L’idole des banlieues populaires de Turquie, le chanteur kurde Ahmet Kaya, décède le 16 novembre 2000, à Paris, d’une crise cardiaque à l’âge de 43 ans. On l’enterre le 19 novembre, loin de sa terre natale et de son peuple qu’il chérissait tant.
Craignant des provocations des bandes de l’extrême droite et des tracasseries de la police turque, sa famille décide de ne pas rapatrier sa dépouille mortelle. La cérémonie commence à 11h00 à l’Institut kurde de Paris, dont il est un membre d’honneur, où une chapelle ardente a été dressée.
Des milliers de Kurdes ainsi que de nombreux Turcs, Arméniens et Français viennent s’incliner devant sa dépouille et signer le registre de condoléances. Partant de l’Institut kurde, le cortège funèbre arrive au cimetière vers 15h, se frayant difficilement le chemin au travers d’une foule d’environ 15 000 admirateurs et amis accourus de tous les coins d’Europe.
Après des interventions des personnalités kurdes, turques et françaises, et de son épouse, conformément à tradition kurde, deux chanteurs, Sivan Perwer et Ferhat Tunç, chantent deux élégies kurdes. Puis Ahmet Kaya est enterré en compagnie de ses propres chansons, tristes et poignantes, sur la mort sur l’exil, sur la liberté. Il repose à quelques pas de son ami, Yilmaz Güney, le grand cinéaste kurde, auteur de Yol, lui aussi mort en exil.
Extrait (de la déclaration de Mme Kaya dans la conférence de presse du 18 novembre à l’Institut kurde) :
« Ahmet n’est pas fâché contre la Turquie. Il s’opposait à un système qui le menaçait de 13 ans de prison pour ses opinions et ses chansons et qui l’a contraint à l’exil. Il n’avait pas volé, il n’avait tué personne : il est l’un des plus gros contribuables d’impôts du pays. Son seul crime est de revendiquer l’égalité des droits entre Turcs et Kurdes, le respect de l’identité kurde, le respect de la dignité humaine et de la liberté d’expression.
Il en est mort. Par respect pour ses idées et pour sa conception de la dignité, j’ai décidé de l’enterrer à Paris. Il y reposera jusqu’à ce que la Turquie devienne une démocratie digne de ce nom et jusqu’au jour où les chaînes de télévision publiques de Turquie diffusent de la musique kurde. »
Sources : Institut kurde de Paris. Date de création : 2007-01-26.