Paul (Jean Roger) Deharme voit le jour le 24 février 1898, à Paris. Marqué par Freud et la psychanalyse, il cherche à créer un art de l’expression radiophonique, aux débuts de la radio, dans les années 1920.
Cet art joue de tous les effets sonores de la voix, du langage, des bruits, de la musique. Il s’adresse à l’inconscient des auditeurs et auditrices. Comme il l’écrit dans son essai « Pour un art radiophonique »:
« L’art radiophonique, tel que je le propose, peut, qui sait ! devenir le cadre d’un mode d’enseignement, d’une maïeutique nouvelle qui accoucherait le subconscient ? Il peut s’en dégager un solfège pour une prochaine harmonie humaine…
L’art radiophonique est et restera proprement le domaine des images éveillées par les mots, (…) sa technique doit être de rendre ses images vivantes, de les maîtriser, de les manier. …Pourquoi ne rêverait on pas en écoutant la T.S.F. ? »
Il crée sa première œuvre radiophonique expérimentale, diffusée en mai 1928 sur Radio-Paris : Un incident au Pont du Hibou.
Deharme y met à l’épreuve les règles d’écriture radiophonique qu’il recommande : identification de l’auditeur au héros, récit au présent, récitant neutre, peu de dialogues, musique facile et expressive, etc.
Il prend la tête de la régie publicitaire Informations et publicité, puis devient directeur publicitaire de la station Radio-Cité. Il fonde et dirige les studios Foniric, un service de production radiophonique au sein d’Information et publicité. Celui-ci fournit, notamment à Radio Paris et Radio Luxembourg, des campagnes publicitaires. Il produit aussi des programmes de radio sponsorisés par des marques.
Paul Deharme organise un laboratoire de recherche au sein de Foniric. Il fait alors appel à des poètes, auteurs dramatiques ou littéraires, comme Robert Desnos, Jacques Prévert, Alejo Carpentier ou Antonin Artaud.
Paul Deharme propose, en 1933, à Robert Desnos de réaliser une émission à l’occasion de la publication par Le Petit Journal du feuilleton « Si c’était Fantômas !« . Desnos écrit une « suite radiophonique » à partir des romans d’Allain et Souvestre. Celle ci est ponctuée par les couplets de la « Complainte de Fantômas ». De nombreux participants animent l’émission (musiciens, chanteurs, tragédiens, clowns…) qui devient une véritable œuvre radiophonique.
« Foniric promeut une vision du médium radiophonique fièrement annoncée par son nom, en forme de calembour, qui associe le phonique et l’onirique, le son et le rêve. C’est la noble mission que donne en effet Deharme à la TSF : faire rêver l’auditeur. »
En 1927, il épouse la romancière et poétesse Lise Hirtz (1898-1980), une des muses du surréalisme. Nait de cette union Tristan Deharme, pour qui Robert Desnos écrira La Ménagerie de Tristan. Elle a reposé au Columbarium, dans la case 21 857, mais ses cendres ont été relevées. Valentine Hugo a peint son portrait en 1934, exposé au musée d’Israël à Jérusalem.
Paul Deharme meurt le 3 mai 1934, à Paris. Il repose avec son oncle, Ernest Deharme (1837-1916), ingénieur des chemins de fer puis professeur, et son beau-frère, le chirurgien Henri Hartmann (1860-1952).
Réalisations radiophoniques :
- Un incident au Pont du Hibou, première adaptation radiophonique, diffusée sur Radio Paris en mai 1928 ;
- La grande complainte de Fantômas, réalisé avec Alejo Carpentier, avec Robert Desnos et Antonin Artaud, sur une musique de Kurt Weil, émission patronnée par Le Petit Journal, diffusée le 3 novembre 1933 sur Radio-Paris, Radio-Luxembourg ;
- L’Ile des voix, d’après Robert Louis Stevenson, avec Lise Deharme, Marcel Herrand, Jean Marchat, Sylvain Itkine, diffusée le 2 mars 1935 sur Radio Luxembourg, puis le 7 avril 1935 sur Poste Parisien.
Publications :
- “Proposition d’un art radiophonique”, dans La Nouvelle Revue Française, n° 174, (1928) ;
- Pour un art radiophonique, Le rouge et le noir (1930).
Merci à Frédéric Dervieux pour son aie dans la réalisation de cette notice.
Sources : Thierry Engels ; Wikipedia. Date de création : 2021-08-30.