Sadegh Hedayat nait à Téhéran (Iran), le 17 février 1903. « Pratiquer le non-agir et tout restera dans l’ordre » : voilà la seule certitude de l’écrivain iranien Sadegh Hedayat, converti au bouddhisme. Tel est le sens des nouvelles recueillies dans L’abîme qui aurait aussi bien pu s’intituler la Méprise.
Naître et vouloir vivre, c’est la double méprise qui nous gouverne. Les personnages de Hedayat pataugent dans le malentendu. L’un se croit trahi, abandonne femme et enfant, l’autre s’éprend d’un mannequin en porcelaine, un troisième se tue par superstition, par dépit et défi, le dernier se précipite au rendez-vous avec sa maîtresse, mais se retrouve à visiter seul un cimetière.
L’homme – Hedayat ne se lasse pas de le répéter – est un « enterré vivant » auquel on a crié : « Va-t’en et meurs. » Seule la mort le rappellera à sa vérité première. Tant qu’il erre sur les confins de l’existence, il n’entend que la ritournelle de la méprise.
Dira-t-on de Sadegh Hedayat qu’il est un maniaque du morbide, qu’il n’écrit que sur la mort et pour les morts ? Il répondra : « Si sévèrement que les gens me jugent, ils ne savent pas que je me suis déjà jugé avec encore plus de sévérité, ils se moquent de moi et ignorent que je me moque d’eux encore plus. Je déteste et le lecteur et moi-même. Il se suicide à Paris, qu’il a tant aimé, le 10 avril 1951.
Œuvres : L’Abîme et autres récits.
Merci à Roland Jaccard pour son aide dans la rédaction de cette notice.
Sources : -. Date de création : 2008-01-30.