Bernard Heidsieck voit le jour le 30 novembre 1928. À la suite de la parution de son recueil Sitôt dit, en 1955, il constate l’état moribond de la poésie. Cantonnée, selon lui, à l’espace blanc de la page, elle finit par s’y noyer. Il assiste aux concerts du Domaine Musical de Pierre Boulez, où il entend notamment le Chant des adolescents de Stockhausen, puis aux performances des artistes de Fluxus au Domaine Poétique. A ce moment là, il prend conscience du « retard » de la poésie sur les expérimentations musicales et artistiques du temps.
Il entreprend donc de sortir le poème de la page imprimée. A partir de 1955, il crée ses premiers « poèmes-partitions », avant d’utiliser le magnétophone comme outil de création, en 1959. Il fonde ainsi, avec François Dufrêne, Gil J. Wolman et Henri Chopin, la « poésie sonore », c’est-à-dire, selon sa définition restreinte, une poésie faite par et pour le magnétophone.
Mais, en plus de la dimension sonore, la dimension visuelle du poème prend pour Heidsieck une importance majeure : le poème, tel qu’il est conçu, trouve son achèvement sur la scène, dans le moment de sa performance. C’est la raison pour laquelle il rebaptise sa pratique, à partir de 1963,
Extrait de Poésie action :
«Ce que je cherche toujours, c’est d’offrir la possibilité à l’auditeur/spectateur de trouver un point de focalisation et de fixation visuelle. Cela me parait essentiel. Sans aller jusqu’au happening loin de là, je propose toujours un minimum d’action pour que le texte se présente comme une chose vivante et immédiate et prenne une texture quasiment physique. Il ne s’agit donc pas de lecture à proprement parler, mais de donner à voir le texte entendu.»
Poète, Bernard Heidsieck exerce parallèlement une carrière de banquier : il est vice-président de la Banque Française du Commerce Extérieur à Paris. Le lien entre les deux activités est notamment au cœur du poème-partition « B2-B3. Exorcisme » (1963) et de certains poèmes de Derviche/Le Robert.
Invité de très nombreux festivals, il organise lui-même le Panorama International de poésie sonore en 1976, à la Galerie Annick Lemoine (Paris). C’est lui aussi qui organise les Rencontres internationales 1980 de poésie sonore, à Rennes, au Havre et au Centre Georges-Pompidou à Paris.
C’est également auteur d’une importante œuvre plastique, avec ses planches d' »écritures-collages », dont « Les Foules » constituent le premier ensemble, en 1970. Conçu entre 1973 et 1979, Canal Street se construit autour d’un ensemble de planches avec des transistors trouvés sur l’avenue du même nom, à New York.
Toujours avec le matériau « sonore », dont des bandes magnétiques, il réalise également plusieurs abécédaires. Il reçoit, en 1991, le grand prix national de la poésie. Par ailleurs, c’est le président de la Commission Poésie du Centre national du livre. Il meurt à Paris le 22 novembre 2014, à 85 ans. Il repose avec sa femme, la peintre et photographe Françoise Janicot Heidsieck (1929-2017).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2017-07-18.