Charles Marie de Chilly voit le jour le 2 décembre 1804 à Stenay (Meuse). Il perd de bonne heure son père, Gabriel François de Chilly, receveur des contributions, et il est élevé par son oncle maternel, le colonel Michaud. Son éducation terminée, il vient à Paris et entre dans une maison de commerce.
Il commence sa carrière dans un modeste théâtre du quartier Popincourt, à Paris, puis au théâtre Doyen, rue Transnonain, où il joue avec succès le rôle de Daiglemont, dans Les étourdis de François Andrieux. Il se met à étudier sérieusement cet art et prend les conseils de Joanny (1773-1849). Le 19 avril 1827, il parait, pour la première fois, sur la scène de l’Odéon. Il y tient des rôles d’amoureux du répertoire classique, comme Valère de Tartuffe.
Puis il s’engage dans une troupe formée par Bocage et Sabatier. Avec elle, il circule pendant deux ans en province, passant entre autres à Moulins, en 1827, et à Tours, en 1828. En 1829, il rentre à Paris où il est de nouveau engagé à l’Odéon pour des emplois de second amoureux dans la comédie et de seconds rôles dans la tragédie et le drame.
Harel, le directeur de l’Odéon, abandonne ce théâtre pour celui de la Porte-Saint-Martin, en 1831, et il emmène de Chilly avec lui.
En 1836, il part avec Delafosse à Amsterdam. Au Théâtre-Français de cette ville, il tient pendant un an des emplois de premier rôle dans le drame et la comédie. De retour à Paris, il entre, le 27 février 1839, au théâtre de l’Ambigu-Comique pour remplacer Saint-Firmin qui vient de mourir.
Il débute dans ce théâtre le 29 octobre 1839 en créant le rôle d’Arwed dans Christophe le Suédois, drame de Joseph Bouchardy. Bientôt il trouve sa véritable voie : l’emploi des traîtres, auquel son jeu et sa diction mordante donnent une physionomie distincte et caractéristique.
Ce n’est plus le traître de l’ancien mélodrame, avec sa grosse voix, ses regards sournois, ses éclats de voix faisant rouler les R, et les gestes menaçants. C’est un jeu plus mesuré, où la raillerie mordante est habilement dissimulée sous les dehors de l’homme du monde, dont la voix saccadée trahit seule parfois sa haine et la vengeance qui l’agite.
De Chilly devient directeur de l’Ambigu, le 3 février 1858, après la mort de Charles Desnoyer. Sa gestion habile ramène à ce théâtre le public qui s’en était éloigné. Il devient, en 1867, associé à la direction du théâtre de l’Odéon. Des œuvres littéraires reparaissent au répertoire. Des artistes célèbres, comme Ligier, Frédérick Lemaître et Lafont, y viennent créer des rôles.
En 1872, il monte Ruy Blas avec Lafontaine, Geffroy, Mélingue, et Sarah Bernhardt. C’est un triomphe, avec 400 000 francs de recettes ! Le 11 juin, Victor Hugo donne au Brébant une fête intime aux artistes, pour célébrer le succès de la reprise de Ruy Blas. Chilly, déjà malade — il avait été frappé de paralysie — s’y rend malgré tout.
Il perd soudain connaissance, frappé d’apoplexie. Son fils et Amédée Artus, son beau-frère, n’ont que le temps de le reconduire chez lui, où il expire peu après. Sarah Bernhardt, au chapitre 21 de ses Mémoires, décrit longuement cette scène du repas où Charles de Chilly perd connaissance.
Rôles :
Au Théâtre de l’Odéon :
- Une Fête de Néron, drame d’Alexandre Soumet et de Louis Belmontet, le 28 décembre 1829 ;
- Christine ou Stockholm, Fontainebleau et Rome, trilogie dramatique d’Alexandre Dumas, le 30 mars 1830 ;
- Manon Lescaut, comédie de Pierre Carmouche et Frédéric de Courcy, le 26 juin 1830 ;
- Guillaume Tell, tragédie de Michel Pichald, le 22 juillet 1830 ;
- Nobles et bourgeois ou la Justice des partis, drame de Frédéric Soulié et Auguste Cavé, le 20 septembre 1830 ;
- Le roi fainéant ou Childebert III, tragédie de Jacques François Ancelot, le 7 octobre 1830 ;
- La Séparation, comédie de Mélesville et Pierre Carmouche, le 1er novembre 1830 ;
- Un changement de ministère, comédie d’Édouard Mazères et Empis, le 12 mars 1831 ;
- Les Secrets de la Cour, comédie d’Auguste Arnould et de Narcisse Fournier, le 31 mars 1831 ;
- Kernox le fou, drame de Cordelier-Delanoue, le 17 mai 1831 ;
- Le jeune Prince, comédie-drame de Merville, le 7 juillet 1831 ;
- L’homme au masque de fer, drame d’Auguste Arnould et Narcisse Fournier, le 3 août 1831 ;
- Mirabeau, drame de Victor Bohain, le 3 novembre 1831 ;
- Le Clerc de la basoche, drame d’Eugène Scribe, le 14 novembre 1931.
Au Théâtre de la Porte-Saint-Martin :
- Le monomane, drame de Charles Duveyrier ;
- Pinto ou la Journée d’une conspiration, drame de Népomucène Lemercier ;
- Charles III, comédie-drame de Théophile Deyeux ;
- Marie Tudor, drame de Victor Hugo.
A l’Ambigu-Comique :
- La Calomnie, drame de Charles Desnoyers le 8 juillet 1840 ;
- Madeleine, drame d’Auguste Anicet-Bourgeois et d’Alexandre Martin, le 7 janvier 1843 ;
- Les Bohémiens de Paris, drame d’Adolphe d’Ennery et d’Eugène Grangé, le 27 septembre 1843 ;
- Miracle des roses, drame d’Hippolyte Hostein et d’Alexandre Martin ;
- Talismans, drame de Frédéric Soulié, le 30 janvier 1845 ;
- Les mousquetaires, drame d’Alexandre Dumas et d’Auguste Maquet, le 27 octobre 1845 ;
- La Jeunesse dorée, drame de Léon Gozlan ;
- Marthe et Marie, drame d’Auguste Anicet-Bourgeois et d’Adolphe d’Ennery ;
- Le Juif errant, drame d’Eugène Sue, le 23 juin 1849 ;
- La dame de la halle, drame d’Auguste Anicet-Bourgeois et de Michel Gaudiohot-Masson, le 14 février 1852 ;
- Sarah la créole, drame d’Adrien Decourcelle et d’Adolphe Jaime fils ;
- Le mémorial de Sainte-Hélène, drame de Michel Carré et de Jules Barbier ;
- Jean le cocher, drame de Joseph Bouchardy ;
- La case de l’oncle Tom, drame de Dumanoir ;
- La prière des naufragés, drame d’Adolphe d’Ennery et de Ferdinand Dugué.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2009-07-22.