Maurice Audin voit le jour le 14 février 1932 à Béja (Tunisie). C’est le fils de Louis Audin (1900-1977) et d’Alphonsine Fort (1902-1989), tous deux de familles modestes. Son père est chef de la brigade de gendarmerie de Béja, dans le protectorat de Tunisie. Maurice Audin entre, en 1943, à l’école militaire préparatoire de Hammam Righa. En 1946, il entre à l’école d’Autun mais, en 1948, il renonce à une carrière d’officier.
Il revient alors suivre la classe de mathématiques élémentaires à Alger. Puis il fait des études de mathématiques à l’université d’Alger. Il obtient sa licence en juin 1953, puis un DES en juillet. Le professeur René de Possel le recrute comme assistant, poste dans lequel il est titularisé en 1954. Il prépare une thèse sur « les équations linéaires dans un espace vectoriel ».
En janvier 1953, il épouse Josette Sempé (1931-2019). Ils auront trois enfants : Michèle (1954), Louis (1955) et Pierre (1957). Maurice Audin adhère au Parti Communiste Algérien (PCA) en 1951. Il fréquente aussi l’association des étudiants musulmans, l’AEMAN (devenue, en 1955, l’UGEMA).
Face à la guerre d’Algérie, Maurice et Josette Audin font partie de la minorité anticolonialiste pour qui l’indépendance de l’Algérie est une évidence. C’est aussi la position du PCA. Mais on interdit le PCA le 13 septembre 1955. Il devient donc une organisation clandestine, en relation avec le FLN. La famille Audin participe alors à certaines opérations illégales. Ainsi, en 1956, elle exfiltre à l’étranger Larbi Bouhali, premier secrétaire du PCA.
En janvier 1957, l’état lance la « bataille d’Alger », dans laquelle la 10e division parachutiste du général Massu détient les pouvoirs de police dans la zone d’Alger. Cette unité se livre massivement à la torture et aux exécutions sommaires.
En mars 1957, Maurice Audin héberge un autre dirigeant communiste, Paul Caballero, quand un médecin, Georges Hadjadj, membre du PCA, le soigne. Quelques jours après l’attentat du Casino de la Corniche (3 juin 1957) qui fait 8 morts et 92 blessés, on arrête Hadjadj. Celui-ci avoue avoir soigné Caballero, au domicile de Maurice Audin.
Le 11 juin 1957, le capitaine Devis, avec des parachutistes, arrêtent Maurice Audin. Une souricière est installée dans l’appartement de la famille Audin. Le lendemain, elle permet d’arrêter Henri Alleg, ancien directeur du journal Alger républicain et auteur de La Question.
Après son arrestation, Maurice Audin disparaît et meurt à une date inconnue. On ne retrouve jamais son corps. Cette disparition a des effets considérables : c’est le début de l’ « affaire Audin ».
Le 7 juillet 1957, le journal Le Monde évoque assez longuement la disparition après la lettre que lui a adressée Josette Audin. Celle-ci dépose une plainte contre X pour homicide le 4 juillet 1957. On engage une enquête judiciaire.
Le 2 décembre 1957, à la demande de René de Possel, directeur de recherche, a lieu la soutenance de sa thèse, in absentia, à Paris devant un public nombreux. C’est René de Possel qui expose les résultats d’Audin. Ce dernier est reçu docteur ès sciences, avec mention « très honorable ».
Pour ses proches ainsi que pour nombre de journalistes et d’historiens, notamment Pierre Vidal-Naquet, des parachutistes le tuent, pendant son interrogatoire. L’armée et l’état qui affirment qu’il s’est évadé rejettent longtemps cette thèse. Mais le général Aussaresses finit par déclarer avoir donné l’ordre de le tuer au couteau pour faire croire à un meurtre par des Algériens.
Comme on ne retrouve pas le corps de Maurice Audin, un jugement du tribunal de grande instance d’Alger, le 1er juin 1963, établi son acte de décès en date du 21 juin 1957. Le tribunal de grande instance de la Seine, le 27 mai 1966, valide ce jugement.
La première reconnaissance officielle par la France de sa mort en détention est faite en juin 2014, par le président François Hollande, sans toutefois rendre publics les documents le confirmant. Le 13 septembre 2018, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement les responsabilités de l’état et de l’armée dans cet assassinat.
Hommages : Une rue porte son nom à Rennes (Ille-et-Vilaine), Vaulx-en-Velin (Rhône). Une station de la ligne 4 du tramway, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), porte aussi son nom, ainsi qu’un quai à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2019-06-27.