Léon René David voit le jour le 6 avril 1898. Il est tué dans la catastrophe ferroviaire de Châtelaudren (Côtes-d’Armor), le 29 octobre 1922, qui fait 19 morts, 36 blessés et 60 chevaux tués.
Sur la ligne Paris-Brest, vers 6 heures, dans une tempête de neige bloquant le fonctionnement des signaux, en gare de Châtelaudren, le rapide Paris-Brest percute un train de marchandises manœuvrant pour lui laisser la voie libre. Les trois voitures de tête du train tamponneur s’écrasent contre sa locomotive déraillée.
Le , la cour d’appel de Rennes (Ille-et-Vilaine) condamne pour homicide involontaire le sous-chef de gare de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) et un agent de la gare de Châtelaudren, respectivement à trois mois de prison ferme et un mois avec sursis.
Extrait (du journal Le Petit Echo du Châté, Journal d’informations municipales de Châtelaudren, 2e trimestre 2017) :
« Le samedi 28 octobre 1922, à 20h05, le rapide 501 quitte la gare de Paris-Montparnasse en direction de la Bretagne. Après un arrêt au Mans, il s’ébranle à nouveau vers l’ouest. La visibilité est réduite et des congères se sont formées sur la voie. Il faut ralentir le convoi et ainsi, au fil des kilomètres, les retards s’accumulent.
A la petite gare de Châtelaudren-Plouagat, il est cinq heures à la pendule. Il neige et le rapide 501 a pris du retard ; il aurait dû passer à 4h30 et il n’est toujours pas signalé.
Par contre, le train de marchandises 4555 a bien quitté Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) à son heure réglementaire, 4h50. Il arrive. L’employé de la gare s’emploie à guider le mécanicien du convoi pour la manœuvre d’arrimage des wagons qui stationnent sur une voie de garage. Plusieurs sont chargés de chevaux achetés à la grande foire par des marchands de Landivisiau.
Il est 5h30 lorsque le rapide 501 entre en gare de Saint-Brieuc. Tandis que la locomotive souffle au bout du quai et que l’on décharge le courrier du fourgon, la tempête de neige continue de plus belle. Quelques voyageurs frigorifiés s’installent hâtivement sur les banquettes en bois inconfortables puis le rapide reprend sa course.
Bientôt, vers 5h40, lancé à cent à l’heure, le 501 arrive un bruit d’enfer en gare de Châtelaudren-Plouagat, faisant trembler les vitres et les loupiotes du petit bâtiment, comme chaque matin.
Il est bientôt six heures et la manœuvre du train de marchandises se poursuit en gare de Châtelaudren. Guidé par le fanal de l’employé, le convoi s’engage en marche arrière sur la voie rapide. Dans quelques instants, le train de marchandise sera prêt à repartir vers Guingamp. A travers les cloisons de bois des wagons de queue, on entend les chevaux qui renâclent.
Le rapide n’est plus alors qu’à environ quinze cents mètres de la petite gare. Le mécanicien scrute intensément la nuit. Il aperçoit le signal avancé, il est ouvert, la voie est donc libre. La dernière courbe précédant Châtelaudren est abordée sans ralentir.
Soudain, l’imprévisible, l’ultime avertissement, le signal carré est fermé. Le mécanicien renverse aussitôt la vapeur et bloque tous les freins mais le rapide continue sa course, les roues patinent et là, trouant la nuit, apparait le feu arrière du train de marchandises.
La collision est effroyable. De toute sa vitesse, le rapide pulvérise les six derniers wagons du train de marchandises. Eventrée par la violence du choc, la locomotive sort des rails, entraîne les wagons de voyageurs au-delà des voies où ils se couchent et se disloquent.
Les habitants du quartier de la gare accourent déjà sur les lieux de la catastrophe. Mais la ville dort encore. Le tocsin la réveille. Sur place, les premiers sauveteurs sont à pied d’œuvre, des voyageurs courageux, des marins en particulier.
Les jets de vapeur et les torrents de fumée noire vomis par la locomotive les aveuglent. Ils pataugent dans la neige rougie du sang des chevaux éventrés, au milieu des cris des chevaux hurlants de terreur. Ils s’emploient à sortir les voyageurs de l’enchevêtrement de planches, de cloisons, d’essieux, de ferraille d’où s’élèvent des appels angoissés et des hurlements de douleur.
L’enquête démontrera que le facteur de la gare avait bien fermé les signaux pour couvrir la manœuvre du train de marchandises, mais que bloqué par la neige, le signal avancé n’avait pas fonctionné et que la sonnerie indiquant que le rouge n’avait cependant pas retenti…»
Sources : Le Petit Echo du Châté, Journal d’informations municipales de Châtelaudren (2e trimestre 2017). Date de création : 2022-11-05.