Benjamin Constant de Rebecque, dit Benjamin Constant, voit le jour dans une famille protestante d’origine française, à Lausanne (Suisse), le 25 octobre 1767. Son père est colonel au service des Provinces Unies. Il voyage beaucoup dans sa jeunesse, et accueille favorablement les idées de la révolution française.
En 1794, il commence une liaison avec Germaine de Staël-Holstein, animatrice du Cercle de Coppet, foyer du libéralisme anti-Napoléonien et du romantisme naissant. Ses premiers écrits politiques défendent le Directoire contre toutes les formes de réaction. Il devient alors l’un des personnages les plus écoutés des milieux libéraux. Bonaparte, après le 18 brumaire, le fait membre du tribunat.
Il est cependant après 1802 victime avec ses amis de l’autoritarisme du Premier Consul. Constant quitte alors le tribunat et doit s’exiler. Il en profite pour s’atteler à un ouvrage énorme en cinq volumes. Celui ci, «De La religion considérée dans sa source, ses formes et son développement», paraît de 1824 à 1831. En 1806, il compose «Adolphe», récit psychologique paru dix années plus tard, mais qui installe sa réputation littéraire.
Pendant les Cent-Jours, Napoléon le nomme conseiller d’état. Après la chute de l’empire, il se réfugie en Angleterre. Revenu en France à la restauration, le régime s’étant adouci, il soutient les Bourbons mais reprend sa place dans l’opposition, dont il apparaît comme l’un des orateurs les plus brillants. En 1819, il se fait élire à la Chambre des Députés. Après les Trois glorieuses, en 1830, il décède à Paris.
Extrait (du Cahier rouge, premier chapitre) :
« Je suis né le 25 octobre 1767, à Lausanne, en Suisse, d’Henriette de Chandieu, d’une ancienne famille française réfugiée dans le pays de Vaud pour cause de religion, et de Juste Constant de Rebecque, colonel dans un régiment suisse au service de la Hollande. Ma mère meurt en couches, huit jours après ma naissance.
Le premier gouverneur dont j’aie conservé un souvenir un peu distinct est un Allemand nommé Stroelin, qui me rouait de coups, puis m’étouffait de caresses pour que je ne me plaignisse pas à mon père. Je lui tins toujours fidèlement parole, mais la chose s’étant découverte malgré moi, on le renvoya de la maison.
Il avait eu, du reste, une idée assez ingénieuse, c’est de me faire inventer le grec pour me l’apprendre, c’est-à-dire qu’il me proposa de nous faire à nous deux une langue qui ne serait connue que de nous : je me passionnai pour cette idée. Nous formâmes d’abord un alphabet, où il introduisit les lettres grecques.
Puis nous commençâmes un Dictionnaire dans lequel chaque mot français est traduit par un mot grec. Tout cela se gravait merveilleusement dans ma tête, parce que je m’en croyais l’inventeur. Je savais déjà une foule de mots grecs, et je m’occupais de donner à ces mots de ma création des lois générales, c’est-à-dire que j’apprenais la grammaire grecque, quand mon précepteur est chassé. J’étais alors âgé de cinq ans. »
Sources : -. Date de création : 2005-09-12.