Reynaldo Hahn voit le jour au Venezuela, le 9 août 1875. Sa mère descend d’une famille espagnole installée au Venezuela depuis le XVIIIe siècle. Son père, Carlos Hahn, né à Hambourg et commerçant de son état, a immigré très jeune au Venezuela. Reynaldo est le benjamin de douze enfants.
Il a trois ou quatre ans quand ses parents décident de s’installer à Paris. Ils éliront domicile 6, rue du Cirque en 1878. En 1883, il publie une valse pour le piano, «L’inspiration», chez Delanchy, à Paris. En octobre 1885, il entre au Conservatoire, suit les classes de Grandjany, pour le solfège, de Descombes pour le piano.
A partir de 1887, il suit les classes de Théodore Dubois et de Lavignac, pour l’harmonie et de Jules Massenet pour la composition. Il reçoit une troisième médaille de piano, en 1888. L’année suivante, il effectue alors plusieurs voyages en Allemagne. Il obtient une première médaille de solfège au Conservatoire, en 1890.
Reynaldo Hahn compose des chansons dont certaines deviennent célèbres. Il crée chez Alphonse Daudet son cycle Chansons grises, sur des poèmes de Paul Verlaine (entre 1887 et 1890), en présence du poète. Reynaldo Hahn y accompagne au piano la soprano Sybil Anderson. Il obtient le premier accessit en harmonie au Conservatoire.
En 1894, chez Madeleine Lemaire à Dieppe, il fait la connaissance de Marcel Proust. Cette liaison dure jusqu’en 1896. Heugel publie, en 1895, une collection de vingt chansons, c’est un succès populaire. Pierre Loti lui demande, suite à cette publication, d’adapter pour l’Opéra son récit autobiographique «Le Mariage de Loti». L’Opéra Comique crée l’œuvre en mars 1898, sous le titre évocateur de L’Ile du rêve.
Il fait la connaissance de Sarah Bernhardt en 1896. Chez la princesse Mathilde, il fait la connaissance de Catulle Mendès, en 1898. En 1899, il est critique musical au journal La Presse, de 1904 à 1905, au journal La flèche. Son opéra La Carmélite est un échec, il abandonne alors jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, la musique de scène.
Avec ses amis intimes Sarah Bernhardt et Marcel Proust, il prend la défense du capitaine Dreyfus, victime de l’antisémitisme. En représailles, des provocateurs chahutent et troublent ses représentations publiques, et cela même après 1906 quand l’innocence du capitaine est enfin reconnue.
La même année, il dirige Don Juan à Salzbourg. Il est critique de 1908 à 1910, au journal Femina. En 1912, il est naturalisé français. Il fait son service militaire en 1913. Mobilisé en 1914, il demande à servir en qualité interprète, mais obtient un refus de la part de l’armée britannique.
Le 17 avril 1917, il est promu caporal et nommé au chiffre au Ministère de la guerre. Il se porte volontaire aux armées, l’année suivante. Au front, il compose un cycle de cinq chansons sur des poèmes de R.L Stevenson et esquisse son opéra inspiré du «Marchand de Venise» de Shakespeare.
Il crée à Paris Don Giovanni et La Flûte enchantée de Mozart. En 1919, il dirige l’Opéra du Casino de Cannes. Il participe à l’édition monumentale des œuvres de Jean-Philippe Rameau. Son opérette Ciboulette connaît un grand succès en 1923. De 1919 à 1921 il est critique à L’Excelsior. Alfred Cortot le nomme professeur d’interprétation du chant lors de la création de l’Ecole Normale de Musique à Paris.
Il compose en 1925 la musique de Mozart, une comédie musicale sur un livret de Sacha Guitry, avec Yvonne Printemps dans le rôle-titre. Il compose son œuvre la plus connue le Concerto pour piano, à la fin des années vingt. Une seconde fois, il s’associe avec Sacha Guitry pour O mon bel inconnu.
La même année son opérette Ciboulette devient un film. Il est alors critique musical au Figaro. Il devient membre du conseil supérieur de la radio en 1936. Pendant l’occupation, sous le régime de Vichy, 1940-1944, sa musique est interdite. Il doit se cacher. Il s’installe dans le Midi en 1940, puis il passe en zone libre de 1941 à 1942.
La reprise de Ciboulette au théâtre Marigny en 1942 est interdite pour cause d’antécédents familiaux juifs. Il engage des démarches pour prouver son ascendance aryenne, et s’installe à Monte-Carlo. Il effectue une tournée en « zone libre ».
A la fin de la guerre en 1945, il est nommé directeur de l’Opéra de Paris où il fait redécouvrir les œuvres d’Etienne Nicolas Méhul. Le 26 mars 1945, il devient membre de l’Institut. Reynaldo Hahn s’éteint le 28 janvier 1947, à Paris.
Distinctions : officier (19 août 1924), commandeur (2 janvier 1947) de la Légion d’honneur.
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2006-02-25.