Le nom de Franconi, si familier aux amateurs des exercices équestres, est celui d’une famille noble d’Italie. Le premier qui lui donne la célébrité dans l’art de dresser les chevaux, Antonio Franconi, nait à Udine (Italie) le 5 août 1737. Il doit fuir sa patrie suite à la condamnation à mort de son père qui a tué en duel un sénateur. Il vient donc en France à l’âge de 20 ans.
Pour subvenir à ses besoins, il doit chercher à se créer des ressources. Il les trouve dans la physique qu’il avait cultivée dans sa jeunesse. Il parait pour la première fois devant le public en qualité de physicien. Bientôt, il fait voir des oiseaux savants, puis d’autres animaux qu’il dresse avec un talent remarquable.
Les curieux de Lyon et de Bordeaux applaudissent à ses efforts. C’est à Bordeaux qu’il rencontre le duc de Duras. Celui ci lui permettra d’introduire en France le spectacle favori des Espagnols, les combats de taureaux. Les taureaux et les toréadors que Franconi est allé chercher lui-même en Espagne ont un succès prodigieux. De trente lieues à la ronde on accourt pour les voir.
Mais, jaloux des bénéfices de leur directeur, les toréadors le menacent de donner des combats à leur propre compte. Un soir de représentation, quand déjà le public impatient attend dans la salle, ils refusent de jouter. Franconi n’est pas un bateleur vulgaire, c’est un homme de cœur et de résolution. Sans se déconcerter de ce refus, il s’élance dans le cirque, seul, en bas de soie, la poitrine découverte, et pique le taureau.
Les Bordelais sont effrayés de tant d’audace et de courage. Dès ce jour, Franconi fait seul les combats de taureau, et la foule ne cesse grandir à ses représentations. Après avoir exploité alternativement Lyon et Bordeaux, Franconi arrive à Paris en 1783. Il s’associe avec Astley, célèbre écuyer anglais, qui a depuis trois ans ouvert un manège dans la rue du Faubourg-du-Temple. Mais le spectacle de ses animaux savants ne plait pas autant aux Parisiens que les exercices de son collaborateur.
Au bout de deux ans, il retourne à Lyon, où Balpe, autre écuyer fameux, auquel il a loué son cirque, a donné aux habitants le goût de ses manœuvres. Sa ménagerie ne plait pas autant, tout comme à Paris. Loin de se décourager, Franconi résout de lutter avec son heureux locataire. Il achète des chevaux, les dresse lui-même, et au bout d’un mois il rouvre sa salle aux bravos des Lyonnais.
La Révolution interrompt le cours du ses succès et de ses recettes. Il voit son cirque détruit au siège de Lyon. Puis il revient à Paris vers la fin de 1792. Il reparait au faubourg du Temple avec toute sa famille qui compose sa troupe d’écuyers et d’écuyères. En 1793 et en 1799, le théâtre de Mlle Montansier et celui de la Cité se l’adjoignent momentanément. Il y figure avec ses chevaux dans plusieurs ballets et pantomimes.
En 1806, le cirque, déjà transporté depuis quatre ans dans l’ancien jardin des Capucines, doit changer encore de place. Antoine Franconi, devenu aveugle après de brillantes affaires, cède alors son établissement à ses deux fils Laurent et Gérard. Ceux ci, fin 1809, ouvrent, rue du Mont Thabor, une nouvelle salle où ils varient les exercices d’équitation par des pantomimes montées avec une pompe dont on n’avait pas encore vu d’exemple.
Ils retournent au faubourg du Temple, sur l’emplacement jadis occupé par Astley. Mais, chassés en 1826 par un horrible incendie, ils parviennent à l’aide de souscriptions à édifier le vaste amphithéâtre qui s’élève aujourd’hui sur le boulevard du Temple. Pendant vingt-cinq ans, à Paris et dans les tournées qu’ils font annuellement en province et même à l’étranger, les frères Franconi soutiennent dignement la réputation de leur père.
Habile surtout dans l’art de dresser les animaux, l’aîné étonne les amateurs de ces exercices par la docilité des chevaux, des cerfs et même des éléphants formés par lui. Le jeune s’occupe de la mise en scène et même de la composition des mimodrames. Dans ceux ci sa femme figure avec un talent digne d’une scène plus élevée. Enfin ils se retirent successivement, laissant à Adolphe Franconi, fils adoptif du plus jeune d’entre eux, le soin de continuer leurs traditions.
Depuis 1833, le cirque est exploité par une société dans laquelle Adolphe Franconi reste chargé de l’éducation artistique des chevaux et de la mise en scène des ouvrages dramatiques. Antoine Franconi meurt à Paris le 6 décembre 1836, à l’âge de 98 ans.
Depuis longtemps il avait recouvré la vue, grâce aux soins du baron de Forlens, et il n’avait plus d’autre plaisir que d’assister presque tous les soirs aux représentations du cirque, assis dans un fauteuil placé exprès pour lui à la première galerie, où de ses faibles mains il essayait encore d’applaudir aux travaux de ses successeurs.
Le jour du convoi, d’après ses dernières volontés, un cheval suit immédiatement son corbillard. Il repose avec ses fils, Antoine Laurent Franconi (1776-1849), Jean Gérard Henri Franconi (1780-1849), son petit-fils, Adolphe Henri Franconi (1802-1855) et avec son arrière-petit-fils par alliance, le médecin physiologiste Jean Vincent Laborde (1830-1903).
Sources : -. Date de création : 2007-02-11.