Jacqueline, dite Jaïc, Domergue voit le jour le 8 septembre 1924, à Ismaïlia (Égypte). De 1949 à 1951, tout en faisant ses études d’infirmière, elle s’inscrit au corps des IPSA. (Infirmières Pilotes, parachutistes et Secouristes de l’Air). Elle a ainsi la possibilité de passer ses brevets de pilote tourisme et de suivre un entrainement poussé de parachutisme.
En 1951, elle passe son brevet d’infirmière et s’oriente vers le GMMTA (Groupement des Moyens Militaires de Transports Aériens). Elle y entre en janvier 1953. À ce titre, elle participe à la campagne d’Indochine. Elle se trouve à Dien-Bien-Phu avec sa camarade de promotion, Geneviève Gallard.
Ensuite c’est la campagne de Chypre. Elle est une des premières avec le corps expéditionnaire à mettre le pied à Port-Saïd (Egypte). Puis c’est l’Afrique du Nord où les missions sont nombreuses. Parallèlement à son activité militaire, elle consacre tout son temps libre au parachutisme.
C’est ainsi qu’en 1955, elle est championne de France de cette spécialité. En 1956, elle devient monitrice parachutiste, ce qui lui permet de participer, dès sa création, à l’activité du Para-Club d’Alger.
En novembre 1957, comme convoyeuse, elle se porte volontaire pour un service exceptionnel sur hélicoptère. Le 29 novembre 1957, au cours d’une évacuation sanitaire en hélicoptère au sud de l’Arba (Algérie), elle est tuée d’une balle en plein front.
Elle avait effectué 3400 heures de vol. On célèbre d’abord ses obsèques, le lundi 2 décembre 1957 à Alger, puis des obsèques nationales ont lieu aux Invalides pour le retour de son corps à Paris.
Distinctions : à titre posthume, chevalier de la Légion d’honneur, croix de la Valeur militaire avec Palme, croix de Vermeil de la Croix Rouge.
Hommages : Des rues portent son nom à Quimper (Finistère), le 23 février 1958, à Boulay-les-Barres (Loiret), le 27 septembre 2011, à Bron (Rhône), le 30 avril 2016, enfin, à Paris, le 5 juillet 2018. Le 19 mars 2017, pour le 55e anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie, une cérémonie a lieu au cimetière du Père-Lachaise en présence d’Anne Hidalgo, maire de Paris. Son nom est ajouté à la plaque du mémorial en hommage aux militaires « Morts pour la France » en Afrique du Nord de 1952 à 1962.
Extraits (de Radar n°462 du 15/12/1957) :
« Jaïc Domergue vraie fille de France. Elle portait sous le feu son sourire aux blessés » (page de couverture du journal) ; 3e « Femme » de l’année 1957 au sondage de Radio Luxembourg publié le 31/12/1957 ;
(de Valérie de La Renaudie, Sur les routes du ciel, les convoyeuses de l’air, Nouvelles Éditions latines) :
« Les combats engagés la veille, à une trentaine de kilomètres d’Alger entre Arba et le col de Sakamody, se sont terminés ce samedi 29 novembre 1957. On compte au total sept morts et dix-huit blessés chez les militaires ; quarante et un morts chez les fellagas. Parmi les victimes figure Mlle Jacqueline Domergue, dite Jaïc, infirmière parachutiste, atteinte d’une balle de mitraillette alors qu’elle chargeait un blessé à bord d’un hélicoptère. Grièvement blessée à la tête, elle succombera lors de son transport à l’hôpital. Jaïc Domergue avait 33 ans.
Pendant plusieurs heures, c’est un dialogue infernal où le crépitement sec des fusils mitrailleurs fellagha alternait avec les détonations des mortiers. Pour réduire les positions rebelles, des renforts étaient nécessaires. En attendant, des hommes tombaient… A 10 h 30, nos soldats voient enfin un hélicoptère se découper dans le ciel. Il s’approche, décrit une courbe, cherchant à repérer les blessés. Un jeune artilleur, gravement touché, gisait, râlant et presque inerte, à moins de quatre cents mètres des fellaghas.
L’hélicoptère descend vers lui en se balançant avec la légèreté d’une libellule. Il n’a pas encore, touché le sol qu’une femme, portant la combinaison bleue et le béret des infirmières parachutistes, saute à terre. Elle se penche vers le blessé. Le bruit du moteur est assourdissant, les rafales de mitrailleuse ininterrompues… Les soldats accroupis près de leur mortier regardent la scène, la gorge serrée… L’infirmière ne se redresse pas. Un homme, alors, saute à son tour de l’hélicoptère. Il charge prestement sur ses épaules le corps, vêtu d’une combinaison bleue et au béret encore vissé sur la tête aux cheveux roux.
L’hélicoptère reprend de la hauteur et s’éloigne vers Alger. Quelques heures plus tard, des artilleurs héliportés arrivent en renfort tandis que nos avions T-6 et P-47 attaquent le piton à la mitrailleuse et aux rockets. En fin de journée, sur le terrain repris par nos troupes, les rebelles laissent 41 morts. Cependant, à bord de l’hélicoptère, l’infirmière Jacqueline Domergue, frappée d’une balle au front, recevait des soins que l’on savait inutiles. Arrivée en fin de matinée à l’hôpital Maillot, elle expirait à une heure de l’après-midi.
Pour les parachutistes, les aviateurs, les membres du Para-Club d’Alger dont elle est la monitrice, pour les innombrables soldats qu’elle avait secourus sur les champs de bataille d’Indochine, d’Égypte et d’Algérie, Jacqueline Domergue est la populaire Jaïc, femme soldat, exemple vivant de bravoure, de dévouement et d’optimisme lucide. Elle est Jaïc, à la carrure athlétique et au visage d’ange, au regard de lumière et au sourire généreux. »
Sources : -. Date de création : 2108-11-29.