Augusta Déjerine-Klumpke, voit le jour le 15 octobre 1859, à San Francisco (Etats-Unis). C’est la sœur de l’astronome Dorothea Klumpke Roberts, de la peintre Anna Klumpke (1856-1942) et de la violoniste Julia Klumpke. Elle fait ses études à la faculté de médecine de Paris. C’est la seule faculté française, à l’époque, à accepter l’inscription d’une femme.
Elle se présente au concours de l’internat des hôpitaux de Paris en 1885 et obtient la meilleure note à l’écrit, 29/30, sur le sujet : « Circonvolutions de l’écorce cérébrale, signes et causes de l’hémiplégie organique ». Mais le jury s’arrange pour ne pas lui permettre d’avoir la moyenne à l’oral. Obstinée, elle se représente l’année suivante et est cette fois reçue, soutenue par Paul Bert, ministre de l’Éducation et ardent défenseur de l’émancipation féminine.
Elle est, en 1886, la première femme interne des hôpitaux de Paris. Elle suit les cours d’histologie du professeur Ranvier au Collège de France, ce qui lui permettra plus tard d’approfondir la neuropathologie. Le dimanche matin, elle assiste à la leçon de clinique de Charcot à la Salpêtrière. En stage chez le professeur Hardy à l’Hôpital de la Charité de Paris, son chef de clinique est Jules Déjerine qu’elle épouse en 1888.
Jules Déjerine la fait entrer au laboratoire du professeur Alfred Vulpian pour compléter sa formation. En 1889, elle soutient une thèse intitulée « Des polynévrites en général, des paralysies et atrophies saturnines en particulier ». Suivant son mari devenu professeur de neurologie, elle quitte l’hospice de Bicêtre pour rejoindre la Salpêtrière en 1895. Elle rédige la plus grande part de deux traités cosignés avec son mari :
- Anatomie du système nerveux (1895) ;
- Sémiologie des affections du système nerveux (1914).
Élue membre de la Société de neurologie en 1901, elle en sera présidente en 1914 et 1915. Elle s’occupe, alors, pendant la Grande Guerre, d’un service de 300 lits de blessés à la Salpêtrière. Elle en tirera des travaux sur « les blessures et lésions des gros troncs nerveux » (avec Mouzon), et sur « les blessures de la moelle épinière » (avec Landau et Jumentié).
En 1906, elle secourt une jeune fille qui se noie dans la Seine, en y plongeant et en la ramenant à la berge. En conséquence, elle reçoit la médaille du courage. Elle a avec Jules Déjerine une fille, Yvonne, qui deviendra médecin et épousera le professeur Étienne Sorrel. Elle se consacrera à la tuberculose osseuse à l’hôpital de Berck. Augusta Déjerine-Klumpke survit dix ans à la mort de son mari, survenue en 1917.
Avec l’aide de sa fille et de son gendre, elle consacre ces dix années à reconstituer son ancien laboratoire et sa bibliothèque pour en faire un musée destiné à conserver les souvenirs scientifiques du couple Déjerine.
Elle décède le 5 novembre 1927, à Paris. Dans son éloge de 1928, André Thomas conclut que :
« La physionomie de Madame Déjerine restera comme celle d’une des personnalités médicales et scientifiques les plus marquantes de son temps et son nom sera respecté comme celui d’un grand savant ».
Elle repose avec son mari, le neurologue Joseph Jules Déjerine (1849-1917).
Publications :
- Des polynévrites en général et des paralysies et atrophies saturnines en particulier, thèse de médecine, Davy, Paris (1889) ;
- Des Polynévrites en général et des paralysies et atrophies saturnines en particulier, étude clinique et anatomopathologique, F. Alcan, Paris (1889) ;
- Anatomie des centres nerveux Tome 1 : Méthodes générales d’étude-embryologie-histogénèse et histologie, anatomie du cerveau, Tome 2 : Anatomie du cerveau (suite), anatomie du rhombencéphale, Rueff, Paris (1895-1901).
Extrait (du magazine L’année psychologique, 1927) :
« Mme DÉJERINE-KLUMPKE, qui avait été une précieuse collaboratrice de son mari, le regretté Déjerine, a disparu après une longue maladie. On connaît son œuvre en neurologie et en anatomo-pathologie. Elle est la première femme élue à la Société de Biologie, comme elle avait été la première femme- externe (1882) puis interne (1885) des Hôpitaux de Paris. »
Hommages : Son nom est resté attaché à la paralysie du plexus brachial inférieur, constitué des racines C8 et D1, encore appelée syndrome de Déjerine-Klumpke. La rue des Docteurs Déjerine, dans le 20e arrondissement de Paris, lui rend hommage, ainsi qu’à son mari, Jules Déjerine.
Sources : Roussy (Georges) Éloge de Mme Déjerine-Klumpke 1859-1928, Paris, 1928, 21 p. ; Baudoin (A.) «Nécrologie», in Paris médical : la semaine du clinicien, 1928, n° 68, p. 115-116 ; Wikipedia. Date de création : 2017-11-05.