Maurice Dekobra, pseudonyme d’Ernest Maurice Tessier, voit le jour le 26 mai 1885, à Paris (10ème). Dès l’âge de 17 ans, après son baccalauréat, il voyage et vit à l’étranger. Il commence à écrire pour des journaux, puis effectue son service militaire et repart découvrir le monde.
En 1914, il revient en France pour rejoindre l’armée. Il est officier interprète de 3e classe de réserve. Il fait une grande partie de la guerre au côté des troupes britanniques et américaines. Après la guerre, sa rencontre avec l’éditeur Baudinière est déterminante. Ce dernier met au point avec lui une véritable entreprise de marketing littéraire.
Pour la première fois, on vend des livres comme des évènements exceptionnels (campagne d’affiches, librairies ouvertes à minuit, etc.). La Madone des Sleepings s’écoule ainsi à trois cent mille exemplaires dans l’année, en 1925. Maurice Dekobra connait un succès international avec ce roman qui est adapté, ensuite, deux fois au cinéma.
Il est le père de la littérature cosmopolite, qui se partage l’imaginaire des lecteurs avec le mouvement surréaliste. C’est l’écrivain le plus lu de l’entre-deux-guerres. Il vend plus de 90 millions de livres et c’est une véritable star mondiale. Pour lui faire signer un livre à New-York, au Waldorf-Astoria, il faut faire jusqu’à 6 kilomètres de queue !
Voyageur, il rapporte généralement deux livres de ses périples : un livre de voyage et un roman. C’est un des premiers écrivains à écrire ses romans avec une véritable précision géographique. Il est à ce titre l’inventeur d’un nouveau type de littérature. On pense qu’il est un des inspirateurs du Tintin d’Hergé.
Un autre de ses succès, Macao, l’enfer du jeu, paru en 1938, est porté à l’écran par Jean Delannoy avec Erich von Stroheim dans le rôle de Werner von Krall.
Maurice Dekobra émigre aux Etats-Unis, en 1940. De retour en France, après-guerre, il se lance, avec une certaine réussite, dans l’écriture de romans policiers. Il obtient le Prix du Quai des Orfèvres en 1951.
C’est un membre de la Société des gens de lettres, de la Société des auteurs dramatiques, du Syndicat des journalistes et de l’Association des journalistes parisiens.
Il décède à Paris (18ème) le 1er juin 1973.
Extrait (de l’académicien Dominique Fernandez sur son style dans La Madone des Sleepings) :
« Le titre ridicule, la réputation déplorable de l’auteur, l’éviction de son nom des histoires de la littérature et des dictionnaires, tout dissuaderait de rouvrir un tel livre. Pourtant, ce n’est pas si mauvais. À la différence de Victor Margueritte, dont le succès n’a été que de scandale, Dekobra est un écrivain. On a beaucoup de plaisir et d’intérêt à le lire, et pas seulement à cause d’une intrigue bien faite.
(…) Ce qui est le plus à mettre au crédit de Dekobra, c’est le changement d’écriture dans cette seconde partie. Le voilà sobre, tout à coup, économe, comme s’il avait compris que sa virtuosité langagière serait ici déplacée. Car son style naturel, pour ainsi dire, c’est l’ornementation, la pointe, la préciosité, le chic mondain, qualités qui font mouche dans la première partie. (…)
Dekobra cite Alexandre Blok et Vladimir Maïakovski, mais ses références sont plutôt du côté de Paris-Match de l’époque. Sauf qu’il est capable de soutenir au fil des pages ce style brillant et persifleur, qu’on admire quand on le trouve chez un Aldous Huxley, un Paul Morand. «J’avoue ne m’être jamais trouvé dans un cas plus baroque », dit le narrateur (…).
Le mot et la notion de «baroque» étaient alors en plein discrédit, rappelons-le. L’esthétique puritaine de La Nouvelle Revue e proscrivait les fanfreluches et les paillettes. Il est possible que Dekobra n’ait pas été mû seulement par la recherche du succès populaire, et qu’il ait voulu réagir contre cette sorte de grisaille qui menaçait le roman et le condamnerait quand il serait tombé aux mains d’épigones moins doués qu’André Gide.
Seulement, il s’est trompé en croyant écrire un roman «baroque». Amusant, scintillant, tant qu’on veut, mais ne ressortissant, comme les châteaux de Louis II en Bavière, qu’à ce genre inférieur qu’est le kitsch. Il y flotte comme un écho de toutes les choses drôles, piquantes et tarabiscotées qu’on échange dans les salons entre gens d’esprit. »
Distinctions : chevalier (28 mars 1925), officier (10 août 1935) de la Légion d’honneur.
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur), Wikipedia. Date de création : 2017-01-06.
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