(Félix) Hippolyte Larrey voit le jour à Paris, le 18 septembre 1808. C’est le fils de Dominique Larrey (1766-1842), chirurgien de la Garde Impériale de Napoléon 1er. A sa naissance, celui ci est en campagne pendant la guerre d’Espagne avec le futur maréchal Bessières. Le jeune Hippolyte est élevé par sa mère, Élisabeth, et aussi sa sœur ainée de dix ans plus âgée, Isaure.
De son père, il n’aura jamais que des souvenirs furtifs, le grand homme parcourant l’Europe derrière l’Empereur, sans trêve ni repos. De bataille en bataille, campagne après campagne jusqu’à la finale, Waterloo en 1815. Son environnement est brillant, très brillant. Réceptions, fréquentation à très haut niveau des autorités au pouvoir. Tout cela aurait dû faire quelque peu tourner la tête à notre jeune homme.
Au début de la Restauration, élève appliqué et studieux, il fait ses études aux lycées Saint-Louis et Louis le Grand. En 1828, il s’inscrit à la Faculté de Médecine de Paris, pour la plus grande satisfaction de son chirurgien de père. C’est le major de la promotion du concours de chirurgien élève du Val-de-Grâce, sous l’instigation très pressante de son père, qui détermine sa vocation et sa carrière de chirurgien militaire.
En 1829, on le retrouve à l’école d’instruction de Strasbourg, où il passe le concours de fin d’année, puis il sert avec le grade de sous-aide major de l’hôpital dit du « Gros-Caillou » à Paris dont son père est chirurgien en chef. Il garde ce poste jusqu’en 1832. Il participe activement aux soins lors des « Trois Glorieuses ». Larrey soutient sa thèse de doctorat le 16 avril 1832. Il fait ses premières armes et reçoit le baptême du feu lors du siège d’Anvers. Larrey supplée le chirurgien en chef Zunck aux ambulances du quartier général. Il opère dans la sacristie de l’église Saint-Laurent.
Larrey est professeur agrégé à la Faculté de Médecine en 1837. Il pratique alors une clientèle privée, qui devient très rapidement importante. Lors du retour des cendres de l’Empereur Napoléon, en 1840, il assiste aux cérémonies, soutenant de son bras son père Dominique en uniforme qu’il portait à Wagram. En 1841, il devient professeur au Val-de-Grâce. En 1842, il accompagne son père lors de l’ultime voyage d’inspection du vétéran du 1er Empire en Algérie.
Il devient chirurgien major de 2eme classe, malheureusement, au retour de cette expédition, le baron Dominique Larrey meurt à Lyon (Rhône). Son fils devient donc, naturellement baron à l’âge de trente-quatre ans. Dès lors, sa carrière prend son essor. En 1848, suite à la répression de l’insurrection par Cavaignac, il porte ses soins aux blessés. Il devient membre, en 1849, de la Société de Chirurgie de Paris.
En 1850, Il inaugure la statue de son père au Val-de-Grâce, œuvre de Pierre Jean David d’Angers, 35 ans après Waterloo. Puis, vient la consécration : en 1851, il devient chirurgien de l’Empereur Napoléon III. En 1852, c’est le premier titulaire de la chaire de chirurgie de guerre et il est élu à l’Académie Impériale de Médecine. En 1854, il devient chirurgien en chef au Val-de-grâce. Parallèlement, il participe à deux créations majeures : l’Ecole d’Application du Val-de-Grâce en 1853, et l’Ecole Impériale du Service de Santé Militaire à Strasbourg en 1856.
Cette dernière va héberger les célèbres «Carabins Rouges». En 1856, il inaugure la statue de son père dans le hall de l’Académie Impériale de Médecine, œuvre de Pierre Robinet. A partir de 1858, il devient médecin inspecteur au Conseil de Santé des Armées et Chirurgien en chef de l’armée pour la guerre d’Italie à laquelle il participe activement. En 1863, il est président de l’Académie Impériale de Médecine et président du Congrès de chirurgie. Il est élu à l’Académie des Sciences, en 1867.
En 1868, il est président du Conseil de Santé, à l’époque, le plus haut poste militaire. Avec la guerre Franco-prussienne de 1870, sa carrière prend un tournant plus politique. Début 1870, il est chirurgien en chef de l’Armée du Rhin. Les difficultés d’organisation des secours compliquent sa tâche.
Puis en 1871, il devient directeur des Services chirurgicaux, responsable des ambulances pendant le siège de Paris et la Commune. Hippolyte Larrey, atteint par la limite d’âge, prend sa retraite en 1872. Mais, il ne cesse pas ses activités, loin de là. De 1878 à 1881, c’est le président de la Société Protectrice des Animaux. Puis, de 1877 à 1880, il est député des Hautes-Pyrénées.
A ce poste, son action effective est dans l’intérêt du Service de Santé des armées. Cependant, il ne se présente pas aux élections de 1881. Il va se consacrer désormais pleinement à ses travaux d’historien de l’Empire, avec notamment une biographie de la mère de Napoléon intitulée « Madame mère : Napoleonis mater »(1892).
C’est dans la demeure achetée par son père en 1830, à Bièvres, que la mort vient le chercher le 8 octobre 1895. Le 18 du même mois, on l’inhume, après une cérémonie dans la cour d’honneur du Val-de-Grâce. Il reposait avec son père, avant qu’on transfère celui ci aux Invalides. Sa compagne Juliette Dodu, espionne et héroïne de la guerre de 1870, est sa légataire universelle.
Distinctions : chevalier (1845, date exacte manquante dans la Base Léonore), commandeur (1859, date exacte manquante dans la Base Léonore), grand-officier de la Légion d’honneur (15 octobre 1871).
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2008-10-04.