Jean (Armand) Zagrodzki voit le jour en 1920. Il meurt au combat, le 29 aout 1944.
Témoignage : (de Monsieur Jacques Garcin, président de l’Association départementale Mémoire de la Résistance, dans la Sarthe) :
« Michel Zagrodzki, lieutenant, chef de peloton au 4ème escadron Hargous du 12ème régiment de chasseurs d’Afrique, meurt au combat, à bord du char Bordelais à Mézières-sur-Ponthouin (Sarthe), le 10 août 1944. Jean Armand Zagrodzki, son frère, qui fait lui aussi partie de l’armée de Leclerc, sollicite l’honneur d’être muté au peloton de son frère disparu.
Le 19 août 1944, on l’affecte à l’unité et il prend le commandement du peloton de son frère sur le char baptisé, après la mort de son frère, Lt ZAGRODZKI. Le 20 août 1944, il fait des patrouilles. Le 21 août 1944, il arrive à Saint-Christophe-le-Jajolet (Orne). Le 23 août 1944, il part pour Sées (Orne), Mortagne (Orne) et arrive à Rambouillet (Yvelines) où il bivouaque dans la forêt, sous la pluie.
Le 24 août 1944, il part en direction du pont de Sèvres. A Jouy-en-Josas (Yvelines), il essuie quelques coups de feu. L’infanterie passe en tête et progresse difficilement. Au carrefour de la route de Versailles, au Petit Jouy, il essuie un feu nourri d’armes automatiques. L’infanterie et les chars neutralisent ce secteur. La progression est lente sur 800 mètres.
Vers 14h00, les chars du 4ème Escadron/1er peloton, Lt ZAGRODZKI ; Médoc ; Béarn et Toulouse précédés d’une section d’infanterie à pied, traversent Jouy-en-Josas (Yvelines) et se portent vers le carrefour Route de Versailles-Choisy-le-Roi. A 200 mètres du carrefour, l’aspirant Zagrodski, à bord du char Lt ZAGRODZKI, détruit une pièce ennemie.
La progression continue, mais à 20h au carrefour le char Lt ZAGRODZKI est pris sous le feu. Des impacts d’obus criblent la tourelle (on en recensera 42 !). Le pilote fait vite marche arrière. Un obus touche l’aspirant Zagrodski qui avait le buste hors de la tourelle lors de la progression. Celui ci lui érafle la tempe droite. L’équipage sort son chef de l’habitacle. Il vit encore mais ne peut parler. »
Témoignage (de Melle Périnet, infirmière de la Croix Rouge) :
« Entre 13h45 et 14h00, je pars avec une Jeep en direction du Petit Robinson pour y chercher un blessé. Arrivée à la hauteur du hangar Lebarouilly, je change de véhicule pour celui qui transporte le blessé, c’est l’aspirant Zagrodzki, avec son affreuse blessure à la tempe. Il a une hémorragie interne et le pouls devint imperceptible.
En arrivant au poste de secours, le blessé dit à l’infirmière : {Mademoiselle, avant de mourir, je veux entendre la Marseillaise». On exauce son vœu : Mme Maignan, secouriste, lui chante doucement l’hymne patriotique pendant que le médecin prodigue les premiers soins et le fait diriger ensuite sur Orsay où il meurt en arrivant.
Malgré ces pertes, l’objectif doit être maintenu : Paris. Le char Bordelais II avec à son bord Arthur Kaiser arrive dans la capitale. Il s’arrête à deux pas de l’Arc de Triomphe. Arthur Kaiser, qui a bien connu les frères Zagrodski, descend sur le trottoir pour se dégourdir les jambes.
A peine a-t-il mis pied à terre qu’une dame, fluette, toute de noir vêtue et visiblement angoissée, l’interpelle très timidement et discrètement : – Jeune homme, vous êtes apparemment du 12ème Chasseurs ? – Oui, madame. – Connaissez-vous le lieutenant Zagrodzki ou l’aspirant du même nom ? Kaiser est surpris et extrêmement gêné par cette question, car il comprend immédiatement qu’il s’agit de la maman des frères Zagrodzki.
Très ému par cette vieille mère, il la dirige vers son commandant pour ne pas avoir à lui révéler le grand malheur. ».
On inhume l’aspirant Jean Armand Zagrodski au carré militaire du cimetière de St-Rémy-lès-Chevreuses (Yvelines). On l’en exhume, le 23 janvier 1948 pour rejoindre ici son frère ainé, Michel Zagrodzki (1914-1944) mort au combat peu avant lui.
Il repose aussi avec son ancêtre polonais, Adam Félix Zagrodzki (1811-1863), officier lors de l’insurrection polonaise de 1831. Emigré en France, celui ci devient fabricant et marchand de tissus. Il repose enfin avec les deux fils de ce dernier, Armand Michel Zagrodzki (1839-1882) et Charles Alphonse Zagrodzki (1843-1878), des commerçants anciens élèves de l’école des Batignolles.
Distinctions : La Légion d’honneur indiquée dans l’inscription ne figure pas dans la Base Léonore ; croix de guerre.
Sources : Zaworonko-Olejniczak (Hanna) En terre d’exil, Tombeaux polonais dans les cimetières de Paris et de Montmorency, 2011. Date de création : 2017-01-08.