Victor Ambroise, vicomte Lanjuinais voit le jour le 4 novembre 1802, à Paris. C’est le fils de Jean Denis, comte Lanjuinais (1753-1827) et de Julie Pauline Sainte des Champs de La Porte (1769-1841). C’est aussi le frère de Paul Eugène, futur comte Lanjuinais (1799-1872) et sénateur. Il étudie le droit et devient avocat.
Lanjuinais commence sa carrière politique, en 1830, comme conseiller municipal du 10e arrondissement de Paris. Il est élu, le 17 février 1838, député du 3e collège de la Loire-Inférieure (Pont-Rousseau), en remplacement de M. Billault. Il siège au centre gauche et opine généralement avec le tiers-parti.
Il est successivement réélu le 2 mars 1839, le 9 juillet 1842, contre M. Betting de Lancastel, et le 1er août 1846, contre le même concurrent. Il combat modérément la politique de Guizot. Dans la session de 1847, il vote pour la proposition de réforme électorale. Mais il refuse de s’associer à la campagne des banquets.
Lanjuinais doit à sa vie parlementaire d’avoir rencontré Alexis de Tocqueville. Il partage ses opinions libérales et l’implique dans la plupart de ses projets politiques. Il participe, ainsi, à l’aventure du Commerce en prenant des parts dans la société d’exploitation du journal. Lanjuinais s’intéresse aussi vivement au projet de constitution d’un parti de la « Jeune Gauche ».
Il partage également avec Tocqueville son goût des voyages. Il s’inquiète, comme lui, du sort de la colonie française d’Algérie, où les deux amis se retrouvent d’ailleurs en 1846.
Extrait (des Souvenirs d’A. de Tocqueville) :
« En somme, c’était un associé très sûr et, à tout prendre, le plus honnête homme que j’aie rencontré dans la vie publique et celui de tous qui m’ait paru mêler à son amour du bien public le moins de vues particulières ou intéressées. […] Son humeur est aussi calme et aussi paisible que la mienne est inquiète et troublée. Méthodique, lent, paresseux, prudent, méticuleux même, il n’entrait que très difficilement dans une entreprise, mais, une fois entré, n’y reculait jamais et s’y montrait jusqu’au bout résolu et têtu comme un paysan breton. »
Toujours avec Tocqueville, Lanjuinais fait partie du groupe d’étude sur la question sociale créé par Frédéric Le Play en 1848. Après la révolution de 1848, il représente, dans les rangs des conservateurs, le 23 avril 1848, la Loire-Inférieure à l’Assemblée constituante.
Lanjuinais vote avec la droite : pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière, pour le rétablissement de la contrainte par corps et contre l’amendement Grévy. Il est aussi contre le droit au travail, pour la proposition Rateau, contre l’amnistie, pour l’interdiction des clubs, pour l’expédition de Rome, contre l’abolition de l’impôt des boissons, etc.
Secrétaire du comité des Finances, il combat le socialisme, préconise les solutions économiques de l’école du « laisser-faire ». Il se montre l’adversaire du papier-monnaie. Il propose de parer au déficit par la consolidation des bons du Trésor et des livrets de caisse d’épargne et par l’émission d’un emprunt de deux cents millions.
Après de vifs débats, où M. de Lasteyrie et Berryer l’appuient, son opinion l’emporte devant le comité, puis devant l’Assemblée, non sans avoir obtenu le suffrage du gouverneur de la Banque de France (d’Argout) et du syndic des agents de change. On le charge ensuite de plusieurs rapports importants sur des questions financières.
Il fait partie de la commission d’enquête sur la manifestation du 15 mai 1848 et celle du 23 juin 1848. Lorsque Rateau demande, au nom de la droite, la dissolution de la Constituante, il signe avec lui la motion qui prévaut, et qui tend à une dissolution volontaire de l’Assemblée après le vote de la loi électorale. Les royalistes purs lui ayant retiré leur appui dans la Loire-Inférieure aux élections générales pour la Législative, Lanjuinais ne réussit à se faire réélire.
Il se retire à la campagne. Mais, le 2 juin 1849, Odilon Barrot (1791-1873) l’appelle, comme ministre du Commerce et de l’Agriculture, à faire partie de son cabinet. Il ne tarde pas d’ailleurs à revenir au parlement. Le 8 juillet, onze réélections ayant eu lieu à Paris par suite d’options ou de démissions, Lanjuinais, candidat conservateur, est élu. Comme ministre du Commerce, il prend part à la suppression du système des quarantaines du Levant.
Il veut aussi mettre fin au monopole de la boulangerie parisienne, mais son successeur ne confirme pas cette décision. On le charge, pendant trois mois, de l’intérim du ministère de l’Instruction publique et des Cultes. Il obtient alors l’autorisation collective des synodes provinciaux qui seraient tenus pendant le cours de l’année 1849.
Soutenu par la majorité de droite, le cabinet, dont Lanjuinais fait partie, est révoqué le 31 octobre. Il refuse alors d’entrer dans de nouvelles combinaisons. Mais il participe à l’Assemblée aux travaux de plusieurs commissions, comme celle de la marine et celle des boissons. Il est, en outre, président et rapporteur de la commission d’enquête sur la viande de boucherie.
Adversaire du coup d’État du 2 décembre 1851, il proteste contre cet acte. Il fait partie des représentants (dont Berryer et Tocqueville) qui, réunis à la mairie du 10e arrondissement de Paris, votent la déchéance du Prince-Président. Après avoir subi une courte détention au château de Vincennes, il retourne dans la vie privée. Il refuse, en 1857, la candidature au Corps législatif. Mais il reparait au parlement, le 1er juin 1863, comme candidat indépendant de la 2e circonscription de la Loire-Inférieure.
Lanjuinais siège dans le tiers-parti orléaniste. Il se sépare de la gauche au sujet de la loi de 1864 sur les coalitions, qu’il vote avec Émile Ollivier. Il parle, en 1867, sur le budget de la Justice, pour blâmer l’intervention des juges de paix dans la politique. En effet, un certain nombre de ces magistrats ont été obligés d’envoyer aux parquets un rapport trimestriel sur l’attitude des partis.
Il meurt avant la fin de la législature, à Paris, le 1er janvier 1869. Il repose avec son père, Jean Denis, comte Lanjuinais (1753-1827), député puis sénateur, son oncle, Joseph Elisabeth Lanjuinais (1754-1835), chanoine de la cathédrale de Rennes, et avec son frère, Paul Eugène, comte Lanjuinais (1799-1872), sénateur.
Publications :
- Notice sur la vie et les ouvrages de son père (1832) ;
- Nouvelles Recherches sur la question de l’or (1863), in la Revue des Deux-Mondes.
Distinctions : chevalier (10 juin 1837) de la Légion d’honneur.
Sources : Wikipedia ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2016-02-14.