonner l’un des peuples de la Terre qui a payé le plus lourd tribut pour affirmer son droit à l’existence. »
Le 7 avril 1987, il est assassiné à l’entrée de son immeuble, 74 Boulevard Saint-Michel, Paris (6ème). S’ensuit un long imbroglio judiciaire entre la France et l’Algérie qui se conclue le 7 décembre 2007 quand, contre l’avis du parquet, le juge Baudoin Thouvenot lance un double mandat d’arrêt international contre les tueurs et commanditaires. Mais, après de nombreux rebondissements, l’affaire se conclue par un non lieu … en novembre 2014 ! Ce crime est donc toujours impuni.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2024-03-01.