Malek Oussékine voit le jour le 16 octobre 1964. Qui se souvient aujourd’hui de ce jeune homme tabassé, battu à mort par deux policiers dans le contexte des manifestations contre la loi d’enseignement Devaquet, en 1986 ? Charles Pasqua est alors Ministre de l’Intérieur et Alain Devaquet ministre délégué à l’enseignement supérieur.
Quant aux évènements par eux même, en voici le déroulement. Le 6 décembre 1986, peu après minuit, rue Monsieur le Prince, à Paris, se trouve une boite de jazz fréquentée par le jeune Malik Oussekine. Peu après minuit, celui-ci se réfugie suite à une manifestation, dans le hall de l’immeuble du 20.
Le jeune français d’origine algérienne est étudiant à l’école supérieure des professions immobilières (ESPI).
Le drame n’a qu’un seul témoin, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l’immeuble, qui rapporte :
« Je rentrais chez moi : au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s’engouffrent dans le hall, ils se sont précipités sur le type réfugié au fond et l’on frappé avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coup de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos ».
Malik Oussekine, de constitution maladive, souffre de déficiences rénales graves et doit être dialysé trois fois par semaine. Les deux policiers sont membres de la brigade des voltigeurs-moto-portés. Le lendemain, Alain Devaquet, ministre délégué à l’Enseignement Secondaire, présente sa démission.
Au même moment, les étudiants défilent en silence un peu partout en France, massivement. Le lundi 8 décembre 1986, une gigantesque marche silencieuse a lieu. Trois cent mille personnes défilent à Paris, plus d’un million en France. Jacques Chirac, premier ministre de l’époque, retire le projet de loi.
Les deux agresseurs comparaissent devant la cour d’assise de Paris, trois années plus tard, pour « coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». On les condamne, le 28 janvier 1990, respectivement à cinq ans et deux ans de prison avec sursis. Leur administration de tutelle ne prend aucune sanction notable à leur égard : le premier est mis en retraite anticipée, le second est simplement muté à un autre poste.
Sources : -. Date de création : 2006-03-13.