Anne Louis Girodet de Roucy, plus connu sous son nom d’artiste Girodet-Trioson, ou plus simplement Girodet, voit le jour à Montargis (Loiret), le 5 janvier 1767. Peintre, son œuvre est dérangeante, hors normes, voire subversive. Elle est souvent fascinante et étrange.
Mais de sa peinture s’exhale une beauté sombre, secrète, hors du temps et des modes, l’œuvre excelle dans la prose et le travail de la lumière. Trioson est le nom de son père adoptif. Il passe son enfance à Montargis. Girodet est aussi doué pour la musique (le violon en particulier) que pour le dessin. Il doit faire son choix. Girodet arrive à Paris et rejoint l’atelier de Louis David, en 1785.
Il en est un des élèves les plus talentueux. En 1787, il passe pour la première fois le Prix de Rome, mais on le disqualifie pour avoir sorti des croquis de l’enceinte de l’épreuve, ce qui est formellement interdit. Il le retente une deuxième fois en présentant «La Mort de Titus», il obtient la seconde place. Il en est le lauréat en 1789 avec «Joseph, reconnu par ses frères».
Girodet rejoint alors Rome et y crée «Le Sommeil d’Endymion» et «Hippocrate refusant les présents d’Artaxerxés». Mais, en 1793, on exclut les français des états du pape et il doit quitter Rome. Il séjourne alors dans plusieurs villes de la péninsule italienne. Revenu à Paris en 1795, il peint plusieurs tableaux majeurs dont le portrait de «Jean-Baptiste Belley» en 1797, «Mademoiselle Lange en Danaé» (1799), «La leçon de géographie» (1803), «Les Funérailles d’Atala» (1808), le portrait de «François-René de Chateaubriand» (1809).
David, le grand David, devient furieux lorsque son propre tableau «L’intervention des Sabines» est placé en deuxième position derrière «la Scène de Déluge» de Girodet lors du Prix de la Décennie de 1810. Girodet a le culte de la famille, il est très proche de ses parents. Son père décède en 1784 et sa mère en 1787. Depuis son arrivée à Paris, il est sous la protection du Docteur Trioson, proche ami de la famille, qui l’adopte en 1809.
Il hérite d’une fortune considérable en 1812, ce qui lui permet de se consacrer à l’écriture de poèmes sur l’esthétisme. Il participe à la décoration du château de Compiègne à partir de 1813, il y peint plusieurs fresques murales. Girodet a un style de vie assez peu conventionnel. En effet, il alterne des périodes d’isolement, vivant retiré, avec des périodes de vie publique intenses.
Il commence comme un fidèle disciple de son maître David, mais très vite, il s’efforce de développer son style personnel, expérimentant des effets de lumières. A la peinture d’histoire, il préfère très vite une sorte de symbolisme éthéré, des scènes de genres. Il dramatise à l’excès ses sujets. Il bouscule sans a priori les codes de la sensualité et les applique à des scènes religieuses.
Peignant toujours dans le style néo-classique, les Romantiques apprécient néanmoins ses tableaux pour les sentiments exaltés représentés. Girodet illustre aussi plusieurs ouvrages littéraires et artistiques, notamment pour Jean Racine et Virgile. Il décède le 9 décembre 1824, à Paris.
Distinctions : Prix de Rome (1789) ; Prix de Peinture de l’Académie Royale (pour «Joseph reconnu par ses frères») ; Membre de l’Académie des Beaux-Arts (1815).
Sources : -. Date de création : 2006-06-05.