Charles Auguste Louis Joseph Demorny, dit comte de Morny, devenu duc de Morny, nait à Saint-Maurice (département du Simplon, aujourd’hui en Suisse) le 17 septembre 1811. C’est le fils naturel de la reine de Hollande, Hortense de Beauharnais, et du comte de Flahaut, et le petit-fils naturel de Talleyrand et le demi-frère de Napoléon III. Il évoque son ascendance avec humour en ces termes :
« Dans ma lignée, nous sommes bâtards de mère en fils depuis trois générations. Je suis arrière-petit-fils de roi, petit-fils d’évêque, fils de reine et frère d’empereur ».
Des parents nourriciers rétribués l’élèvent. A partir de 1816, il réside avec sa grand-mère paternelle, Adélaïde de Flahaut de la Billarderie, remariée à don José Maria de Souza Botelho, diplomate portugais. Il grandit dans les milieux orléanistes. Il voit sa mère Hortense, alors en exil, pour la première fois à 18 ans. C’est à cette époque qu’il décide de détacher la première syllabe de son patronyme et de signer dorénavant « de » Morny.
Demorny commence sa carrière, sous la monarchie de Juillet, comme brillant officier engagé dans la conquête de l’Algérie. Blessé et malade, il est rapatrié et il quitte la vie militaire.
Il se lance dans la fabrication de sucre de betterave en rachetant la sucrerie du Bourdon, à Aulnat (Puy-de-Dôme). Simultanément, il se fait élire, le 9 juillet 1842, député du Puy-de-Dôme. C’est aussi le fondateur de la Compagnie du chemin de fer du Grand Central.
Réélu en 1849, il entre en contact avec Louis-Napoléon Bonaparte, récemment élu président de la seconde République. Morny préside le conseil général du Puy-de-Dôme de 1852 à sa mort en 1865.
Il participe activement au coup d’état du 2 décembre 1851, permettant le rétablissement de l’Empire. Il devient alors ministre de l’intérieur, puis, président du Corps législatif, de 1854 à 1865.
Homme d’affaires, c’est un spéculateur parfaitement au courant des transactions fructueuses. Informé du futur tracé des boulevards haussmanniens, il y achète les terrains pour les revendre dix fois plus cher !
Il acquiert, en 1854, le château de Nades (Allier) qu’il fait reconstruire et doter d’une ferme-modèle. Il y reçoit fastueusement Jacques Offenbach (qui écrira le livret de l’opérette « Monsieur Choufleuri restera chez lui le… » sous le pseudonyme de Monsieur de Saint-Rémy) et Ludovic Halévy, qui séjournent et chassent sur les 2 000 hectares du domaine.
Le comte de Morny crée, avec son médecin personnel le docteur Oliffe, Deauville et Le Vésinet. Le comte Paul de Choulot dessine le superbe parc du Vésinet. De Morny lance l’actrice Sarah Bernhardt, et prend sous son aile l’écrivain Alphonse Daudet en lui confiant le secrétariat de ses affaires. Il lui inspire le personnage du duc de Mora dans son roman Le Nabab (1877).
Nommé ambassadeur en Russie le 7 septembre 1856, il mène grand train au Palais Vorontsov. Il s’éprend de la princesse Sophie Troubetskoï (1838-1896), suivante de la tsarine, et l’épouse le 19 janvier 1857.
Ils auront une fille, Mathilde, plus connue sous le surnom de Missy et qui défraiera la chronique par ses amours féminines et ses frasques.
Il devient duc par décret le 8 juillet 1862. Le duc de Morny décède à Paris, le 10 mars 1865. Il repose avec sa fille, Mathilde de Morny (1862-1944), l’amie, un temps, de Colette, et son épouse Sophie Troubetskoy (1836-1898).
Le 6 juin 1875, on vend aux enchères sa collection de tableaux, puis son écurie de chevaux de course et la majeure partie de ses biens. La jeune veuve se remarie avec le duc de Sesto, José Osorio y Silva, grand d’Espagne et ancien soupirant d’Eugénie de Montijo.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2005-10-20.