Nicolas Prosper Bourée voit le jour le 26 mars 1811, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). C’est le fils de Pierre Frédéric Bourée et de Suzanne née Martin. Son père est capitaine au 4ème régiment du corps impérial d’artillerie à Boulogne.
Ayant achevé ses études de droit, il entre au ministère des affaires étrangères en 1836. Il débute par le poste d’élève-consul à Barcelone pendant les années 1836-1837. Vers la fin de l’année 1837, il remplit par intérim les fonctions de consul à Valence (Espagne). Il y passe l’année 1838 et une partie de 1839.
Il épouse, en 1838, Sarah Godot d’Abmou, veuve du marquis de Ligondès, qui mourra, en octobre 1865, du choléra. De graves évènements ont lieu à Valence, à cette époque. L’armée de Don Carlos envahit l’Aragon et le royaume de Valence. Elle campe pendant quinze jours aux portes de la ville, en espérant s’en rendre maître.
Cela provoque à l’intérieur de la ville des émeutes où le sang coule à flots. Prosper Bourrée tint tête à l’orage et défend les intérêts de ses nationaux. Ceci lui vaut une lettre écrite de la main du comte Molé, alors président du conseil des ministres. Celui-ci félicite chaleureusement le jeune élève-consul de sa conduite habile et courageuse.
La récompense ne se fait pas longtemps attendre, et le 27 septembre de la même année (1839), Prosper Bourée devient consul à Beyrouth, au moment même où éclate la lutte entre le Sultan et Mehemet-Ali. Nicolas Bourée ne tarde pas à se trouver en désaccord avec Cochelet, alors consul général près le vice-roi d’Égypte.
Peu de temps après, Thiers le révoque et le rappelle à Paris pour rendre compte de sa conduite. Nicolas Bourée fournit des explications si plausibles qu’on décide son retour à Beyrouth immédiatement. Consul de première classe en 1844, puis consul général en 1846, il prend part aux laborieuses négociations qui préparent l’organisation nouvelle du Liban.
Puis on l’envoie comme consul général et chargé d’affaires près l’empereur du Maroc en 1849. Une escadre française, sous les ordres de l’amiral Dubourdieu, doit mettre à la raison l’empereur du Maroc et tirer vengeance d’actes nombreux de piraterie. Une des villes du littoral, Salé, est bombardée par l’escadre. Celle ci vient ensuite devant Tanger, prête à tirer de nouveau le canon, si besoin est.
Prosper Bourée est à bord du vaisseau amiral. Il endosse son uniforme et se fait descendre à terre, sans escorte. Seul, il traverse la ville au milieu d’une population hostile et se rend au consulat général. Là, il convoque ses collègues et adresse un ultimatum au pacha de Tanger. Il lui déclare que s’il n’accepte pas l’ultimatum, au bout d’un délai fort court, la ville sera bombardée et détruite. Le pacha se soumet ; il accepte l’ultimatum et on fait la paix.
L’année suivante, Prosper Bourée devient ministre plénipotentiaire en Chine. Mais il ne rejoint pas ce poste où reste de Bourboulet. En 1853 et 1854, il est chargé de missions d’exploration dans la Turquie en vue de la guerre prochaine de Crimée. En 1855, les grecs rêvent de la restauration de l’empire grec de Constantinople. On envoie Prosper Bourrée en mission auprès du roi Othon. Il est appuyé d’un corps d’armée de 10 000 hommes, aux ordres du général Maryan. Il débarque au Pirée et se rend à Athènes pour notifier au roi des grecs la volonté bien arrêtée des puissances occidentales.
On l’appelle, la même année aux fonctions de directeur politique aux affaires étrangères, mais à peine installé, il est nommé ministre plénipotentiaire en Perse. Il y conclut avec le shah un traité de commerce et d’amitiés. Il négocie aussi le concours offensif et défensif de la Perse pour le cas où la guerre contre la Russie se ferait aussi en Asie.
À son retour de Téhéran, il a, en 1859, à l’époque de la guerre d’Italie, la présidence du conseil supérieur chargé de décider de la validité des prises maritimes. On l’envoie faire une enquête en Allemagne sur l’état des esprits et ses conclusions paraissent n’avoir pas été étrangères à la prompte signature de la paix de Villafranca. Ministre en Grèce de 1860 à 1863, il assiste à la chute du roi Othon.
On l’envoie comme ministre plénipotentiaire et extraordinaire au Portugal, en 1864. Il y négocie diverse conventions et surtout un traité de commerce dans la préparation duquel l’économiste Natalis Rondot le seconde. Il doit représenter l’empereur Napoléon III, le 27 septembre 1865, en tenant sur les fonts baptismaux le fils du roi de Portugal.
Le 28 octobre 1866, Prosper Bourée devient ambassadeur à Constantinople en remplacement du marquis de Moustier qui vient d’être appelé au ministère des affaires étrangères. C’est lui qui décide le Sultan Abd-ul-Aziz à venir en France, en 1867, à l’occasion de l’Exposition. C’était la première fois qu’un Sultan ottoman se montre hors de ses Etats.
Propser Bourrée conclut avec lui, l’année suivante, une convention permettant aux français d’acquérir des propriétés dans l’empire ottoman. Il s’attache à pousser le gouvernement ottoman dans la voie de réformes, tout en le défendant contre ses ennemis en Grèce, sur le Danube ou en Asie. Par décret du 10 juin 1870, Prosper Bourée devient sénateur du Second Empire.
Prosper Bourée meurt le 9 juillet 1886. Il repose avec sa femme, son fils Frédéric Albert (1838-1914), ambassadeur de France, et sa femme, et avec son autre fils Paul Bourée (1844-1898), officier de marine.
Distinctions : chevalier (19 février 1842), officier (9 décembre 1850), commandeur (22 mars 1852), grand-officier (18 août 1861) de la Légion d’honneur, grand-croix de la Tour et de l’Epée (Portugal), grand-croix des ordres de St Grégoire le Grand, de l’Osmanie, du Sauveur de Grèce.
Sources : Généalogie de la famille Bourrée par Pierre Albert André Bourrée (1887-1960), Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2013-11-25.