Ce grand rabbin joue un rôle important dans l’intégration de la communauté juive à la société civile française. D’une part, il met en œuvre une nouvelle traduction de la Bible en français, qui va devenir la «Bible du Rabbinat». D’autre part, il obtient, avec l’aide d’Adolphe Crémieux, l’abolition du serment « more judaïco« (Régis Dufour Leforrestier).
Lazare Isidor voit le jour le 13 juillet 1813, à Lixheim (Moselle). Il appartient à une dynastie de rabbins qui remonte au 15ème siècle, en Hesse-Nassau et en Alsace. Une des figures les plus connues est son arrière-grand-père Naphtali Hirsch Katzenellenbogen. En 1829, Lazare Isidor entre à l’École rabbinique de Metz, qui devient peu après l’École centrale rabbinique de France.
Il devient, en 1837, rabbin de Phalsbourg, poste qu’il occupe durant dix ans. En 1839, il s’oppose au serment « more judaïco ». C’est une pratique discriminatoire qui oblige les Juifs à prêter serment dans une synagogue lorsqu’un tribunal doit les entendre. L’un de ces serments devant être prêté dans sa synagogue, le rabbin Isidor en refuse l’entrée. Ce faisant, il enfreint la loi et il subit alors un procès qui lui vaut la célébrité.
L’avocat Adolphe Crémieux assure sa défense et obtient gain de cause. À la suite de ce procès, un arrêt de la Cour de cassation annule le décret instituant le serment « more judaïco ». C’était la dernière mesure vexatoire à l’encontre des juifs de France. Devenu grand rabbin de Paris dès l’âge de 33 ans, en 1847, Lazare Isidor se fait élire, vingt ans plus tard, grand rabbin de France, à la suite de Salomon Ulmann (1806-1865). Très populaire, il sait préserver la cohésion de la communauté tout en s’opposant au courant réformateur.
Ce maintien de l’unité communautaire apparaît comme un élément essentiel pour l’historien François Delpech, qui souligne l’« attitude conciliante » du grand rabbin Marchand Ennery et indique :
« Ses successeurs immédiats, Salomon Ulmann de 1853 à 1865, Lazare Isidor de 1866 à 1888 et Zadoc Kahn de 1889 à 1905, furent également choisis pour leur largeur d’esprit. D’une manière générale les principaux postes rabbiniques furent désormais réservés à des hommes réputés assez ouverts pour ne pas faire obstacle aux adaptations jugées nécessaires.»
À partir de 1876, le grand rabbin Isidor décide de faire retraduire intégralement la Bible en français, dans une version accessible à tous. Il met en place les méthodes de travail pour ce projet.
Les traducteurs collaborent gratuitement. Ils sont supervisés par un comité composé par Lazare Isidor, par le grand rabbin Isaac Léon Trenel et par Zadoc Kahn, alors grand rabbin de Paris. Le grand rabbin Isidor s’éteint à Montmorency, en 1888.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2009-07-22.