(Jean-Louis) Charles Jaurès voit le jour à Castres (Tarn), le 5 décembre 1808. C’est le frère aîné de l’officier de marine Benjamin Jaurès et un grand-cousin de Jean Jaurès. Il entre au collège de la marine à Angoulême en 1825. Il débute comme aspirant, le 23 septembre 1827, sur la corvette Bayadère à la station navale du Levant. Enseigne de vaisseau le 31 janvier 1832, il passe lieutenant de vaisseau le 10 avril 1837. Il embarque comme second sur le Danaïde en mission scientifique autour du monde de 1840 à 1842.
Il se livre à de nombreux travaux hydrographiques et recueille des collections envoyées au Muséum national d’histoire naturelle. Capitaine de frégate le 17 octobre 1844, puis capitaine de vaisseau le 3 février 1852, il commande la frégate Jeanne d’Arc. Il remplit les doubles fonctions de chef de pavillon et de chef d’état-major de l’amiral Laguerre, commandant la division de Bourbon et d’Indochine (1852-1855).
Il participe aux opérations sur les côtes de Chine, en particulier à l’attaque de Shanghai, en janvier 1855. Contre-amiral le 9 juillet 1860, il devient major général du 3e arrondissement maritime à Lorient en août 1860. Puis il est commandant la division des mers de Chine en 1862, et, enfin, vice-amiral le 2 décembre 1864. Il rentre en France, en 1865, où il devient membre du Conseil des travaux de la marine.
En juillet 1856, il devient membre titulaire du Conseil d’Amirauté sous la présidence de l’amiral Charles Rigault de Genouilly, ministre de la Marine. Il commande le vaisseau l’Eylau de 1858 à 1860. Après avoir pris part à l’expédition d’Alger en 1830, il embarque sur le Louxor. Celui ci doit amener en France l’obélisque offert au roi par le Pacha d’Egypte Mehemet Ali. Au cours de cette mission, il se distingue dans une opération de sauvetage effectuée suite à un naufrage devant Le Caire.
Après avoir supporté pendant près d’un an les souffrances d’une maladie contractée en Extrême-Orient, l’amiral décède à Paris, le 11 juillet 1870. Il repose avec son beau-père, l’officier Jean-François Pierrugues (1794-1860), et avec le neveu de ce dernier, le diplomate Louis Auguste Feris, dit baron Félix de Beaujour (1765-1836).
Extrait (des Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse) :
« Né à Castres le 5 décembre 1808, Charles Jaurès est fils de négociants et cousin de Jean Jaurès. Une famille qui a la particularité de compter trois amiraux (Benjamin, Louis et Charles) dans sa généalogie. Charles Jaurès participa en 1830 à la prise d’Alger. Il fit ensuite partie de l’expédition chargée de ramener à Paris l’obélisque de Louxor offert par le pacha d’Egypte. Un navire, le Louxor, avait été spécialement conçu pour recevoir et transporter le fameux monolithe.
Il quitta Toulon le 15 avril 1831 et, au retour, fit escale à Cherbourg le 12 août 1833. Devant Le Caire, Charles Jaurès, suivi de quelques matelots, sauva de la noyade, en sautant dans le Nil, les passagers d’une barque chavirée. Durant les vingt-huit mois des opérations, tant sur le navire qu’à terre, il exécuta parfaitement des manœuvres délicates. L’obélisque est ensuite érigé, place de la Concorde, le 25 octobre 1836. On raconte que, un câble menaçant de se rompre, on entendit un cri : « mouillez les câbles ».
Cette voix anonyme dans la foule sauva la situation. C’est la voix de l’enseigne de vaisseau Jaurès. Lieutenant de vaisseau, Charles Jaurès participa à une mission scientifique dans une longue circumnavigation. Puis il sert, en qualité de second, sur la frégate à vapeur le Descartes dans l’escadre du vice-amiral prince de Joinville qui devient son ami. Il se distingue notamment lors de la prise de Tanger et d’un incendie à Toulon. Capitaine de frégate, commandant le Solon, il se trouve à Alger lorsqu’éclate la révolution de 1848.
Le gouvernement provisoire lui demande de prendre à son bord deux fils de Louis-Philippe, le vice-amiral prince de Joinville et le général de division duc d’Aumale, gouverneur général de l’Algérie, et leurs épouses, et de les conduire en Angleterre. Le commandant du Solon proposa aux deux princes de débarquer en Bretagne et de combattre la République, ce qu’ils se gardèrent d’accepter. Voilà donc l’officier de marine suspect d’orléanisme.
Mais en raison de ses capacités et de son intransigeant amour de la marine, sa carrière n’est point brisée. Capitaine de vaisseau en 1852. Après la campagne d’Italie, il est élevé au grade de contre-amiral en 1860. Puis, malgré les réticences de l’empereur Napoléon III, il reçoit le commandement d’une expédition dans les mers de Chine et du Japon, mission réussie qui avait exigé les talents manœuvriers et l’énergie du militaire et l’habileté du diplomate. Après quoi, en 1864, Charles Jaurès est nommé vice-amiral. Depuis 1856, il est membre de la commission internationale pour les travaux de percement de l’isthme de Suez et membre du Conseil de l’amirauté. »
Distinctions : commandeur de la Légion d’honneur (4 octobre 1855).
Sources : Communication présentée à l’Académie le 26 avril 2000 par M. Jean-Marc Gabaude ; Base Léonore (Légion d’honneur), Wikipedia. Date de création : 2014-10-29.