DORNAC, Paul CARDON, dit (1858-1941)
France

Premier portraitiste des stars chez elles

Paul (François Arnold) Cardon, dit Dornac, voit le jour à Paris, le 6 janvier 1858. C’est le fils de Claude Jacques Eugène Cardon et de Félicie Louise Aroussohn. Il devient photographe.

Mais en 1887, à 29 ans, Paul Cardon en a assez de faire des portraits dans son studio parisien. Il a alors une idée de génie : montrer ses contemporains célèbres chez eux. Mais c’est un véritable tabou : à l’époque, on ne reçoit pas ses fournisseurs dans son salon ! On ne sait pas qui il convainc le premier.

Il photographie alors Stéphane Mallarmé, Auguste Rodin (peu avant sa mort), Edmond Rostand, Anna de Noailles … Il publie les portraits dans la presse, au fur et à mesure, sous le nom de Dornac, dans une série intitulée « Nos contemporains chez eux ».

Dornac sait aussi être « people ». Ainsi, il demande au peintre Eugène Carrière de poser avec toute sa petite famille en rang d’oignons. Bientôt, tout ce qui « compte » veut en être. Emile Zola, Colette, le douanier Rousseau, Paul Verlaine (au café, devant un verre d’absinthe), Sarah Bernhardt, Louise Michel, Jean Paul Laurens, Alphonse Daudet, Henri Bergson et bien d’autres, passent devant son objectif, entre 1897 et 1917.

Le photographe demande à ses modèles une dédicace pour sa collection personnelle. Il la fait réaliser sur un carton vierge, sur lequel il collera ensuite la photographie. Ceci explique qu’aucun modèle ne commente son propre portrait.

Les portraits s’animent au gré des autographes. Paul Verlaine s’y proclame « sans hésitation (…) partisan de cette publication ». Jean Paul Laurens salue « la sensibilité et l’œil d’artiste de Dornac sans lesquels l’objectif ne serait rien ».  Alphonse Daudet discourt « sur les impressions initiales de la vie ». Henri Bergson s’interroge :

« sur la possibilité de réaliser un portrait qui nous ressemblerait tout à fait alors que tout est mobile, notre physionomie comme notre âme. »

Après l’atelier de la rue des Saints Pères à la fin des années 1880, c’est dans le 14ème arrondissement qu’il exerce son art dans les années 1890, au 10 rue Adam Mickiewicz puis au 34 rue Gassendi. Cette dernière adresse est encore utilisée en 1939 par Dornac alors qu’il n’a plus d’activité photographique.

La signature « P. Cardon dit : Dornac », apposée au bas d’un acte sous seing privé, rédigé sur papier timbré en date de 1939, ne laisse aucun doute sur l’identité du « Maître Photographe, 34 rue Gassendi à Paris XIV ».

Dornac décède le 10 janvier 1941, au 47 rue Saint-Jacques (Paris, 14ème).

90 ans après leur réalisation et 65 ans après la mort du photographe surgissent les 182 photos de sa propre collection. Un héritier décide de les vendre. La vente aux enchères de la série totalise 218 000€ en 2006, dont 40 700€ pour Stéphane Mallarmé et 37 000€ pour Paul Verlaine.

Ces photographies ont permis, en 2012, de faire un livre sur l’habitat des écrivains de cette époque.

Sources : Emery (Elizabeth) Photojournalism and the Origins of the French Writer House Museum (1881-1914), Ashgate Book, Routledge, 2012 ; site d’Yves di Maria. Date de création : 2013-11-13.

Photos

Monument

Bien qu’il n’y ait aucune inscription sur le monument, son emplacement est bien celui indiqué dans le livre des entrées du cimetière.

Inscriptions : Aucune

Photos


Date de la dernière mise à jour : 13 octobre 2023