Abdelghani Bousta voit le jour le 18 février 1949, à Marrakech (Maroc). Il grandit au sein d’une grande famille aisée. Son père, Haj Mjid est Super Caid et sa mère, Hajja Fatima est femme au foyer. Il a quatre frères: Mustapha, Abdellatif, Abdelhamid, Abdellah, et une sœur Khadija. Il se marie avec Hayat Berrada avec qui il aura deux enfants : Amine et Rhita.
En 1957, à 8 ans, encouragé par son école, il fait son premier discours au lendemain de l’indépendance marocaine. Celui-ci est centré sur l’urgence de l’engagement de tous les Marocains pour la construction d’un Maroc libéré. En 1965, à 16 ans, il obtient son Baccalauréat scientifique au Lycée Ibn Abbad de Marrakech. Il poursuit ses études à l’École Mohammadia d’ingénieurs (EMI) de Rabat.
Durant cette période, il participe aux luttes estudiantines. À 20 ans, il est ingénieur en électronique. Mais il ne peut rejoindre le monde du travail car ses professeurs considèrent qu’il est trop jeune pour assurer des responsabilités professionnelles. Il se rend alors en France, à Grenoble, pour y poursuivre un DEA et une spécialité en automatique industrielle à l’Institut polytechnique de Grenoble (IPG).
Arrivé à Grenoble, il rentre dans les rangs de l’Union nationale des forces populaires (UNFP) et milite de manière soutenue au sein du parti et de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM). En 1971, il rejoint la tendance qui opte pour le choix des armes, dirigé par Mohamed Basri (dit le Fquih). Diplômé en automatique industrielle et ayant soutenu son travail de recherche, il rentre en 1972 au Maroc où il est nommé, à l’âge de 23 ans, directeur des barrages du Sud marocain.
Au début mars 1973, des militants de l’UNFP traversent la frontière algéro-marocaine. Il rejoignent l’Atlas pour une action armée dans la région de Khénifra, opération connue sous « Affaire de Moulay Bouazza ». Ils sont encerclés le 3 mars 1973 par les forces de police. Plusieurs d’entre eux dont Mahmoud Bennouna, Assekour Mohamed, Brahim Tizniti vont périr. D’autres militants risquent leur vie en tentant de rejoindre l’Algérie.
À la suite de ces événements un grand nombre de militants sont arrêtés. Seize d’entre eux, condamnés à mort, sont exécutés le 1er novembre 1973. Il s’agit d’Omar Dahkoun, Abdellah Ben Mohamed, Aît Lahcen, Barou M’Barek, Bouchakouk Mohamed, Hassan Idrissi, Moha Nait Berri, Taghjite Lahcen. Ces événements le poussent à la clandestinité de mai 1973 à septembre 1974.
En 1975, il contribue, avec le Mouvement Option Révolutionnaire, à l’analyse critique de l’UNFP. Il condamne sans équivoque ces évènements et leurs responsables :
« […] L’expérience de mars 1973 a contribué à éclaircir les contradictions internes du Parti et à faire apparaître toute sa direction sous son vrai visage : une direction putschiste et aventuriste qui n’hésite pas à sacrifier des dizaines de militants dans une bataille incertaine. »
Abdelghani s’exile à Paris en septembre 1974. À la suite du congrès constitutif de l’Union socialiste des forces populaires en 1975, il considère que la direction du Parti a fait un pas en arrière. Dès lors, avec un certain nombre de militants, il juge nécessaire de fonder un courant de pensée comme alternative politique, condamnant d’une part, les choix et activités populistes et putschistes et d’autre part, les orientations opportunistes et réformistes.
Sur ces bases, il crée, le 1er mai 1975, le mouvement El Ikhtiar Attaouri (Option Révolutionnaire). En 1977, il fonde avec d’autres, l’association Trois Continents, ouverte à un certain nombre de militants arabes (Syriens, Algériens, palestiniens…). Paraît alors le premier numéro d’une revue tiers-mondiste fidèle aux options révolutionnaires de Mehdi Ben Barka.
Malheureusement, la revue, dès sa première parution, est sabordée car on lui retire tous les moyens financiers. Il fonde, alors, le Centre Averroès. Il y dirige plusieurs traductions d’ouvrages en langue arabe : Le Commandeur des croyants de J. Watherbury, Le fellah marocain, détenteur du trône de Rémi Leveau, Maroc, Impérialisme et Immigration de A. Baroudi.
Le mouvement Option Révolutionnaire s’étend en Hollande, Belgique, Espagne, Italie, Allemagne, en France mais aussi en Libye et en Algérie. Les rencontres sont de véritables confrontations idéologiques et politiques. On y élabore des programmes d’action pour condamner le régime marocain et développer des liens avec les différents courants de la gauche marocaine.
Parallèlement, les contradictions avec Mohamed Basri s’accentuent. Le mouvement publie, le 2 février 1983, un communiqué clarifiant la rupture de ses relations avec lui. En 1983, la majorité des militants de la Commission administrative nationale de l’Union Socialiste des Forces Populaires prennent position contre le bureau politique et s’en séparent.
Ceci amène Bousta à proposer la dissolution du mouvement Option Révolutionnaire. Un grand nombre de militants rejoignent alors l’USFP-CAN dont il est le représentant à l’étranger. En 1986, il fonde la revue Alwatane (la Nation) qui s’intéresse aux questions de libération, de développement et de socialisme au Maroc et dans le monde arabe. Puis il créée, en 1989, avec d’autres camarades le Centre Marocain pour la Coopération et les Droits de l’Homme.
En 1993, se tient le congrès constitutif du PADS (Parti de l’Avant-garde Démocratique Socialiste). Les militants en exil y participent par téléphone. À cette occasion, Abdelghani Bousta s’exprime. À partir de cette date, il représente le PADS pour les relations internationales en tant que membre du bureau national et du Comité central. Il fait crée, en septembre 1993, le bulletin La lettre du Maroc, organe du PADS à l’étranger.
Bousta participe à des congrès en France, en Espagne, au Portugal… Il anime des conférences et colloques sur les droits de l’homme et la situation politique au Maroc. À la suite de l’amnistie générale de 1994 et après une grande hésitation, il décide de retourner de temps à autre au Maroc, animé par la volonté de contribuer avec ses camarades à l’évolution et la consolidation du Parti.
Il participe régulièrement à différentes réunions du Comité central et avance des propositions concrètes sur le programme d’actions, écrit des articles de fond dans le journal du Parti (Attarik), notamment sur l’histoire critique du mouvement national et de l’UNFP. En octobre 1995, dans une déclaration interne explicite, il présente sa démission du bureau national du PADS tout en restant membre du Comité central.
À partir de cette date, son souci premier est de s’engager dans l’écriture de l’histoire politique du Maroc. Parallèlement, il s’investit pour regrouper tous les textes et les écrits de Ben Barka aux côtés de sa famille. Il souhaite, à travers l’analyse politique de Ben Barka, dégager les repères d’analyse de la politique actuelle. Par ailleurs, fidèle à son engagement, il compte participer au prochain congrès de son parti, en 1999, par des contributions idéologiques et politiques.
En juillet 1996, il fait face à un cancer avancé, à 47 ans. Malgré cela, pendant plus de deux ans, il assure la rédaction, la publication et la diffusion du bulletin Droits pluriels, et il participe à des conférences.
Il décède le 21 septembre 1998, à Paris.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2108-09-21.