« Il faut rapprocher la poésie des hommes et en faire sentir le principe vital » (Maxime Némo)
Albert Georges Baugey, dit Maxime Nemo, voit le jour le 8 juillet 1888, à Francueil (Indre-et-Loire). Il fait preuve, dès l’âge de 10 ans, de réelles dispositions dans l’art de dire. Il est présenté à la reine Victoria, à Jules Claretie, à Coquelin ainé, à Sarah Bernhardt et à Pierre Loti.
Pendant 10 ans, il se fait entendre dans des concerts, en France, en Suisse et en Belgique. De 1910 à 1914, M. Nemo et sa jeune femme vivent un peu en dehors du monde – hiver à Cannes, l’été sur les bords du lac d’Annecy.
De nouvelles préoccupations le sollicitent, et, à côté de l’artiste, l’homme social tend à s’éveiller. La guerre arrive, il est mobilisé. Il ne reprend sa vie personnelle qu’en 1919. Il songe à créer un organisme qui servirait de liaison entre les diverses forces intellectuelles. Après avoir enseigné à Strasbourg, cet idéaliste généreux quitte l’Université et fonde une association originale qui s’appelle l’Ilôt, avec cette définition : « Petit espace mais libre ». Il s’agit moins d’une organisation que d’un apostolat.
Son projet, orienté par son tempérament et sa culture vers l’art lyrique et tragique, est d’en porter le message à la jeunesse, en marge des programmes d’enseignement par la lecture, la diction, la représentation partielle, la conférence ou le disque. Son initiative ne tarde pas à être encouragée par de précieux éloges.
« Je suis persuadé, lui écrit Henri de Régnier, que la beauté n’est inaccessible à aucun de ceux qui viennent sincèrement à elle. Beaucoup ont besoin d’y être guidés et c’est à ce besoin que répond l’œuvre que vous entreprenez et qui peut donner d’excellents résultats. Je ne peux que l’approuver et vous dire toute la sympathie qu’elle m’inspire. »
M. Nemo part faire connaître la poésie de son époque, celle de Verhaeren, des symbolistes. Il annonce les tempéraments nouveaux, porteurs de l’âme nouvelle, Georges Duhamel, André Gide, Walt Whitman, cherchant toujours à souder plus intimement la pensée de son temps à la période qu’elle exprime et ceci, dans le désir d’un complet développement de l’esprit humain.
Par exemple, lors de la conférence sur Le Symbolisme en France, le 3 février 1923 à la Société d’émulation de l’Ain, à la Salle des Fêtes de Bourg, il lit et commente :
- L’éventail de Stéphane Mallarmé,
- Le bateau ivre d’Arthur Rimbaud,
- Chanson de Maurice Maeterlinck,
- Elégie et Incarnation d’Albert Samain,
- Douceur du soir de Georges Rodenbach,
- Art poétique de Paul Verlaine,
- Notre compagne de Jules Laforgue,
- Le Passeur d’eau d’Emile Verhaeren,
- Le Vase de Henri de Régnier.
Son passage soulève partout le plus complet enthousiasme. Il suffit, pour en juger, de lire, entre autres témoignages, ceux du Recteur de l’Académie d’Aix, du Doyen de la faculté des Lettres de Grenoble, du Recteur de l’Académie de Dijon, du Ministre des Sciences et des Arts de Belgique et de nombreux chefs d’institutions. La Presse salue son initiative et son passage avec la même sympathie. Par ailleurs, Maxime Nemo est le secrétaire général de l’Association J.J. Rousseau, de 1949 à 1975.
Grand admirateur de l’auteur de la Nouvelle Héloïse, Maxime Nemo fonde en 1949, sous la présidence d’Edouard Herriot, l’Association Jean Jacques Rousseau, dont il est le secrétaire général jusqu’à sa mort. En 1956, il conduit dans la plupart des instituts européens une exposition sur « Genèse et rayonnement de l’Emile ». En 1962, pour le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Jean Jacques Rousseau, il prépare seul, avec l’appui financier de l’UNESCO, le Colloque de Royaumont qui réunit les rousseauistes de France et de l’étranger. Il décède en 1975.
Extrait (du journal l’Express du Midi, 1920) :
« Ce choix de scènes (le Cloître de Verhaeren) est remarquablement interprété. Il est extrêmement rare de voir jouer de telles œuvres en province, et tous les lettrés de Toulouse auraient dû s’y donner rendez-vous.»
Extrait (du journal Le Cri de Toulouse, février 1920) :
« Qu’est-ce que l’Ilôt ? Les artistes et les littérateurs qui composent ce groupe veulent donner à l’art une importance sociale, et montrer le bienfait que l’homme peut retirer de son contact avec le beau. Le rôle de l’art pourrait être immense, et il est vrai que nous faisons très peu de chose en France pour répandre l’esprit. Quand on songe aux pauvretés lamentables qui se prônent, on ne peut que féliciter les esprits énergiques et indépendants qui se proposent cette tâche noble entre toutes : éduquer l’homme en lui inspirant le sens et le respect du beau.»
Publications :
- Un dieu sous le tunnel ;
- Julot gosse de rêve (Rieder Editeur) ;
- L’homme nouveau J.J. Rousseau ;
- Choix de textes de J.J. Rousseau (La Colombe) ;
- Acte de vivre (La Pensée Universelle).
Sources : L’Express du Midi, 1920 ; Le Cri de Toulouse, février 1920; Le Monde du 10 Octobre 1975. Date de création : 2017-08-23.