Edouard Nono voit le jour en 1947.
A l’occasion d’un séjour à l’île de la Réunion, il réalise des photographies argentiques de graines, en noir et blanc. Puis il les travaille à l’ordinateur.
Il choisit un format unique, celui de la feuille de papier 21 x 29,7 cm. Il conserve, pour chaque cliché, le même fond, totalement neutre, qui est le blanc du papier photographique semi-mat. Lors de présentations publiques, il préfère installer ses photos, sans cadre, à l’intérieur de vitrines.
En s’attachant exclusivement à la photographie de végétaux, il a délimité son sujet comme un botaniste peut se consacrer à l’étude d’un genre spécifique de plantes. Ce parti pris est le point de départ de ses clichés de graines, de glands et de fleurs. Ses photos sont habitées par la mémoire prégnante des herbiers et celles des planches encyclopédiques.
De prime abord, cette mémoire produit, certes, du lien entre les images que l’artiste donne à voir, mais elle n’est pas le sujet de sa démarche. Celle-ci s’oriente vers d’autres champs de la perception, dans un rapport complémentaire entre technique et esthétique.
Edouard Nono donne la priorité à une grande diversité : contrastes des formes, des couleurs, des matières. D’un côté, complexité des organismes, de l’autre simplicité des lignes. Il rappelle la « puissance primitive » de la plante, évoquée par le photographe allemand Karl Blossfeldt :
« Elle oblige tout ce qui existe à acquérir une forme hautement artistique ».
La macrophotographie permet un agrandissement d’une grande netteté, avec une bonne profondeur de champ. Dans ses travaux, Edouard Nono agrandit les sujets, sans pour autant gagner systématiquement en précision, ni en netteté, comme la macrophotographie le permet.
A l’expérimentation scientifique, il substitue l’approche esthétique : il redistribue à sa convenance les pixels sur l’écran et invente des configurations inconnues de plantes. Au service de l’imagination, et non de la science, le dessein qui préside à la création de végétaux sur papier ne parodie-t-il pas la multiplication par boutures, qui est le mode de reproduction naturel des plantes ?
Sources : Couderc (Sylvie) Edouard Nono, dans l’infinie largesse de l’art. Date de création : 2021-11-11.