Quelques dates de référence
XIIIe-XVe siècle. L’Archevêque de Paris possède en sortie de Paris, sur la colline de Charonne, une propriété champêtre dite « champ l’évêque ». Vendue à un bourgeois parisien, Régnault Wandonne, elle prend son nom et devient la « Folie-Régnault ».
En 1626, les jésuites de Paris, installés rue Saint-Antoine (église Saint-Paul et couvent devenus le Lycée Charlemagne), acquièrent cette propriété. Ils lui donnent le nom de « Mont-Louis » en l’honneur du roi Louis XIII. Louis XIV, en 1652, surveille du haut de la propriété la bataille du Faubourg Saint-Antoine. Ceci ne fait que renforcer le nom.
En 1675, le père François de la Chaize, supérieur des jésuites, devient confesseur et conseiller du roi Louis XIV. Il apprécie beaucoup le Mont-Louis où il passe des retraites spirituelles. Il s’y fait donc bâtir, en 1676, un château financé par Louis XIV, agrémenté de jardins à la française.
En 1762, on expulse les jésuites de France. L’état vend alors le Mont-Louis. Plusieurs propriétaires privés s’y succèdent pendant quarante ans. Le château de 1676 prend le nom de «Maison du Père La Chaise». On met en culture les jardins des jésuites mais on conserve les bosquets. Ils finissent par tomber en ruines.
En 1803, Napoléon Bonaparte, premier Consul, autorise la Ville de Paris à acheter le Mont-Louis pour en faire un cimetière.
Le 21 mai 1804, le préfet de la Seine, Nicolas Frochot, chargé de l’administration de Paris, ouvre le Cimetière de l’Est (c’est son nom officiel). Rapidement, les parisiens l’appellent communément le « cimetière du Père Lachaise », voire « le Père Lachaise ». On y autorise la promenade publique, ce qui est une innovation pour l’époque.
En juin 1804, on pose la pierre tombale de Reine Fevez, morte à 49 ans : c’est le plus ancien monument du cimetière.
En 1809, on crée l’enclos israélite, à côté de la porte historique, dite aujourd’hui Porte du Repos. En 1809, sa mère édifie le cénotaphe du dragon Antoine de Guillaume-Lagrange ; c’est la première sculpture du cimetière représentant ce militaire napoléonien mort en Pologne, aujourd’hui classée monument historique.
En 1810, la famille Greffulhe fait construire une chapelle, première chapelle funéraire et premier grand monument du site, par l’architecte et paysagiste Alexandre Théodore Brongniart. Pour y attirer les parisiens, en 1810, Alexandre Théodore Brongniart doit aménager le cimetière en parc funéraire à l’anglaise. Il dresse donc le premier plan d’aménagement du Père Lachaise puis dessine, en 1813, le grand tombeau du poète Delille, aujourd’hui classé monument historique.
En 1817, on transfère au Père Lachaise des restes de Molière et La Fontaine ainsi que d’Héloïse et Abélard dans de somptueux tombeaux de prestige, imités de l’antiquité, du Moyen-Age et de la renaissance. Le cimetière devient alors à la mode et les grands monuments affluent. Plusieurs accueillent des maréchaux et généraux Napoléoniens. Les meilleurs architectes et les plus grands sculpteurs de l’époque réalisent alors des chefs-d ‘œuvres au Père Lachaise.
En 1820-1822, l’architecte Etienne Hippolyte Godde, successeur de Brongniart, bâtit deux monuments aujourd’hui classés, la Porte principale et la chapelle, dite de l’et. On retrace la rue de la Roquette pour qu’elle vienne se terminer en face de la Porte principale. La chapelle remplace le château du père de la Chaize.
En 1831, le tombeau grandiose du général Foy devient le lieu de ralliement des bonapartistes, à la place du cénotaphe du dragon, la Restauration ayant volontairement modifié le site pour éviter les rassemblements.
En 1836, se dresse le tombeau du baron Félix de Beaujour, en forme de cheminée-phare : c’est encore aujourd’hui le plus haut monument du Père Lachaise (20m), sur un rond-point prévu par Brongniart.
En 1837, est construit le tombeau grandiose de Casimir Perier, premier ministre de Louis-Philippe, mort du choléra lors de l’épidémie de 1832. Il est érigé sur le grand rond-point par les monarchistes, en réplique à celui du général Foy qui l’avait été par les nostalgiques de l’empire.
En 1840-1848, le prince Demidoff fait déplacer le tombeau de sa mère (qui était un temple de style grec de 1818) sur un énorme mausolée. Ce monument est encore le plus grand du Père Lachaise.
En 1842, Préault sculpte « Le Silence » pour la tombe de Jacob Roblès dans l’enclos israélite.
En 1847, Pierre Jean David d’Angers sculpte le tombeau du général Jacques Nicolas Gobert : c’est son chef d’œuvre funéraire.
En 1848 est érigé un mémorial pour les victimes des émeutes de juin 1832 et 1834 ; c’est le premier des grands mémoriaux collectifs.
En 1850, les tombeaux de Frédéric Chopin par Auguste Clésinger et d’Honoré de Balzac par Pierre Jean David d’Angers marquent les esprits.
Sous le second empire et la troisième république, de 1852 aux années 1900, se construisent de nombreuses chapelles. Les plus grandes sont celles de grandes fortunes Say (Sucre), Menier (Chocolat), Hautoy (Travaux Publics), Cail (matériel ferroviaire)… ou du politique Adolphe Thiers.
En 1857 on ouvre l’enclos musulman, à la demande de l’Empire Ottoman, et on y construit une petite mosquée. Un an après, en 1858, cet enclos accueille la reine indienne d’Oudh.
En 1873 sont érigés les mémoriaux de la guerre de 1870 (Combats de Buzenval) et du siège de Paris.
Les plus grands sculpteurs s’illustrent au Père Lachaise : Jules Dalou avec des gisants (Auguste Blanqui, Victor Noir), et des bustes (A. Wolff, Charles Floquet avec la statue de La République), et, plus tard, Auguste Bartholdi, en 1902, pour la statue du Sergent Hoff.
En 1885-1889, l’architecte Jean Camille Formigé construit le premier Crematorium en France, puis le Columbarium.
En 1899, le sculpteur Paul-Albert Bartholomé construit le Monument aux morts, aujourd’hui classé monument historique.
En 1912, Jacob Epstein, sculpteur anglais, réalise l’étonnant tombeau d’Oscar Wilde, aujourd’hui classé.
En 1917, les bombardements de la « Grosse Bertha », canon allemand, provoque des dégâts. Après la première guerre, on érige de nombreux mémoriaux pour les Combattants étrangers morts pour la France.
Après la seconde, d’autres mémoriaux s’y ajoutent pour les camps de concentration et d’extermination nazis.
En 1950, un ossuaire est construit derrière le Monument aux Morts. On aménage alors la partie visible du site en jardin devant la chapelle et le monument Thiers. En 1985, la Ville de Paris crée le premier « Jardin du Souvenir » en France, qui permet la dispersion des cendres.
En 2004, un obélisque marque le bicentenaire de la création du cimetière.
Sources : -. Date de création : 2007-01-15.