Suzanne Lacascade voit le jour le 31 mars 1884, à Fort-de-France (Martinique), dans une famille de mulâtres antillais. Son père, Théodore Lacascade (1841-1906), né d’une esclave affranchie et d’un père inconnu, est chirurgien en Guadeloupe. Ensuite, il devient député de Guadeloupe et s’engage dans la franc-maçonnerie. Il est notamment connu pour ses engagements assimilationnistes.
Suzanne obtient son baccalauréat en 1904. Lorsque son père décède, elle devient répétitrice. Puis, au lendemain de la Grande Guerre, elle dirige un cours privé renommé dans le 16ème arrondissement de Paris, le cours Lacascade.
En 1924, elle publie sa seule œuvre : Claire-Solange, âme africaine. Celle-ci lui vaut, la même année, le prix Montyon de l’Académie française.
Il s’agit d’une fiction, en partie autobiographique, racontant l’histoire d’une héroïne originaire de la Martinique, fille d’un fonctionnaire colonial. L’auteure y expose une critique de la mission civilisatrice que s’est attribuée la France. Elle y valorise le sang versé par les peuples colonisés pour la « grandeur » de la France.
Elle dresse un sombre tableau de la présence française aux Antilles, ainsi que de l’accueil réservé aux antillais qui s’installent en métropole. Suzanne Lacascade, à travers son œuvre, dénonce la représentation caricaturale des noirs, le racisme omniprésent et revendique son ascendance africaine et antillaise.
Avec ce livre, Suzanne Lacascade apparaît comme une pionnière. En effet, elle est d’abord une des premières femmes non-blanches à publier en France. Par ailleurs, son roman se démarque par l’utilisation de la langue créole, que ce soit sous forme de courtes phrases ou de dialogues, de maximes ou d’extraits de chansons.
Enfin, c’est aussi un plaidoyer féministe, se dressant contre les dominations masculines et leur volonté d’infériorisation de la femme. Elle représente parfaitement la double identité féminine et noire.
À sa sortie, ce roman fait l’objet de nombreuses critiques condescendantes, misogynes et racistes, notamment par le biais d’analyses dans la presse.
Elle meurt le 28 janvier 1966, dans un total anonymat, à Paris.
Postérité : Albert James consacre deux chapitres à Suzanne Lacascade dans son livre La littérature antillaise entre histoire et mémoire : 1935 – 1995.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2022-11-25.