Ces dames du temps jadis, belles, cruelles avec les hommes de leur époque, mais vivantes, bien en chair et pleine de vivacité, pliant aux moindre désir de messieurs riches, importants. Voici le portrait de l’une d’entre elles, une courtisane, comme on se plaisait à le dire sous le règne de l’Empereur Napoléon III (et après). (Régis Dufour-Forrestier).
Léonide Alexandrine Leblanc voit le jour le 8 décembre 1842, à Dampierre-en-Burly (Loiret). C’est la fille d’Antoine Leblanc et de Lucie Alexandrine née Godeau. Elle est d’abord été institutrice à Paris, puis s’oriente vers le théâtre. Elle débute sa carrière au théâtre de Belleville. Puis elle passe aux Variétés, au Gymnase, à la porte Saint Martin, à la Gaieté…
On l’applaudit dans Henriette Maréchal des frères de Goncourt à l’Odéon, pièce donnée le 3 mars 1885. Elle est parmi les françaises les plus célèbres comme actrices et en tant que courtisane sous le Second Empire. Tés exigeante financièrement, elle demande le maximum à ses amants.
On dit d’elle: « Si vous la mettiez au sommet du Mont Blanc, elle serait encore accessible. » On la surnomme « Mademoiselle maximum ». Son hôtel particulier de la rue de Prony (Paris, 17ème) est un monument de luxe et de bon goût. On l’estime, à l’époque, à plus de trois cent mille francs (or, d’avant 1914 !).
Elle a, parmi ses bonnes fortunes, des princes, des banquiers, des hommes politiques, des aristocrates russes et des hommes d’affaires. On compte parmi ses soupirants: Aurélien Scholl, le prince Napoléon (dit Plon-plon), Georges Clémenceau… Seule ombre au tableau, la préfecture de Police, dans ses rapports, la qualifie de « douairière, morphinomane et lesbienne ».
On rapporte aussi qu’elle est « la volupté de la chair et du sang ». Son plus célèbre amant est le duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe. On la décrit ainsi : « Tendre et vermeille comme un beau fruit, le pied fin et les bras les plus beaux du monde ». Le duc, vieillissant, est son dernier soutien, et ce, jusqu’à son dernier souffle.
Une cour pressante l’entoure toujours, faisant le siège de l’appartement qu’elle partage avec le duc d’Aumale. Pour tempérer les ardeurs de ces messieurs, elle aurait fait confectionner une sorte de mannequin avec une effigie du duc d’Aumale, avec une tête en cire et un corps en chiffon.
Quand ses prétendants se montrent trop pressants, elle leur désigne, de loin, sur un fauteuil, le supposé duc endormi, en disant: « Monseigneur est là ». Elle souligne souvent du peu de largesse, à ses yeux, dans les émoluments consentis par son ducal amant. Elle aurait eu cette saillie à ce propos: « Ces Orléans, vous ne les connaissez pas, ils en sont restés aux prix d’avant 48″.
On rapporte qu’au cours d’un voyage en chemin de fer, la conversation porte sur le duc d’Aumale. L’un des voyageurs déclare » Je déjeune avec le duc demain « , un second déclare » Nous allons prendre le thé avec lui samedi », un troisième tout de go, enchaîne : « Nous sommes invités à dîner dimanche ».
Le train arrivé à destination, Léonide se lève. Elle dit avec son plus beau sourire » Et moi, messieurs, mesdames, je dors avec son altesse ce soir ». Elle termine sa vie dans la solitude.
Léonide Alexandrine Leblanc décède le 31 janvier 1894, à Paris, des suites d’une longue maladie. Ses obsèques ont lieu en l’église Saint-Louis d’Antin. Presque personne n’est là, aucun théâtre n’est représenté, pas de fleurs non plus. Le deuil est conduit par un oncle et deux cousins.
Merci à Olivier (HolyvieR) pour la découverte de cette personne.
Sources : Le Gaulois, 4 février 1894 ; Wikipedia. Date de création : 2014-02-01.