Oscar Dufrenne voit le jour à Lille (Nord), en 1875. Il s’essaye à la chanson avant de devenir imprésario du chanteur Mayol. Dans ses mémoires, ce dernier raconte :
« (…) à la suite d’une association avec André Grandjean, il venait de monter sa première affaire de tournée théâtrale. Cela ne lui a pas trop mal réussi puisque Dufrenne est maintenant directeur du Palace, de l’Empire… et propriétaire du Concert Mayol (…) C’est dans l’un des spectacles qu’il monta ainsi, que débuta, d’abord comme acteur, ensuite comme auteur, un jeune garçon : Henri Varna, devenu aujourd’hui l’un de nos producers les plus estimés, et le bras droit de Dufrenne dans la plupart de ses opérations. »
Oscar Dufrenne dirige également le Moncey Music-Hall, l’Alcazar, les Bouffes du Nord, le Bataclan et le Casino de Paris. Il signe plusieurs revues avec Varna qu’interprètent Mistinguett, Joséphine Baker ou Marie Dubas. Oscar Dufrenne est également éditeur de musique. Il publie des chansons dont les créateurs sont Georgius, Emma Liebel, Dranem, Damia, Félix Mayol, Emile Audiffred, etc.
Oscar Dufrenne mène, en parallèle, une carrière politique. Il est président du Syndicat des Directeurs des spectacles de France puis il devient Conseiller Général Radical Socialiste du département de la Seine et Conseiller Municipal à la Mairie de Paris.
Sa mort défraie la chronique. On retrouve son corps dans son bureau du Palace le 25 septembre 1933. Le crime n’est jamais élucidé bien qu’un amant de passage soit soupçonné. Henri Varna lui succède à la tête du Casino de Paris.
Extrait (Le Crime du Palace, Enquête sur l’une des plus grandes affaires criminelles des années 1930, par Florence Tamagne) :
« Au début des années 1930, en à peine quatre mois, la France est secouée par trois grandes affaires : l’affaire Violette Nozière, l’affaire Stavisky, et, entre les deux, l’affaire Oscar Dufrenne. Le 25 septembre 1933, Oscar Dufrenne, maître des nuits parisiennes, ami de Jean Sablon et de Mistinguett, directeur du Casino de Paris et du music-hall Le Palace, par ailleurs conseiller municipal (radical-socialiste) et proche de l’ancien ministre de l’Intérieur Louis Jean Malvy, est retrouvé mort dans son bureau du Palace, le crâne fracassé et le pantalon baissé. Le crime, qui va défrayer la chronique pendant de longs mois, ne sera jamais élucidé, même si tout accuse un certain Paul Laborie, dit Paulo les Belles Dents. »
L’historienne Florence Tamagne dévoile le parcours, de sa Lille natale à la « capitale des plaisirs », d’un self-made man homosexuel et « grand exhibiteur de cuisses » (dixit L’Humanité !), raconte la traque des policiers, les rumeurs, le procès et décrit la France de l’entre-deux-guerres, une France où certes l’ascenseur social est encore possible, mais une France instable, secouée par les extrêmes de droite comme de gauche qui dénoncent la corruption du système, et marquée par les scandales financiers, les meurtres sensationnels et les affaires de mœurs.
Publications : Les mémoires de Mayol, Louis Querelle éditeur, Paris (1929).
Sources : Tamagne (Florence) Le Crime du Palace, Enquête sur l’une des plus grandes affaires criminelles des années 1930, Payot (2017) ; Tamagne (Florence) « Le crime du Palace : homosexualité, médias et politique dans la France des années 1930 », dans Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 53-4, p. 128-149 (octobre-décembre 2006). Date de création : 2014-05-11.