Le monument d’Héloïse et d’Abélard (1817)
Le nouveau cimetière de l’Est attire peu les parisiens. Ils préfèrent le cimetière de leur paroisse, même quand celui-ci est plein et qu’il est interdit de continuer à l’utiliser. Mais ils trouvent aussi le lieu trop éloigné du centre de Paris. En effet, le cimetière est juste hors des remparts, à cette époque.
La ville de Paris demande à l’architecte Alexandre Théodore Brongniart de transformer le parc abandonné de l’ancien domaine en « champ élyséen ». C’est à dire un vaste jardin avec des allées plantées. En 1817, elle fait installer des monuments à Héloïse et Pierre Abélard, couple mis à la mode par le romantisme naissant, et Molière et La Fontaine … et elle organise la translation des dépouilles en grandes pompes.
En 1800, l’architecte Alexandre Lenoir avait créé un tombeau pour accueillir les restes du couple mythique. Il était dans le jardin du musée des monuments français (ex couvent des Petits-Augustins). C’est un pastiche gothique avec des bas-reliefs venant de la chapelle de la Vierge de Saint-Germain-des-Prés, des abbayes de Saint-Denis et de Royaumont, et de l’église des Grands-Carmes de Metz. Après la fermeture du musée, en 1817, on déplace donc ce monument (non signé).
L’architecte demande au sculpteur Pierre Nicolas Beauvallet de réaliser deux gisants représentant Héloïse et Abélard, qu’il ajoute dans son monument original. Par souci d’authenticité, celui ci aurait même demandé de mouler les têtes d’après les cranes qui avaient été exhumés ! Les attributs monastiques s’inspirent de gisants réels de tombeaux médiévaux : tonsure pour Abélard et voile pour Héloïse.
Lors d’une restauration, en 1992-93, un des bas-relief originaux et les têtes de Beauvallet, ainsi que les mains des gisants, rejoignent le Musée Carnavalet (Paris), pour des raisons de protection. On les remplace par des copies. Le bas-relief vient de l’abbaye de Royaumont où avait été enterré le prince héritier du trône, Louis de France, le fils ainé de Saint Louis, en 1620. Il représente la translation du corps. On y voit les encensoirs qui permettent de diffuser une odeur masquant celle du cadavre.
Pour lire la notice de Pierre Abélard (1079-1142) et celle d’Héloïse (1101-1164).
Sources : Archives du Musée des Monuments Français, tome III, Paris, 1817 ; Musée Carnavalet.
Date de création : 2020-12-25.